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Ouzbékistan

Répression sanglante à Andijan

Le bilan des affrontements entre l'armée et les insurgés est contradictoire selon les sources. La ville d'Andijan dans la vallée de Ferghana est entièrement bouclée par les forces de sécurité.(Photo : AFP)
Le bilan des affrontements entre l'armée et les insurgés est contradictoire selon les sources. La ville d'Andijan dans la vallée de Ferghana est entièrement bouclée par les forces de sécurité.
(Photo : AFP)
Andijan, principale ville de la vallée de la Ferghana dans l’est de l’Ouzbékistan, est depuis vendredi, le théâtre d’une insurrection menée par des opposants au régime du président Islam Karimov qui dirige d’une main de fer depuis 1991 cette république d’Asie centrale. Le régime ouzbek a choisi la manière forte pour mater cette révolte. Les bilans demeurent très différents selon les sources. Le chef de l’Etat parle d’une trentaine de morts, alors que des témoins sur place évoquent des centaines de morts et de blessés. Le Kremlin s’inquiète de cette nouvelle «tentative de déstabilisation de la situation en Asie centrale». Des centaines de civils fuient les zones de combats.

Les affrontements entre insurgés et forces de sécurité qui ont éclaté depuis vendredi dans la ville d’Andijan, dans l’est de l’Ouzbékistan, ont fait de nombreux morts, mais aucun bilan précis ne peut être encore établi, les autorités faisant tout pour que l’information ne circule pas. A Andijan, principale ville de la vallée de la Ferghana, les quelque journalistes et correspondants étrangers présents sur place ont été priés de quitter les lieux. La quatrième ville du pays entièrement bouclée par la police et l’armée, est désormais coupée du monde.

Officiellement, le président ouzbek Islam Karimov qui a tenu, dans la capitale Tachkent, sa première conférence de presse depuis le début des violences, parle d’une trentaine de morts, dont au moins dix membres des forces de l’ordre et une centaine de blessés. Un bilan contesté par des témoins sur place qui assurent que les émeutes auraient fait des centaines de morts et de blessés. Les organisations de défense des droits de l’Homme évoquent également des centaines de morts, l’une d’elles parle de «300 à 500 cadavres» dont de nombreux civils non armés.

Karimov accuse les islamistes

A l'origine de cette révolte dans l'est de l'Ouzbekistan, un mouvement de protestation visant tout d'abord à libérer 23 accusés actuellement en procès, des fidèles du mouvement fondamentaliste Akromiya, une organisation liée au mouvement radical islamiste «Hizbi Tahrir». Les manifestations ont culminé mercredi devant le tribunal, et vendredi, l'assaut lancé par des hommes armés a abouti à la libération de centaines de détenus. Les revendications pour la libération de 23 fondamentalistes musulmans est bien à l'origine des émeutes, mais elles se sont immédiatement doublées de revendications politiques et économiques. Depuis vendredi, des milliers de personnes se rassemblent sur la place centrale d'Andijan pour crier leur hostilité aux autorités et réclamer des meilleures conditions de vie : «Nous voulons la démocratie ! Nous voulons du travail ! Nous voulons la démission d’Islam Karimov».

Les autorités attribuent cette révolte à des groupes islamistes, liés au parti Hizbi Tahrir, interdit dans le pays. Le président Islam Karimov a nommément mis en cause ces islamistes radicaux d’être derrière le déclenchement de l’insurrection, les mêmes qui ont participé selon lui, aux troubles récents au Kirghizstan. Le président ouzbek a reçu en tout cas le soutien du grand voisin russe, alors que les insurgés appelaient au contraire le Kremlin à tenir un rôle de médiateur. Islam Karimov s'est entretenu au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine. Les deux hommes se disent «préoccupés» par ce qu'ils appellent «les tentatives de déstabilisation de la situation en Asie centrale». Ces affrontements sanglants surviennent, en effet, près de deux mois après les émeutes qui ont a emporté le président Askar Akaïev dans la république voisine du Kirghizstan.

La communauté internationale se dit préoccupée par la situation, d’autant que les troubles se sont propagés à Kara-Suu, une petite ville frontalière de l’Ouzbékistan et du Kirghizstan, à 50 km à l'est d'Andijan. Dimanche, face à l'afflux de réfugiés massés côté ouzbek, les autorités kirghizes ont annoncé la réouverture, pour cinq jours, de la frontière, fermée en raison de l'insurrection.


par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 14/05/2005 Dernière mise à jour le 15/05/2005 à 10:39 TU

Audio

Alain Renon

Envoyé spécial RFI à Kara-Suu

«L'administration civile et militaire ont été chassées samedi par les habitants et personne ne se préoccupe de savoir qui contrôle la ville.»

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