Eglise catholique
Les catholiques pleurent le Pape
(Photo : AFP)
«Notre Saint Père Jean-Paul est retourné dans la Maison du Père». Ces mots simples et limpides, prononcés par l’archevêque Leonardo Sandri, ont annoncé ce que tous redoutaient : la mort du souverain pontife, qui était à l’agonie depuis plusieurs jours. Aucune clameur n’a accueilli cette déclaration. Pour les milliers de fidèles réunis devant le Vatican, cette nouvelle a provoqué une profonde tristesse qui ne peut s’exprimer que par le silence et le recueillement. La seule manifestation sonore a eu lieu lorsque les Romains ont applaudi à l’évocation de la mémoire du Pape. Une manière pour eux de remercier celui qu’ils appelaient «Papa Karol». La réaction a été la même en Pologne. A Wadowice, la ville natale de Jean-Paul II, les fidèles venus nombreux devant la Basilique Notre-Dame, se sont figés et ont pleuré le Saint-Père, sans bruit. Durant les heures qui ont suivi l’annonce du décès du souverain pontife, seuls les tocsins ont brisé le silence.
La première messe de requiem célébrée après la mort de Jean-Paul II sur le parvis de la basilique Saint-Pierre de Rome, dimanche 3 avril, a elle aussi été marquée par l’émotion et le recueillement. Elle a rassemblé près de 100 000 fidèles. Cette célébration, présidée par le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat du Pape défunt, a été retransmise dans le monde entier. Dans son homélie, le prélat a évoqué le calme qui a marqué les derniers instants du souverain pontife : «J’ai été témoin de cette sérénité, lorsque j’étais en prière devant le lit du pape à l’agonie». Des mots destinés à rassurer la communauté des chrétiens soucieux de savoir les souffrances du Saint Père, usé par la maladie, au moment du «passage». Durant cette messe, l’archevêque Sandri a lu un message posthume de Jean-Paul II destiné aux fidèles. La foule massée sur la place a longuement applaudi ces derniers mots d’un Pape qui a voulu, jusqu’après sa mort, tracer la voie du salut. «A l’humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, de l’égoïsme et de la peur, le Seigneur ressuscité offre en don son amour qui pardonne, réconcilie et ouvre l’âme à l’espoir».
La dépouille du Saint Père déjà exposéeDans l’attente des funérailles, Rome va être plus que jamais le cœur du monde catholique. Des millions de fidèles sont attendus ces prochains jours dans la ville. Ils pourront se rendre à la basilique Saint-Pierre où la dépouille de Jean-Paul II doit être exposée à partir du lundi 4 avril. Pour le moment, le corps du défunt Saint Père est au Vatican où les officiels peuvent déjà venir se recueillir. Le président italien, Carlo Azeglio Ciampi, un ami personnel du Pape, a d’ailleurs été le premier à le faire dimanche. C’est la première fois, qu’à peine 15 heures après l’annonce du décès d’un pape, sa dépouille est déjà présentée au public.
Ailleurs dans le monde, l’émotion des catholiques est aussi très vive. Et les fidèles ont manifesté aux quatre coins de la planète leur tristesse après l’annonce du décès de Jean-Paul II. A Paris, c’est à la cathédrale Notre-Dame que nombre d’entre eux ont afflué dès samedi soir. Le bourdon a d’ailleurs sonné 84 coups, un pour chaque année vécue par Jean-Paul II, comme il est d’usage dans ces circonstances. Dimanche, une grande messe a été célébrée pour la mémoire du Pape dans cette même cathédrale où un immense portrait de Jean-Paul II a été accroché. De nombreuses personnalités y ont assisté, notamment le président de la République, Jacques Chirac, et son épouse.
Du Cameroun aux Philippines : prières et pleursAu Cameroun, où le Pape s’était rendu deux fois, la messe célébrée dimanche par l’archevêque de Yaoundé, monseigneur Victor Tonye Bakot, dans la cathédrale de la ville, a été suivie par de nombreux fidèles et un livre de condoléances a été ouvert. Au Mexique, des milliers de croyants se sont rendus à la basilique Notre-Dame de Guadalupe, dans la capitale, pour se recueillir devant la statue de bronze qui représente Jean-Paul II, dès l’annonce du décès. Au Chili, les cinq mille spectateurs réunis pour assister à un match de football dans le stade national de Santiago, se sont levés pour une minute de silence en l’hommage du pape lorsque sa mort a été annoncée. Aux Philippines, où 80 % de la population est catholique, des messes sont célébrées dans tout le pays. Dans l’église de Baclaran à Manille, où Jean-Paul II s’est rendu avant même d’être pape, la foule s’est rassemblée, a allumé des cierges et a prié pour lui.
Partout, les prochains jours sont placés sous le signe de la prière, du recueillement et du souvenir. Alors que les Cardinaux, convoqués par le cardinal Joseph Ratzinger, prennent au même moment le chemin de Rome pour venir assister au conclave où le successeur de Jean-Paul II doit être désigné.
par Valérie Gas
Article publié le 03/04/2005 Dernière mise à jour le 03/04/2005 à 21:45 TU