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Proche-Orient

Qoreï peine à obtenir l’investiture de son cabinet

Ahmed Qoreï a dû affronter la fronde de plusieurs députés de son parti, le Fatah, qui ont refusé d'approuver la composition de son nouveau gouvernement.(Photo : AFP)
Ahmed Qoreï a dû affronter la fronde de plusieurs députés de son parti, le Fatah, qui ont refusé d'approuver la composition de son nouveau gouvernement.
(Photo : AFP)
Annoncé la semaine dernière par le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le premier gouvernement de l’après-Arafat devait être investi ce lundi par le Conseil législatif palestinien (CLP). Mais des désaccords survenus au sein du propre mouvement du président et de son Premier ministre Ahmed Qoreï –largement majoritaire au sein du conseil– ont conduit au report du vote d’investiture. Les députés du Fatah doivent se réunir dans la soirée pour renégocier la composition de ce nouveau gouvernement qui devait consacrer le retour aux affaires de plusieurs proches d’Abou Mazen, nom de guerre de Mahmoud Abbas.

On avait annoncé l’investiture lundi du nouveau cabinet Qoreï comme une simple formalité. Il est vrai que le Fatah, le principal groupe parlementaire au sein du Conseil législatif palestinien avec 62 députés sur 83, s’était finalement résigné, après une réunion houleuse la veille qui a duré près de dix heures, à donner son accord de principe pour son vote d’investiture. Mais de nouveaux désaccords sont intervenus au sein de ce parti et une vingtaine de députés ont pris la parole lundi lors de la séance parlementaire pour critiquer le nouveau cabinet proposé par Ahmed Qoreï, estimant notamment qu'il n'était pas à même d'appliquer des réformes pour lesquelles le Premier ministre s’était engagé. Présentant ses nouveaux collaborateurs, ce dernier avait placé la sécurité et la réforme des institutions au cœur du programme de sa nouvelle équipe. «Le gouvernement représenté par son ministre de l’Intérieur s’engage à accorder une attention sincère et sérieuse à la sécurité», avait-il affirmé avant d’ajouter : «nous sommes déterminés à aller de l’avant dans la mise en œuvre d’un programme de réformes et dans le but de renforcer le pouvoir judiciaire».  

Le nouveau cabinet d’Ahmed Qoreï devait compter vingt-deux ministres parmi lesquels huit nouveaux arrivants, tous des proches du président palestinien Mahmoud Abbas. Le portefeuille de l’Intérieur devait notamment revenir au général Nasser Youssef qui avait joué un rôle important dans la répression des activistes du Hamas et du Jihad islamique dans les années 90. Jusqu’à sa mort le 11 novembre dernier, et malgré les pressions de la communauté internationale en faveur de la réforme des services de sécurité, Yasser Arafat s’était violemment opposé à sa nomination. L’ancien ministre en charge de la sécurité, Mohammed Dahlan, également bête noire de l’ancien raïs mais très proche collaborateur d’Abou Mazen, devait également faire son entrée au gouvernement avec le portefeuille des Affaires du cabinet. Certains de ses proches auraient cependant assuré qu’il avait refusé ce poste. Un autre réformateur, Nabil Amr, victime d’une tentative d’assassinat après avoir critiqué Yasser Arafat, devait pour sa part occuper le poste de ministre de la Communication tandis que Nasser al-Qidwa, un neveu de l’ancien président, devait prendre en charge la diplomatie.

Tous ces changements n’ont semble-t-il pas convaincu les députés qui pour certains ont bien l’intention de bloquer l’investiture du nouveau gouvernement si les ministres qui ont trempé dans des affaires de corruption ne sont pas écartés. «Le bloc du Fatah va se réunir ce soir pour décider si des changements doivent être opérés dans la composition actuelle du gouvernement ou si elle sera maintenue», a ainsi annoncé Tayeb Abderrahim, député et secrétaire général de l'Autorité palestinienne avant de convenir que «la situation était difficile» pour Ahmed Qoreï.
 
Nouveau geste d’Israël qui libère cinq cents prisonniers

Cette libération de 500 prisonniers palestiniens est la plus importante opération du genre menée par Israël depuis près de dix ans.
(Photo : AFP)
Alors que l’Autorité palestinienne semble confrontée à sa première crise de l’après-Arafat, le gouvernement israélien n’a pas renoncé à sa politique de soutien à Mahmoud Abbas. Cinq cents prisonniers palestiniens ont en effet été libérés lundi. Ils ont été rassemblés dans une quinzaine d’autobus au centre de détention de Ketziot, dans le désert du Néguev, avant d’être conduits vers cinq points de passage entre Israël et les Territoires occupés pour être remis aux responsables palestiniens. La plupart de ces détenus étaient en fin de peine ayant purgé au moins les deus tiers de leur peine. Et alors que 382 d’entre eux avaient été effectivement condamnés par des tribunaux israéliens, 118 autres étaient détenus «à titre administratif», sans qu’aucun jugement n’ait été prononcé à leur encontre.

Considérée comme la plus importante opération de libération de prisonniers palestiniens depuis près d’une décennie –en 1996, 800 détenus avaient été simultanément relâchés– cette mesure a été décidée début février lors du sommet de Charm al-Cheikh qui a scellé officiellement la reprise des contacts entre Ariel Sharon et le président nouvellement élu Mahmoud Abbas. Elle devrait être suivie dans les semaines qui viennent par la remise en liberté de quatre cents autres détenus dont les identités seront arrêtées par une commission conjointe israélo-palestinienne.

Mais bien qu’importantes, ces libérations sont jugées insuffisantes par la partie palestinienne qui attend qu’Israël relâche la majorité des quelque 8 000 prisonniers actuellement détenus sur son territoire. En accédant à cette requête, le gouvernement Sharon aiderait en effet Mahmoud Abbas à consolider la période d’accalmie qu’il a réussi à arracher aux groupes radicaux du Hamas et du Jihad islamique. Le plus célèbre des Palestiniens détenus en Israël, Marwan Barghouti, a d’ailleurs averti Israël qu’il affaiblirait Abou Mazen s’il ne libérait des milliers de prisonniers. «Au lieu d’aider Mahmoud Abbas, vous en faites un objet de risée. Et si cela continue ainsi, il s’en ira au bout de six mois et vous allez le regretter», a-t-il déclaré depuis sa prison au quotidien Maariv. «Vous devez relâcher 5 000 prisonniers en un seul coup et tout de suite. C’est la seule façon d’aider Abou Mazen et faire comprendre aux Palestiniens que des discussions sont possibles et qu’il y a quelqu’un avec qui négocier», a-t-il ajouté.

Les autorités israéliennes se sont toujours refusées à libérer des prisonniers reconnus coupables d’attentats ou d’agressions ayant tué ou blessé leurs citoyens. Récemment cependant,

Les autorités israéliennes se sont toujours refusées à libérer des prisonniers reconnus coupables d’attentats ou d’agressions ayant tué ou blessé leurs citoyens. Récemment cependant, le ministre israélien de la Sécurité intérieure a laissé entendre que la libération de Palestiniens impliqués dans des attaques anti-israéliennes pourrait être envisagée. «J’estime que nous devrons d’une façon ou d’une autre relâcher des prisonniers ayant du sang sur les mains», avait en effet affirmé Gideon Ezra, tout en précisant que cela dépendrait d’un arrêt des violences côté palestinien.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 21/02/2005 Dernière mise à jour le 12/09/2005 à 08:31 TU