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Burundi

Un pas de plus vers la paix

Domitien Ndayizeye, président du Burundi, sert la main de Agathon Rwasa, chef des Forces nationales de libération (FNL).(Photo: AFP)
Domitien Ndayizeye, président du Burundi, sert la main de Agathon Rwasa, chef des Forces nationales de libération (FNL).
(Photo: AFP)
Tous les protagonistes du conflit burundais ont enfin signé un accord de fin des hostilités. Les Forces nationales de libération (FNL) sont le dernier groupe rebelle à avoir conclu avec le gouvernement un accord, le 15 mai à Dar es-Salam (Tanzanie), dont les mécanismes pour un cessez-le-feu définitif restent à définir.

Les Forces nationales de libération (FNL), depuis le début de la guerre civile au Burundi avaient toujours refusé de négocier avec le pouvoir, à leurs yeux « entièrement confisqué » par l’ethnie minoritaire Tutsi. Elle représente 14% de la population et constitue l’essentiel de l’armée. Cette minorité dominait également la vie politique du Burundi au grand dam de l’ethnie Hutu majoritaire dans le pays. L’assassinat du président Melchior Ndadaye, quatre mois après son élection le 21 octobre 1993, avait entraîné des massacres politico-ethniques et qui ont plongé le Burundi dans une guerre civile de 12 ans qui a fait plus de 300 000 morts. 

Hutus et Tutsis se disputent le contrôle de l’exécutif burundais au rythme des coups d’Etat et des massacres interethniques. L’arrivée au pouvoir en juillet 1997 de Pierre Buyoya, un Tutsi ouvrait une nouvelle ère de négociation directe entre les rebelles et l’armée gouvernementale. Ce n’est qu’en août 2000, sous l’autorité du président sud-africain Nelson Mandela, qu’un premier accord de paix a été signé à Arusha en Tanzanie et destiné à partager le pouvoir entre Tutsi et Hutus. Mais les principaux mouvement rebelles hutus, Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales de libération s’étaient démarqués de cet accord.

De nouvelles avancées réelles sur le chemin de la paix étaient intervenues lors de la transition à la tête de l’Etat prévue par l’accord d’Arusha. En effet, le 30 avril 2003, le vice-président Domitien Ndayizeye, Hutu, succède à Pierre Buyoya. Il a réussi à amener les FDD à une table de négociation et à les impliquer dans un accord global de paix qui prévoyait le partage du pouvoir et leur intégration dans l’armée. Les FDD entrent au gouvernement de la République, laissant le champ de la lutte armée aux FNL qui se radicalisent et s’affichent comme seul mouvement de défense de « la conscience hutue ».

Les FNL déposent les armes

Mais les FNL ont mesuré les limites de leurs postures qui se résument en attaques d’agglomérations et en massacres de populations civiles, pendant les plans de l’accord d’Arusha continuent d’être appliqués. Le mouvement rebelle hutu avait prédit l’échec de l’accord d’Arusha et ne voulait par ailleurs discuter qu’avec les Tutsis, détenteurs, selon lui des réels pouvoirs au Burundi. Mais le président Domitien Ndayizeye, par sa persévérance, a réussi à infléchir la position des FNL. Une première rencontre entre les deux parties a eu lieu aux Pays-Bas en janvier 2004 sans aucune avancée réelle. Mais l’initiative régionale, qui comprend l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda garantit le processus de paix au Burundi et obtient la prolongation de la transition jusqu’en août 2005 et valide un programme électoral pour un retour à une vie constitutionnelle normale.

Les partis tutsis qui avaient rejeté ce plan s’y rallient finalement créant ainsi un vide autour des FNL, désormais seuls contestataires. Par ailleurs, rien ne semble désormais empêcher le lancement du processus électoral du 3 juin au 19 août 2005, pour des élections générales, législatives et présidentielles. « Les FNL devaient prendre le train avant qu’il n’entre en gare, ils n’ont raté l’occasion », a déclaré Carolyn McAskie, responsable de l’Opération de l’Onu au Burundi (Onub). En effet, après quelques calculs politiques, le chef des FNL, Agathon Rwasa et les siens, après avoir rencontre le président Ndayizeye à Dar es-Salam le 15 mai, ont annoncé « la cessation immédiate des hostilités ». La première traduction dans les faits de cet accord sera l’intégration des soldats rebelles, quelque 3 000, à l’armée régulière. Les revendications politiques des FNL ne sont pas encore très précises et les délais pour la désignation des candidats sont assez courts avant le début de la campagne électorale, ce qui devrait, selon des observateurs conduire les FNL à conclure des accords stratégiques avec les autres mouvements hutus, ex-rebellion, devenus des partis politiques.    


par Didier  Samson

Article publié le 17/05/2005 Dernière mise à jour le 17/05/2005 à 18:25 TU