Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Israël met fin à la démolition de maisons palestiniennes

L'opération «Arc-en-ciel» menée par l'armée israélienne en mai 2004 a fait plusieurs dizaines de tués.(Photo : AFP)
L'opération «Arc-en-ciel» menée par l'armée israélienne en mai 2004 a fait plusieurs dizaines de tués.
(Photo : AFP)
Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a donné l’ordre jeudi à l’armée de cesser de détruire les maisons palestiniennes appartenant à des familles de terroristes. Cette mesure, vivement dénoncée par les organisations de droits de l’homme et par la communauté internationale, avait été décidée dans le but de dissuader les radicaux palestiniens de mener des attaques contre des positions israéliennes, civiles ou militaires. Mais un rapport de l’armée, publié la semaine dernière, a révélé que l’objectif recherché était loin d’être atteint et qu’au contraire ces destructions provoquaient un regain de violences, les Palestiniens cherchant à se venger.

La décision est qualifiée d’historique même si l’armée israélienne a également pris soin de préciser qu’elle se réservait le droit de recourir de nouveau aux démolitions de maisons palestiniennes au cas où les violences reprendraient. Qualifiées de crime pas les organisations de défense de droits de l’Homme qui, depuis des années, dénoncent l’iniquité de leur caractère de punition collective, ces destructions ont depuis le début de l’Intifada, en septembre 2000, privé quelque 28 000 Palestiniens de leur foyer. L’ONG israélienne B’Tselem chiffre ainsi à près de 700 le nombre de logements détruits en un peu plus de quatre ans dans les Territoires palestiniens au motif qu’ils appartenaient à des familles de kamikazes. Elle y ajoute également quelque 3 500 autres foyers démolis «pour des raisons de sécurité par l’armée». Ces derniers étaient majoritairement situés dans le secteur de Rafah au sud de la bande de Gaza où les soldats de Tsahal tentent d’empêcher la contrebande d’armes en provenance d’Egypte, acheminées dans ce territoire par des tunnels construits sous les maisons palestiniennes. 

Malgré les condamnations internationales –le dernier rapport de la Commission des droits de l’Homme à Genève est particulièrement sévère envers l’Etat hébreu– l’armée israélienne a multiplié depuis le mois d’août 2002, à la suite de plusieurs attaques suicide meurtrières, les démolitions de logements palestiniens qu’elle a toujours justifiées par le fait qu’elles ne pouvaient qu’être dissuasives pour de futurs kamikazes. Mais un rapport publié la semaine dernière est venu contredire cette thèse. Ce document, rédigé par une commission d’études militaires mise en place il y a cinq mois par le chef d’état-major, le général Moshe Yaalon, conclut en effet que la colère provoquée par ces démolitions chez les Palestiniens l’emportait largement sur l’effet dissuasif.

Une mesure négociée à Charm al-Cheikh

Cette conclusion est largement partagée par de nombreux juristes israéliens. L’un d’eux, Irit Kohn, ancien directeur des affaires internationales au ministère de la Justice, a récemment estimé que cette politique de démolition des maisons palestiniennes était considérée par les experts internationaux comme un crime encore plus grave que les liquidations ciblées de terroristes auxquelles a eu recours l’armée israélienne. «C’est une très grave erreur et l’une de celles qui nous causent un très lourd préjudice à l’étranger. C’est une honte à laquelle il fallait mettre un terme», a-t-il déclaré.

La décision du ministre de la Défense fait partie de toute une série de mesures décidées récemment par les autorités israéliennes pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens. Shaoul Mofaz avait notamment donné l’ordre à l’armée, il y a une dizaine de jours, de mettre un terme à ses attaques ciblées contre les terroristes palestiniens. La décision de mettre un terme aux destructions de maisons aurait même été négociée le 8 février dernier lors du sommet de Charm al-Cheikh en Egypte qui a marqué la reprise officielle des relations entre Israël et l’Autorité palestinienne et au cours duquel Ariel Sharon et Mahmoud Abbas se sont engagés à mettre un terme aux violences. Elle devrait sans aucun doute contribuer à renforcer la période d’accalmie que le président palestinien a réussi à négocier avec les groupes radicaux tels le Hamas ou le Jihad islamique.

Toujours dans cette perspective d’améliorer leurs relations avec les Palestiniens, les autorités israéliennes ont annoncé vendredi de nouvelles mesures. Elles ont notamment autorisé le retour en Cisjordanie de seize Palestiniens expulsés de ce territoire vers la bande de Gaza. Vingt autres personnes, bannies de Bethléem après le siège en 2002 de l’église de la Nativité où s’étaient réfugiés plusieurs dizaines d’activistes palestiniens, pourraient également être autorisées à rentrer chez elles. Leur retour est conditionné au transfert dans les semaines qui viennent du contrôle de cette ville à l’Autorité palestinienne.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 18/02/2005 Dernière mise à jour le 18/02/2005 à 17:15 TU

Audio

Dominique Roch

Correspondante permanente en Israël et dans les Territoires palestiniens

«Les candidats kamikazes viennent le plus souvent de familles de réfugiés. Et donc le père de famille (...) c'est au bout de 20, 30 années de labeur, le plus souvent ouvrier en Israël, qu'il a réussi à bâtir une nouvelle maison dans un camp de réfugiés.»

Articles