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Proche-Orient

Les radicaux palestiniens promettent neuf mois de calme

Les treize factions palestiniennes réunies au Caire ont convenu de prolonger jusqu'à fin 2005 la trêve des attaques contre Israël.(Photo : AFP)
Les treize factions palestiniennes réunies au Caire ont convenu de prolonger jusqu'à fin 2005 la trêve des attaques contre Israël.
(Photo : AFP)
Le président de l’Autorité palestinienne n’est certes pas parvenu à convaincre les différents groupes palestiniens, réunis depuis trois jours au Caire, de s’engager à un cessez-le-feu formel avec Israël. Mais Mahmoud Abbas a néanmoins réussi à leur arracher la promesse de prolonger, jusqu’à au moins la fin de l’année, la période d’accalmie qui prévaut depuis février dans la région et qui s’est traduite par une baisse considérable des attaques contre l’Etat hébreu. L’accord du Caire intervient, en outre, au lendemain du transfert, certes limité, du contrôle de Jéricho aux Palestiniens. Il pourrait être un prélude à celui d’autres villes comme Tulkarem et Kalkiliya.

Respecter l’accalmie mais pas à n’importe quel prix. Car si les groupes radicaux palestiniens se sont en effet engagés à cesser jusqu’à fin 2005 leurs attaques contre les intérêts israéliens et donc à respecter la trêve qui prévaut de facto depuis le 21 janvier dans la région, ce n’est pas sans contrepartie. Israël devra non seulement cesser toute forme d’attaque contre les Palestiniens –c’est déjà le cas depuis plusieurs semaines– mais il devra surtout respecter ses engagements pris à Charm al-Cheikh de libérer les prisonniers et de se retirer des principales villes de Cisjordanie. Des promesses que le gouvernement d’Ariel Sharon tarde à traduire en faits, s’attirant les critiques de plus en plus virulentes des dirigeants de l’Autorité palestinienne qui ont eu le plus grand mal à convaincre les mouvements radicaux de faire taire les armes. «Nous avons déclaré aujourd’hui un cessez-le-feu total et nous demandons à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il honore ses engagements», a ainsi prévenu, le général Jibril Rajoub, conseiller pour la sécurité nationale à la présidence palestinienne. Selon lui, «la balle est à présent dans le camp israélien et l’engagement pris au Caire ouvre désormais la voie à un rétablissement du processus politique». 

Même limitée à neuf mois, l’annonce d’un arrêt des hostilités constitue indéniablement une victoire importante pour le président de l’Autorité palestinienne qui n’a pas ménagé ces derniers temps ses efforts pour convaincre les mouvements extrémistes de renoncer à la violence et d’intégrer le jeu politique. Le Hamas, dont le chef du bureau politique Khaled Mechaal avait pourtant dans un premier temps écarté toute idée de trêve, s’est donc finalement rangé à l’avis de Mahmoud Abbas. «Nous avons décidé de donner une chance supplémentaire à l’accalmie et de prolonger sa durée pour permettre à l’autre partie de remplir ses engagements», a-t-il notamment déclaré. Sa formation, de plus en plus populaire auprès des Palestiniens, avait d’ailleurs créé la surprise samedi en annonçant son intention de participer aux élections législatives prévues en juillet dernier. Autre partisan de la fermeté envers Israël, le Jihad islamique a lui aussi décidé, pour le moment, de ranger les armes. Mais, a prévenu l’un de ses porte-parole, Abou Emad al-Rifai, «si les Israéliens n’agissent pas, la résistance saura quoi faire».

Sharon salue «un premier pas positif»

Il faudra en effet plus que ce qu’a récemment consenti le gouvernement Sharon avec le retrait limité de Jéricho pour convaincre les mouvements radicaux palestiniens de s’engager dans un cessez-le-feu durable avec Israël. Alors qu’il s’était pourtant engagé lors du sommet de Charm al-Cheikh à évacuer rapidement les principales agglomérations de Cisjordanie, le Premier ministre israélien a du mal à tenir ses promesses. Le cas de Jéricho est d’ailleurs très emblématique de cette difficulté. Le caractère partiel des responsabilités confiées aux Palestiniens et le maintien d’une présence militaire israélienne aux abords de cette oasis isolée de Cisjordanie –qui avec la bande de Gaza a représenté en 1994 la première phase du recouvrement de l’autonomie palestinienne– ont en effet suscité de nombreuses critiques. «Il est faux de parler d’une remise du contrôle de Jéricho aux Palestiniens, s’est ainsi insurgé le gouverneur de la ville. Ce qui a lieu est une levée partielle du bouclage qui nous était imposé». Et pour cause, l’armée israélienne s’est pour le moment contentée de lever un seul de ses barrages au nord-ouest de la ville tout en maintenant «un point d’observation» sur une colline le surplombant. Et les soldats de Tsahal sont toujours présents aux abords de la cité. Officiellement leur présence devrait se faire plus discrète dans trois à quatre semaines.

Dans ce contexte, la décision des groupes palestiniens de prolonger l’accalmie, et cela malgré le peu de concessions obtenues jusqu’à présent de la partie israélienne, devrait conforter la position de Mahmoud Abbas sur la scène internationale et appuyer ses appels pour que soient respectés les engagements pris par Ariel Sharon. Sans doute soucieux de ne pas apparaître comme celui qui entrave la reprise des pourparlers de paix, le Premier ministre israélien s’est d’ailleurs empressé de qualifier de «premier pas positif» l'accord conclu en Egypte entre les factions palestiniennes. Il a toutefois souligné qu'il ne serait pas possible de progresser en vue d'un règlement du conflit «sans une dissolution des groupes terroristes». Ariel Sharon a relevé en effet insisté sur le fait que l’accord au Caire était «provisoire» et a réaffirmé la nécessité de désarmer les activistes palestiniens. Un peu plus tôt dans la journée, un haut responsable israélien avait déclaré, en réponse aux revendications du Jihad islamique et du Hamas sur l’arrêt des attaques contre leur formation, qu'Israël ne «lancerait pas d'opérations offensives» contre des groupes armés palestiniens aussi longtemps qu'ils respecteront l'accalmie.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 17/03/2005 Dernière mise à jour le 17/03/2005 à 18:20 TU