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Haïti

On efface tout et on recommence

Le secretaire d'Etat américain Colin Powell est reçu le 5 avril 2004 à Haïti par le nouveau Premier ministre Gérard Latortue. 

		(Photo: AFP)
Le secretaire d'Etat américain Colin Powell est reçu le 5 avril 2004 à Haïti par le nouveau Premier ministre Gérard Latortue.
(Photo: AFP)
Le retour aux institutions républicaines et démocratiques est pour bientôt. Le Premier ministre, Gérard Latortue envisage d’organiser les élections générales en 2005. Les Etats-Unis sont le parrain de l’actuel régime de transition comme ils l’ont été pour l’ancien pouvoir déchu.

Le Premier ministre d’Haïti, Gérard Latortue a attendu la visite du secrétaire d’Etat américain, Colin Powell à Port-au-Prince le 5 avril, pour annoncer la nouvelle. Son gouvernement vient de conclure un «accord politique», a-t-il déclaré avec tous les partis politiques et les représentants de la société civile. Cet accord prévoit des élections générales, municipales, législatives et présidentielle en 2005. Au terme des consultations le nouveau président de la République prendra ses fonctions au plus tard le 7 février 2006. Cette date n’a pas été choisie au hasard, elle correspond à la fin normale du mandat du président déchu Jean-Bertrand Aristide.

Lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre haïtien, Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain a assuré le nouveau gouvernement du soutien des Etats-Unis. Le chef de la diplomatie américaine a profité de cette tribune pour rejeter l’idée d’une enquête sur les causes et conditions du départ de Jean-Bertrand en exil, en Centrafrique puis en Jamaïque.En effet, la Communauté des pays de la Caraïbe avait réclamé une enquête en donnant un écho aux propos du président déchu. Ce dernier avait affirmé qu’il avait été «enlevé» et que son départ en exil était «un coup d’Etat organisé».

La nouvelle citoyenneté

«Je ne pense pas qu’une telle enquête servirait à quoi que ce soit. Le départ de l’ancien président Aristide a permis d’éviter un bain de sang», a déclaré Colin Powell. En revanche, une enquête est conduite aux Etats-Unis pour démontrer une implication éventuelle de l’ex-président Aristide dans un trafic de drogue. L’ex-responsable de la sécurité du président déchu Aristide, Oriel Jean, a été arrêté début mars à Toronto au Canada et extradé vers les Etats-Unis pour son implication dans des réseaux de trafic et de vente de cocaïne. Il devra comparaître devant un tribunal de Miami le 26 avril prochain. Selon l’administration américaine anti-drogue, Haïti serait devenu au fil des ans un «axe majeur» du trafic de drogue en collusion avec la Colombie pour un acheminement vers les Etats-Unis. L’avocat de l’ancien président rejette ces accusations et parle de «nouvel élément en vue d’assassiner politiquement Aristide».

Un peu loin de ces préoccupations, le président de la Cour de cassation Boniface Alexandre, qui assure l’intérim de la présidence haïtienne, et le Premier ministre Gérard Latortue s’attèlent plutôt à asseoir les institutions de transition et se réjouissent de l’unanimité obtenue autour du projet de consultations en 2005. «Immédiatement après Pâques», annonce le Premier ministre, un Conseil électoral provisoire (CEP) sera mis sur pied. Par ailleurs, une Commission vérité, justice et réconciliation, sur l’exemple de l’Afrique du Sud, verra bientôt le jour en Haïti et sera le lieu de toutes les expiations. Tous les actes que pose l’actuel exécutif répondent à cette logique de refondation de la citoyenneté haïtienne. C’est pourquoi le Premier ministre pose quelques préalables à tout candidat à un poste électif. Il doit renoncer publiquement à la violence et «tous ceux qui font partie du gouvernement de transition n’ont pas le droit d’être candidat aux prochaines élections», a rappelé Gérard Latortue.

La communauté internationale semble accorder un certain crédit aux nouvelles autorités haïtiennes mais ne signe pas un chèque en blanc. Les Nations unies ont dépêché, du 3 au 11 avril, un expert pour y évaluer la situation des droits de l’homme, en la personne de Louis Joinet qui avait déjà eu à effectuer, dans le passé, plusieurs missions onusiennes en Haïti. Au terme de son séjour, il rendra un rapport à la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève le 19 avril prochain.



par Didier  Samson

Article publié le 06/04/2004 Dernière mise à jour le 06/04/2004 à 16:07 TU

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