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Proche-Orient

Abbas déterminé à sauver la trêve

Le chef de l'Autorité palestinienne est à Gaza pour tenter de convaincre les groupes radicaux de respecter une trêve dans les attaques anti-israéliennes.(Photo : AFP)
Le chef de l'Autorité palestinienne est à Gaza pour tenter de convaincre les groupes radicaux de respecter une trêve dans les attaques anti-israéliennes.
(Photo : AFP)
La mort mercredi de deux Palestiniens suivie du tir de plusieurs salves de roquettes contre des colonies juives de la bande de Gaza vont-ils mettre en péril le fragile espoir d’une reprise des négociations de paix au Proche-Orient ? Moins de 48 heures après le sommet de Charm al-Cheikh où le président de l’Autorité palestinienne et le Premier ministre israélien s’étaient pourtant fermement engagés à mettre un terme aux violences, ces deux incidents montrent à quel point la situation demeure des plus incertaines. Israël a décidé, pour l’instant, de ne pas remettre en question les mesures de confiance décidées envers les Palestiniens, sans doute pour ne pas gêner Mahmoud Abbas qui devait tenter de convaincre une nouvelle fois les groupes radicaux de ne pas rompre la période d’accalmie qu’ils s’étaient engagés à respecter.

Les tirs dans la nuit de mercredi à jeudi d’une trentaine d’obus de mortiers contre des colonies juives et des positions militaires israéliennes du sud de la bande de Gaza ont été revendiqués par le Hamas. Ils sont intervenus alors que ce mouvement radical s’était pourtant engagé à ne pas briser la période d’accalmie qui règne depuis quelques semaines dans les Territoires avant sa rencontre avec le chef de l’Autorité palestinienne qui doit rendre compte aux différents groupes radicaux des résultats du sommet de Charm al-Cheikh. Refusant de céder à ce qui ressemble fort à une provocation contre son autorité, Mahmoud Abbas a néanmoins réagi avec fermeté en limogeant plusieurs hauts responsables des forces de sécurité palestiniennes. Trois généraux, respectivement chef de la Sûreté nationale, chef de la police et chef de la Sûreté dans le sud de la bande de Gaza, ont ainsi été remerciés quelques heures après l’attaque. Et même si le Premier ministre, Ahmed Qoreï, a précisé dans un communiqué que le premier de ces responsables avait «demandé à être mis à la retraite» et que le deuxième avait «présenté sa démission» après un incident à la prison de Gaza, la décision de prendre des sanctions montre à quel point Abou Mazen –nom de guerre du président palestinien– semble déterminé à mettre fin aux violences.

Le chef de l’Autorité palestinienne, farouche opposant à la militarisation de l’Intifada, a en effet officiellement tenu à réaffirmer «son attachement à l’accalmie convenue avec les mouvements palestiniens et les engagements pris à Charm al-Cheikh». Plus ferme, son Premier ministre a estimé que des incidents du type de ceux intervenus dans la nuit de mercredi à jeudi ne pouvaient plus être tolérés. «Nous n’acceptons pas ce qui s’est passé à Gaza. Des consultations sont en cours pour mettre fin à cette anomalie», a déclaré Ahmed Qoreï. Selon un de ses proches, d’autres changements dans les services de sécurité palestiniens devraient être annoncés très bientôt.

Israël ne remet pas en question ses engagements

La fermeté avec laquelle la direction palestinienne a réagi aux tirs de roquettes contre des positions israéliennes semble avoir convaincu le gouvernement Sharon qui semble pour le moment toujours disposé à donner une chance à Mahmoud Abbas. Et même si le Premier ministre, qui a jugé que ces tirs étaient «une violation grossière du cessez-le-feu», a réuni d’urgence jeudi son cabinet restreint, aucune décision remettant en question les mesures de confiance décidées envers les Palestiniens n’a été entérinée. Signe que les choses évoluent dans le bon sens aux yeux des Israéliens, le chef d’état-major, le général Moshe Yaalon, s’est récemment félicité «des marques clairs d’un changement depuis ces quatre dernières années». «Le début apparent d’un possible processus politique résulte avant tout du fait que les Palestiniens ont réalisé que la stratégie de terreur et de violence ne les aidera pas à parvenir à leurs objectifs bien au contraire», a-t-il estimé.

Les autorités israéliennes, qui ont annoncé la prochaine libération de 900 prisonniers palestiniens sur les quelque 8 000 détenus en Israël, pourraient faire de nouveaux gestes sur ce dossier jugé crucial par Mahmoud Abbas. Le ministre de la Sécurité intérieure a en effet laissé entendre que la libération de Palestiniens impliqués dans des attentats anti-israéliens pourrait être envisagée. «J’estime que nous devrons d’une façon ou d’une autre relâcher des prisonniers ayant du sang sur les mains», a ainsi affirmé Gideon Ezra, tout en précisant que cela dépendrait d’un arrêt des violences côté palestinien. Le ministre fait partie de la commission mixte israélo-palestinienne chargée de déterminer la liste des Palestiniens devant être libérés. Sa création, sous l’amicale pression des Américains, avait été annoncée par Israël à la veille du sommet de Charm al-Cheikh.

En revenant sur sa décision de ne pas libérer les détenus impliqués dans des attaques anti-israéliennes, le gouvernement Sharon apporte un précieux soutien à Mahmoud Abbas. Le chef de l’Autorité palestinienne, qui est à Gaza pour plusieurs jours pour rencontrer les différentes factions palestiniennes, espère en effet en contrepartie de la libération de certains activistes convaincre les groupes radicaux de signer une trêve sans laquelle il sait qu’il ne pourra jamais imposer aux Israéliens une reprise des négociations politiques.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 11/02/2005 Dernière mise à jour le 11/02/2005 à 17:22 TU