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Ligue arabe

Un sommet censé relancer la paix avec Israël

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a réaffirmé que la paix avec Israël était «<EM>le choix stratégique du monde arabe</EM>».( Photo : AFP)
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a réaffirmé que la paix avec Israël était «le choix stratégique du monde arabe».
( Photo : AFP)
Réunis en sommet à Alger mardi et mercredi, les chefs d’Etat arabes devraient tenter de relancer l’offre de «paix globale» avec Israël, adoptée lors de leur réunion à Beyrouth en 2002. La question de la réforme de la Ligue arabe, qui célèbre cette année les soixante ans de sa création, est également à l’ordre du jour de leurs discussions même si l’organisation a dû limiter considérablement ses ambitions concernant la modernisation de ses structures. Le projet de la mise en place d’un Parlement arabe, désigné et non pas élu comme prévu initialement, devrait toutefois être entériné.

Depuis la disparition le 11 novembre dernier de Yasser Arafat, en qui le Premier ministre israélien Ariel Sharon refusait de voir un partenaire pour la paix, et l’élection à la tête de l’Autorité palestinienne de son successeur Mahmoud Abbas, un vent nouveau semble souffler sur le Proche-Orient. Le nouvel intérêt affiché par l’administration Bush pour un dossier qu’elle a quasiment ignoré durant le premier mandat du président américain n’y est sans aucun doute pas étranger. Et dans ce contexte, le monde arabe pouvait difficilement –alors que le sujet domine ses débats depuis le premier sommet arabe du Caire en 1964– rester indifférent à la question israélo-palestinienne. Cette question et plus généralement celle des relations des pays membres de la Ligue avec l’Etat hébreu est donc tout naturellement devenue le sujet phare de la rencontre d’Alger.

L’hôte de ce 17ème sommet l’a d’ailleurs rappelé dans son allocution à la séance inaugurale prononcée devant treize chef d’Etats arabes et plusieurs invités de marque comme le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, Javier Solana, ou encore le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero. «Il est nécessaire de réaffirmer avec force que la paix (avec Israël) est le choix stratégique de tout le monde arabe», a ainsi affirmé Abdelaziz Bouteflika qui a également tenu à préciser que le plan de «paix globale» avec l’Etat hébreu présenté par l’Arabie saoudite et adopté par le sommet de Beyrouth en 2002 était plus que jamais à l’ordre du jour. Ce plan «est basé sur le principe de l'échange de la terre contre la paix et prévoit donc le retrait total d'Israël jusqu'aux frontières de juin 1967», a-t-il insisté, mettant un terme, s’il en était encore besoin, à la polémique qui avait précédé le sommet au sujet d’un projet de résolution présenté Amman.

Le roi Abdallah II de Jordanie, grand absent de la rencontre d’Alger, avait en effet suggéré une nouvelle mouture au plan saoudien afin de le rendre «plus acceptable par les Américains et les Israéliens» selon les indiscrétions d’un participant aux réunions préparatoires. Le souverain hachémite proposait ainsi que dans sa résolution finale, le sommet adopte non seulement une formulation plus modérée pour la question pourtant fondamentale pour les Palestiniens du droit au retour des réfugiés mais également que les Etats membres de la ligue s’engage à normaliser leurs relations avec Israël sans contrepartie préalable.

Satisfaction israélienne et colère arabe

La proposition d’Amman avait été unanimement saluée par les responsables israéliens. «Le simple fait que la Jordanie ait présenté une telle résolution traduit un changement dans le monde arabe», avait notamment affirmé un proche d’Ariel Sharon tout en convenant que rien n’indiquait pour autant que les pays modérés parviendront à donner le ton lors du sommet d’Alger. Se félicitant de l’initiative jordanienne, le vice-Premier ministre Shimon Peres avait pour sa part estimé que «la Ligue arabe doit décider si elle est une Ligue pour la paix ou pour la poursuite du conflit». Mais la satisfaction affichée par les autorités israéliennes a très vite été douchée par la réaction des pays arabes, visiblement peu enclins à céder quoi que ce soit à l’Etat hébreu sans que soient au préalable évacués les territoires occupés depuis la guerre de 1967.

Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, avait d’ailleurs donné le ton dès la semaine dernière en affirmant que «le sommet d’Alger ne sera pas celui de la normalisation avec Israël». Une position largement soutenue par le secrétaire général de la Ligue arabe qui a estimé que l’Etat hébreu devait au préalable changé de politique avec les Palestiniens. «Ce doit être un pas en échange d’un pas, un engagement en échange d’un engagement. Or la politique israélienne ne mérite pas jusqu’à présent de nouveau pas de notre part», avait affirmé Amr Moussa. «Si Israël met en œuvre toutes ses obligations, tous les pays arabes seront prêts à normaliser leurs relations avec lui. Nous ne sous écarterons pas de cela, ne serait-ce que d’un millimètre», avait-il insisté.

Dans ce contexte, la résolution finale du sommet d’Alger devrait se contenter de reprendre les grandes lignes du plan de paix proposé en 2002 par le prince héritier d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz dont la venue a été annulée à la dernière minute. Le texte qui sera soumis aux chefs d’Etat demande ainsi à Israël un retrait total des territoires arabes occupés –y compris le Golan syrien et la zone contestée des ‘fermes de Chebaa’ dans le sud du Liban– et cela conformément «au principe de la terre contre la paix». En échange de quoi les pays arabes «considéreront que le conflit israélo-arabe a pris fin et développeront des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale». Le projet de résolution exige également que soit accepté l’idée d’un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec pour capitale Jérusalem-Est et que soit trouvée une solution juste au problème des réfugiés palestiniens.

Le plan de paix saoudien adopté en 2002 à Beyrouth avait déjà été rejeté par Israël et il est fort à parier que la résolution du sommet d’Alger remportera tout autant de succès auprès du gouvernement Sharon.   


par Mounia  Daoudi

Article publié le 22/03/2005 Dernière mise à jour le 22/03/2005 à 17:00 TU

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Farida Ayari

Envoyée spéciale de RFI à Alger

«Comme l'a souligné un diplomate arabe à propos de la crise qui secoue le Liban et la Syrie : « <I>les crises ne sont jamais à l’ordre du jour des sommets</I> ». »

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