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Aéronautique

Airbus A380 : vol réussi, pari gagné

L'Airbus A380 a pris son envol ce 27 avril.(photo : AFP)
L'Airbus A380 a pris son envol ce 27 avril.
(photo : AFP)
Le premier vol d’essai de l’Airbus A380, le 27 avril, a été une réussite totale. Le décollage, l’atterrissage et le vol de près de quatre heures se sont déroulés sans aucun problème. L’avion européen qui doit entrer en service en 2006, peut désormais poursuivre son parcours d’évaluation avant d’obtenir la certification des autorités aéronautiques. Dans la guerre avec Boeing, ce vol test a certainement permis à Airbus de marquer des points.

Si la ponctualité est la politesse des rois, l’Airbus A380 devrait devenir un souverain des airs. Pour son premier vol d’essai, il a respecté l’horaire prévu pour le décollage à la minute près. Il était, en effet, 10h29 lorsqu’il a pris son élan sur la piste de l’aéroport de Toulouse Blagnac. Sans aucun à-coup, le «paquebot des airs» européen a pris son envol sous les yeux de près de 50 000 curieux. Les conditions météo étaient optimales et l’appareil a pu s’élever dans un ciel totalement bleu azur. Trois heures et cinquante-trois minutes plus tard après un périple aérien dans une zone réservée pour ce vol autour de Toulouse et dans les Pyrénées, la silhouette du grand oiseau blanc à queue bleue a réapparu au-dessus de l’aéroport. L’A380 a fait un passage à basse altitude puis les pilotes ont remis les gaz et ont amorcé un nouveau virage pour venir se replacer face à la piste d’atterrissage. L’avion s’est alors posé en douceur sous les applaudissements de la foule.

Chez Airbus, ce premier vol d’essai a donné entière satisfaction. Dès le décollage, Jacques Rosay, l’un des deux pilotes, a d’ailleurs fait part de ses impressions sur le comportement de l’appareil en quasi-direct à l’occasion d’une conversation radio avec le sol. Il a décrit le déroulement des premières minutes de vol comme «absolument parfait». Pendant près de quatre heures, l’équipage a procédé à de nombreux tests pour évaluer le fonctionnement des commandes et les réactions de l’appareil. Et dès leur retour au sol, pilotes et techniciens ont confirmé leur satisfaction. Tous les réglages nécessaires ont pu être réalisés sans aucun problème. Confortable et fiable, l’A380 offre donc «de belles perspectives pour les mois à venir», a promis Fernando Alonso, l’un des trois ingénieurs présents à bord. Jacques Rosay a quant à lui estimé que ce très gros porteur se «conduisait comme un vélo».

Un an de tests avant la certification

Dès les minutes qui ont suivi l’atterrissage de l’A380, le président de la République française, Jacques Chirac, a publié un communiqué pour saluer la «réussite totale» du premier vol d’essai du plus gros appareil de transport de passagers jamais construit dans le monde. Il a estimé qu’une «nouvelle page de l’histoire aéronautique s’est écrite» et s’est félicité de ce «magnifique résultat pour la coopération industrielle européenne» qui constitue «un encouragement à poursuivre dans cette voie de la construction d’une Europe de l’innovation et du progrès».

L’A380 peut donc maintenant poursuivre son programme d’essais en vol après un premier test parfaitement réussi. Pendant environ un an, l’appareil va effectuer des évaluations très poussées où ses capacités d’adaptation dans toutes les conditions les plus dangereuses (décrochages, pannes moteur, accélérations…) vont être appréciées. Les performances en matière de rayon d’action, d’équilibre des masses ou de longueur de décollage des quatre appareils dédiés à ces tests vont aussi être examinées. Lorsque l’ensemble de ces essais à vide auront été réalisés, Airbus passera à l’étape des tests avec passagers. Environ 500 personnes auront ainsi le privilège de voler avant son homologation sur un A380 en configuration commerciale. La compagnie pourra ainsi s’assurer de la qualité des aménagements de l’appareil. Si tout se passe bien, l’A380 devrait obtenir sa certification des autorités aéronautiques européennes et américaines avant l’été 2006, date à laquelle un exemplaire du très gros porteur d’Airbus doit être livré au premier client, la compagnie Singapour Airlines.

Le carnet de commandes d’Airbus est déjà bien rempli. La société a reçu 154 commandes de la part de 15 transporteurs, dont 144 sont déjà confirmées. Pour atteindre le seuil de rentabilité, Airbus doit vendre entre 250 et 300 appareils, suivant le cours du dollar. Mais les commandes enregistrées pour le moment correspondent tout à fait aux prévisions de l’avionneur concernant l’année 2005. La qualité du vol d’essai qui vient d’être réalisé et une possible exposition de l’A380 lors du salon du Bourget devraient d’ailleurs aider Airbus à appâter de nouveaux clients. Mais le milieu de l’aéronautique est particulièrement concurrentiel. Et le rival américain, Boeing, entend bien résister pied à pied pour ne pas concéder de parts de marché à Airbus. La compagnie a d’ailleurs annoncé la signature de deux gros contrats pour son 787 Dreamliner, au moment même où Airbus faisait décoller le premier vol d’essai de l’A380.

Les deux avionneurs ont fait des choix assez différents et chacun essaie de convaincre les compagnies aériennes de la pertinence de sa stratégie en matière de long courrier. Airbus a fait le pari de lancer le plus gros transporteur de passager : l’A380 pourra prendre à son bord de 500 à 800 personnes suivant les aménagements demandés par les clients. Cet appareil dédié aux vols à très forte densité de trafic, est censé répondre aux besoins de certains aéroports saturés comme Heathrow à Londres, mais nécessite l’aménagement de pistes adaptées pour permettre son atterrissage. Boeing a, en revanche, choisi de construire avec le 787 Dreamliner, dont l’exploitation doit commencer en 2008, un appareil plus petit mais plus économe en carburant et surtout capable d’atterrir sur les pistes existantes.


par Valérie  Gas

Article publié le 27/04/2005 Dernière mise à jour le 28/04/2005 à 17:17 TU

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