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Tchad

Khartoum calme le jeu

Le président tchadien Idriss Déby accepte finalement de reprendre sa médiation dans le conflit du Darfour. (Photo : AFP)
Le président tchadien Idriss Déby accepte finalement de reprendre sa médiation dans le conflit du Darfour.
(Photo : AFP)
Le conflit du Darfour empoisonne les relations de bon voisinage entre le Khartoum et Ndjaména. Le gouvernement tchadien après avoir annoncé la suspension de sa médiation dans le conflit à l’ouest du Soudan, revient sur sa position.

Le consul général du Tchad à l’ouest du Soudan, Hassan Ahmat Dachire a été blessé lors d’une attaque conduite par des inconnus contre son véhicule. Hassan Ahmat Dachire, basé à el Geneina, une ville de l’ouest du Soudan, faisait route vers le Darfour, le 14 avril, lorsque son véhicule a été pris pour cible par des inconnus en armes, non loin de la frontière tchadienne. L’incident a eu lieu dans la ville tchadienne d’Adré alors que le diplomate se rendait à el Geneina, la capitale d’un Etat de l’ouest du Darfour. Blessé à l’épaule et à la tête, il a rapidement été transporté à l’hôpital d’Adré pour les premiers soins avant d’être évacué sur Ndjaména. 

Les jours de Hassan Ahmat Dachire ne sont pas en danger. Les autorités tchadiennes ont profité de cet incident pour remettre en question leurs relations avec le Soudan. «Le Tchad déplore et condamne cet acte inamical et exige que les malfaiteurs soient retrouvés et punis par la loi», déclare un diplomate tchadien à Ndjaména. Le gouvernement tchadien exige une commission d’enquête afin que les responsabilités soient déterminées. Khartoum accède à cette demande et promet de la lumière car «l’incident ne sert que l’agenda de ceux qui ne sont pas heureux de voir les relations se développer et prospérer entre les deux pays frères».

Cet incident intervient quelques jours après l’annonce de la suspension par Ndjaména de sa médiation dans le conflit du Darfour. Les autorités tchadiennes ont subordonné la reprise de leurs bons offices au retrait ou au démantèlement «des milices de plus de 3 000 hommes» massées à leurs frontières. Pour elles ces miliciens ont l’intention de mener des campagnes de «déstabilisation» contre leur pays.

Le président soudanais, Oumar el Bechir, a alors dépêché auprès de son homologue tchadien Idriss Déby, un envoyé spécial. A l’issue d’un entretien de plus de trois heures, entre les deux hommes, dans la soirée du 15 avril, la présidence tchadienne annonce que le président Idriss Déby accepte de reprendre sa médiation dans le conflit qui oppose l’Etat soudanais à des mouvements rebelles à l’ouest du Soudan. Plus de 200 000 habitants du Darfour ont trouvé refuge au Tchad, depuis le début du conflit en 2003, qui a déjà fait, par ailleurs, plus de 180 000 morts selon l’ONU.

Cette brusque montée de fièvre entre les deux pays se manifeste au moment où le président Déby a lancé les états généraux pour la réforme de l’armée nationale tchadienne (ANT), qui se tiennent à Ndjaména du 15 au 20 avril. Quelque 500 personnes devront réfléchir à une évolution «d’une armée subordonnée au pouvoir politique, une armée nationale qui aura pour mission la défense de l’intégrité territoriale, l’unité nationale, l’indépendance et la sécurité du pays», a souhaité le président Idriss Déby. L’armée tchadienne qui compte aujourd’hui 50 000 hommes sera bientôt touchée par des mesures de réorganisation pour qu’elle ne soit plus sujette à des factions politico-militaires comme c’est le cas depuis 1979.


par Didier  Samson

Article publié le 16/04/2005 Dernière mise à jour le 16/04/2005 à 17:03 TU