Haïti
Aristide attendu à Pretoria
(Photo : AFP)
Jean-Bertrand Aristide est toujours en quête d’un asile définitif. Après avoir séjourné quelques jours à Bangui en Centrafrique, suite à sa destitution le 29 février dernier, le président déchu est retourné dans les Caraïbes, non loin de chez lui, en Jamaïque. Protestant contre les conditions de sa destitution, il s’est dit victime d’un coup d’Etat orchestré par ses anciens alliés de l’administration américaine. Mais l’ancien président n’a jamais manifesté une ferme intention d’y rester.
Il a lui-même officiellement demandé au gouvernement sud-africain l’autorisation de se rendre en Afrique du sud «jusqu’à ce que sa situation personnelle se normalise», précise le ministère des Affaires étrangères de la République sud-africaine. Cette demande a suivi un parcours protocolaire de la Communauté économique des Caraïbes (Caricom) au chef de l’Etat mozambicain, Joaquim Chissano, le président en exercice de l’Union africaine qui, à son tour, a transmis la demande à Pretoria. Le gouvernement sud-africain a aussi précisé que l’offre n’est pas assimilable à un asile politique.
L’Afrique du sud a demandé un complément d’enquête sur les conditions du départ du pouvoir haïtien de Jean-Bertrand Aristide. Ce complément d’information devra être placé sous l’autorité de l’ONU, souhaitent les autorités de Pretoria.
Latortue cherche des fondsParallèlement à la quête de nouvelle résidence permanente de Jean-Bertrand Aristide, le nouveau pouvoir haïtien multiplie les contacts pour un retour d’Haïti sur la scène des pays éligibles aux différentes aides internationales. Au premier rang des bailleurs de fonds et donateurs, se placent les Etats-Unis qui viennent d’accorder une aide supplémentaire de 40 millions de dollars à Haïti. Cette somme devrait être affectée au redressement économique et à la réussite de la transition politique. Cette somme s’ajoute à une première enveloppe de 55 millions de dollars et porte l’aide américaine 105 millions de dollars.
Le Premier ministre haïtien, Gérard Latortue a obtenu ces engagements de la bouche de Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain qui lui a fait remarquer que l’aide américaine ne pourrait dépasser cette somme au vu de l’implication des Etats-Unis sur de nombreux fronts militaires. Gérard Latortue a poursuivi sa tournée des pays riches en se rendant en France. Reçu par le président français Jacques Chirac, le 13 mai, le Premier ministre haïtien a renouvelé son invitation à voir davantage d’entreprises françaises s’intéresser aux travaux d’infrastructures, dans les secteurs de l’énergie ou de la construction des routes. Il a demandé aux autorités françaises d’accorder des «crédits aux entreprises françaises» qui souhaitent investir en Haïti. Michel Barnier, le ministre français des Affaires étrangères se rendra à Port-au-Prince, le 15 mai. C’est la première visite d’un ministre français des Affaires étrangères depuis l’indépendance d’Haïti en 1804.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations-unies vient de voter une résolution en faveur de la création d’une Mission des nations-unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Cette mission sera opérationnelle dès le 1er juin. Une force multinationale intérimaire sera également installée à cette même date. Elle comprendra 6 700 militaires et 1 622 policiers. Pour l’instant, les forces de l’ordre en Haïti comptent 1 900 militaires américains, 730 Français, 330 Chiliens et 360 Canadiens.
par Didier Samson
Article publié le 13/05/2004 Dernière mise à jour le 13/05/2004 à 15:03 TU
Réalisation multimédia : Pascale Hamon