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UE/Chine

L’industrie européenne du textile agite le chiffon rouge

Ouvrières d'une usine textile chinoise implantée dans la zone économique spéciale de Shenzen.(Photo: AFP)
Ouvrières d'une usine textile chinoise implantée dans la zone économique spéciale de Shenzen.
(Photo: AFP)
L’industrie du textile chinois peut se réjouir d’avoir trouvé un débouché en Europe, mais l’industrie européenne accuse mal le coup. L’Europe assiste à une progression globale des exportations de textiles made in China depuis le premier janvier dernier. Partagée entre le désir de rassurer l’industrie européenne et le souci de ne pas fâcher les Chinois, l’Union européenne envisage la création d’une clause de sauvegarde. Pékin s’y oppose déjà très vigoureusement.

Tandis que les chiffres chinois suggèrent une hausse de 28,77% des importations de textiles chinois, la Fédération européenne des textiles, de son côté, l’estime à quelque 46,5%, voire davantage dans certains secteurs, et commence à s’affoler. L’augmentation fait suite à la levée des quotas sur les importations textiles en janvier dernier conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans certains secteurs, les chiffres explosent littéralement: à titre d’exemple, Pékin aurait écoulé plus de 913 millions de bas, collants et chaussettes en trois mois, soit 57 fois plus qu’en 2004 lors de la même période. La progression annuelle de la vente de pantalons pour hommes correspond à une hausse de 900% et celle de la gaze médicale, à 342%.

L’UE considère cette hausse avec d’autant plus de vigilance que les Etats-Unis ont déjà donné l’alerte. En effet, aux Etats-Unis, le boom des importations textiles enregistré en janvier (+46,5%) a plus que doublé en un mois (+119% en février). Cette explosion des importations a mis en péril 7 600 emplois en mars dans le secteur (soit 245 par jour). Sans plus tarder, les Américains ont lancé dès lundi dernier l’enquête préalable à l’instauration de la «clause de sauvegarde», telle que prévue dans les accords fibres signés à Marrakech en 2001.

La Chine «vigoureusement opposée» à toute limitation

Bruxelles, soucieuse de protéger son marché, entend de son côté surveiller davantage les chiffres, pour le moment loin d’être officiels et précis. Une chose est sûre, en revanche, l’UE a émis mercredi la possibilité de ralentir les importations. «Certains des chiffres (publiés) sont inquiétants» a reconnu le commissaire au Commerce, Peter Mandelson. Jusqu’en 2008 au plus tard si, et seulement si, l’avancée des importations constituait toujours une «véritable perturbation», l'augmentation serait limitée à 7,5% par rapport aux chiffres enregistrés en 2004. Concrètement donc, l’UE va d’abord étudier au plus près, secteur par secteur, l’évolution de ce taux d’importation 2004.

L’UE a eu beau annoncer qu’elle ne ralentirait les importations qu’«après consultation avec Pékin», et «en dernier recours», la Chine se crispe et se déclare «vigoureusement opposée» aux mesures annoncées mercredi par Bruxelles. La Chine estime en effet que ces mesures «contreviennent aux réglementations légales sur l’entrée de la Chine à l’OMC», selon les déclarations du porte-parole du ministère chinois du Commerce, Chong Quan. Il poursuit: «La décision européenne aura d’énormes conséquences négatives, non seulement sur le commerce bilatéral de produits textiles, mais également sur le commerce mondial de ces produits». En clair, toute limitation «nui(rait) à la fois aux intérêts de la Chine et de l’Europe».

Dans un communiqué paru à Pékin le 22 mars, le ministre chinois du Commerce, Bo Xilai, a indiqué que la Chine avait «l’intention de prendre des mesures d’autorestriction de son industrie textile, d’augmenter la qualité des produits et de veiller à la stabilité des prix, afin de résoudre les différends et d’assurer une croissance stable des exportations textiles du pays».


par Dominique  Raizon

Article publié le 07/04/2005 Dernière mise à jour le 07/04/2005 à 17:22 TU

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Frédérique Tissandier

Journaliste à RFI

«Washington a six mois pour se conformer à ce jugement de l'OMC sur le coton.»

Frédérique Tissandier

Journaliste à RFI

«La fédération internationale des syndicats du textile parle de 30 millions d'emplois affectés dans le monde.»

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