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Proche-Orient

Doutes sur une trêve des groupes armés palestiniens

Les difficultés des deux parties à reprendre le chemin des pourparlers de paix sont toujours d’actualité.(Photo : AFP)
Les difficultés des deux parties à reprendre le chemin des pourparlers de paix sont toujours d’actualité.
(Photo : AFP)
Le conseiller pour la sécurité nationale de l’Autorité palestinienne, le général Jibril Rajoub, a créé la surprise en affirmant que tous les groupes armés palestiniens étaient prêts à observer un cessez-le-feu. Cette annonce a non seulement laissé sceptiques les autorités israéliennes mais elle a surtout été rejetée par les principaux mouvements radicaux du Hamas et du Jihad islamique qui ont affirmé attendre des contreparties du cabinet Sharon. Elle intervient alors que les responsables des deux bords peinent à relancer les pourparlers sécuritaires.

Le climat de méfiance qui a toujours présidé aux rapports entre Israéliens et Palestiniens ne s’est pas dissipé avec la disparition de Yasser Arafat, considéré par le gouvernement Sharon et son allié américain comme un obstacle à la paix. Et si depuis son élection à la tête de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas est désormais un partenaire pour l’Etat hébreu, les difficultés des deux parties à reprendre le chemin des pourparlers de paix sont toujours d’actualité. Il est vrai que l’attentat de Tel Aviv qui, après plusieurs semaines d’accalmie, a fait cinq morts le 25 février a douché l’enthousiasme du sommet de Charm al-Cheikh où Ariel Sharon et Mahmoud Abbas avaient officiellement proclamé la fin de plus de quatre années de violences. Le gouvernement israélien avait en effet rompu le contact avec l’Autorité palestinienne tout en adoptant une attitude de retenue qui a permis d’éviter une reprise du cycle attentats-représailles qui a prévalu durant la deuxième Intifada.

La rencontre mardi soir au point de passage d’Eretz d’Abou Mazen –nom de guerre du chef de l’Autorité palestinienne– et de Shaoul Mofaz, le ministre israélien de la Défense, a donc permis de renouer, au plus haut niveau, le dialogue, mais rien de plus. La déception côté palestinien a été d'autant plus grande que Mahmoud Abbas, qui s’est exposé à des critiques en acceptant de participer à une réunion à laquelle n’était pas présent le Premier ministre Ariel Sharon, n’a pas réussi à obtenir des mesures qui permettraient d’améliorer le quotidien des Palestiniens. La rencontre, qui a duré deux heures, s’est déroulée dans un climat tendu. Et aucun calendrier pour le transfert du contrôle des villes de Jéricho et de Tulkarem, au sujet duquel Ariel Sharon s’était pourtant engagé à Charm al-Cheikh, n’a été arrêté. Quant à la libération des prisonniers palestiniens –Israël s’était engagé à rendre leur liberté à quatre autres détenus en plus des 500 qu’il a déjà relâchés– la question n’a pas même été abordée.

A l’issue de sa réunion avec Abou Mazen, le ministre israélien de la Défense a tenu à préciser que cette rencontre «avait pour but de revenir sur la voie du dialogue politique mais aussi pour prendre toutes les mesures contre le terrorisme». Shaoul Mofaz a toutefois annoncé que le transfert de Jéricho et Tulkarem se fera «dans les prochains jours», après la réunion prévue ce mercredi entre commandants israéliens et palestiniens. Une réunion qui s’est, une fois encore, achevée sans qu’aucun accord n’ait été trouvé.

Pas de cessez-le-feu en vue

C’est dans ce contexte de méfiance réciproque que l’annonce d’un cessez-le-feu de tous les groupes palestiniens est tombée. Et c’est le général Jibril Rajoub, le conseiller pour la sécurité nationale de l’Autorité palestinienne, qui a donné l’information sur la radio israélienne. «Il y a un consensus chez les Palestiniens pour stopper les attaques derrière la Ligne verte –qui sépare Israël des Territoires occupés depuis 1967–», a-t-il notamment affirmé en hébreu. Le responsable palestinien a également reconnu qu’«il y a eu et qu’il y aura sans doute des attaques isolées» mais, selon lui, il existe aujourd’hui «un accord entre tous les mouvements pour que la sécurité soit préservée» en Israël. Jibril Rajoub a tenu ces propos quelques jours avant une rencontre importante prévue au Caire le 15 mars prochain à laquelle doivent participer plusieurs organisations palestiniennes, dont les groupes radicaux du Hamas et du Jihad islamique.

Réagissant aux déclarations de ce responsable palestinien, ces deux mouvements ont exclu toute idée de cessez-le-feu dans leurs attaques contre Israël si celui-ci poursuit «sa politique de tromperie». «Rien ne nous encourage à proclamer une trêve alors qu'Israël poursuit ses atermoiements», a ainsi déclaré un porte-parole du Hamas. Selon Sami Abou Zouhri, «les déclarations de Jibril Rajoub ne sont pas exactes. Il parle en son nom et au nom du Fatah et il n'a pas le droit de parler au nom de toutes les factions». Il a également précisé que son mouvement refusera de proclamer une trêve «si Israël ne respecte pas les conditions posées par les factions palestiniennes, en tête desquelles la libération des prisonniers palestiniens». Même son de cloche chez les dirigeants du Jihad islamique pour qui la proclamation d'un cessez-le-feu permanent dépend des contreparties qui seront offertes par Israël qui, selon eux, n'a jusqu'à présent pas respecté ses engagements. «Une trêve ne peut être unilatérale, il faut une réelle contrepartie tenant compte des demandes palestiniennes», a affirmé ce groupe radical dont une branche a revendiqué le dernier attentat anti-israélien.

A en croire les mouvements extrémistes palestiniens, la balle est aujourd’hui dans le camp du gouvernement Sharon. Si tel est vraiment le cas, des mesures concrètes et rapides –avant la réunion du 15 mars au Caire– de soutien à Mahmoud Abbas permettrait, à n’en pas douter, de consolider la période d’accalmie qui règne depuis quelques semaines dans la région.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 09/03/2005 Dernière mise à jour le 09/03/2005 à 18:09 TU