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Soudan

On se bouscule pour aider le Darfour

(de gauche à droite ) Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer, le président de la Commission de l'Union africaine Alpha Oumar Konaré et le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, à la réunion d'Addis Abeba.(Photo : AFP)
(de gauche à droite ) Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer, le président de la Commission de l'Union africaine Alpha Oumar Konaré et le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, à la réunion d'Addis Abeba.
(Photo : AFP)
Les bailleurs de fonds sont réunis à Addis Abeba, au siège de l’Union africaine, pour lui donner des moyens supplémentaires afin d’adoucir les effets du conflit au Darfour. Pour la première fois, l’Otan va intervenir en Afrique en fournissant une aide logistique aux forces de paix alors que l’Union européenne et la France, partenaires habituels des pays africains, proposent également leur aide.

La France participe à cette conférence des bailleurs de fonds sur le Darfour qui se tient à Addis Abeba, en Ethiopie. « La France propose, dans le cadre de l’Union européenne, des contributions dans les domaines suivants : renforcement des capacités de commandement de l’UA, transport des troupes africaines et contribution à leur formation ». C’est ce qu’a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, à Paris, au moment où s’ouvrait cette conférence en Ethiopie. « La France propose également d’apporter une aide pour renforcer les capacités d’observation de l’Union africaine », a encore indiqué le porte-parole depuis la capitale française.

L’UE et pour la première fois, l’Otan

L’Union européenne compte soutenir l’Union africaine dans ses efforts pour ramener la paix au Darfour. Dans cette région de l’ouest du Soudan ravagée par la guerre civile, l’Union africaine a déjà envoyé, en août dernier, 2 700 hommes. L’organisation africaine veut renforcer ces effectifs pour les faire passer à 7 731 soldats d’ici fin septembre. Mais le gendarme de l’Afrique manque de moyens.

Javier Solana, le haut représentant pour la politique extérieure de l’Union européenne, et Louis Michel, le commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, sont dans la capitale éthiopienne pour cette réunion d’une journée au siège de l’Union africaine. Et ce sont les deux représentants de l’UE qui sont chargés d’offrir l’aide des Européens à l’Union africaine.

A cette réunion d’Addis Abeba, les Etats-Unis et le Canada - deux pays membres de l’Otan - se sont engagés à fournir 201 millions de dollars, soit 159 millions d’euros, pour permettre à la force de paix envoyée au Darfour d’être plus opérationnelle. Cet argent se présentera, au choix, sous forme de liquidités ou d’équipement. L’UA a évalué à 460 millions de dollars (365 millions d’euros) le budget annuel de fonctionnement de la force chargée de secourir les populations dans cette province soudanaise en guerre.

D’abord une aide logistique

Depuis février 2003, le Darfour est déchiré par une guerre civile qui a fait, selon les estimations, entre 180 000 et 300 000 morts. Près de 2,5 millions de personnes sont considérées comme des déplacés. Le pouvoir de Khartoum accuse les ex-rebelles du sud de mener des opérations de guérilla dans cette région frontalière avec le Tchad. Les négociations entre le gouvernement et cette région en guerre sont gelées.

«Je ne ferai pas d’annonce formelle aujourd’hui, mais on a l’intention d’assister l’Union africaine au Darfour». C’est ce qu’a déclaré Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l’Otan, présent à Addis Abeba, qui a ajouté «cela pourrait prendre la forme du transport aérien, de la formation, de l’assistance au commandement».

Pour la première fois l’Otan, chargé de veiller à la sécurité de l’Europe et de l’Amérique du nord, intervient en Afrique. Et c’est à la demande de l’Union africaine. Avant l’ouverture de cette conférence des bailleurs de fonds, il était déjà prévu que l’organisme de défense européen fournisse du matériel à l’Union africaine. Pas question donc d’envoyer des troupes au Darfour pour rétablir la paix. L’UA a des besoins précis en matériel. Elle estime les besoins de sa force d’intervention à six hélicoptères de combat, dix hélicoptères civils, sept avions, 700 véhicules tout-terrain, 116 transporteurs de troupes blindés ainsi que des équipements pour héberger les soldats en mission.  

En dépit de cette aide extérieure accrue, «l’UA gardera la maîtrise de l’opération», a indiqué un diplomate en marge de la réunion d’Addis Abeba. «Là où l’UA est déployée, la situation est bien meilleure, mais ses hommes manquent de moyens pour couvrir une région grande comme la France», a-t-il encore indiqué.

Mercredi, en marge d’une autre conférence, sur la sécurité de l’Otan celle-là, qui se déroulait en Suède, le secrétaire d’Etat adjoint américain aux Affaires politiques, Nicholas Burns, s’en est pris «à un petit nombre de pays» qui cherchent à faire jouer à l’Union européenne le rôle de contrepoids aux Etats-Unis et à l’Otan. «Ce serait une erreur stratégique colossale » a déclaré Nicholas Burns. Les propos du responsable américain viseraient notamment la France et le député français Pierre Lellouche, président de l’Assemblée parlementaire de l’Otan. «Nous ne pensons pas que l’UE doit faire double emploi avec ce que l’Otan fait déjà très bien», a ajouté Nicholas Burns.    


par Colette  Thomas

Article publié le 26/05/2005 Dernière mise à jour le 26/05/2005 à 16:35 TU