France
Chirac : rassemblement pour l’emploi
(Photo : AFP)
En général, lorsqu’il y a un changement de gouvernement, le chef de l’Etat intervient une fois que l’équipe a été formée et que sa composition détaillée a été publiquement annoncée. Cette fois, le chef de l’Etat a choisi d’intervenir avant la formation du nouveau gouvernement, probablement pour montrer qu’il reste le maître du jeu malgré la défaite de dimanche. Autre détail inhabituel de l’intervention télévisée de Jacques Chirac mardi soir : il a lui-même annoncée l’arrivée de Nicolas Sarkozy dans le gouvernement que Dominique de Villepin est en train de constituer.
L’emploi, «priorité de l’action gouvernementale»
«Dans un esprit de rassemblement, j’ai demandé à Nicolas Sarkozy de rejoindre le gouvernement comme ministre d’Etat, ce qu’il a accepté», a déclaré le président français. A la fin de l’année dernière, il avait sommé Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances, de choisir entre son poste au gouvernement et la présidence de l’UMP. C’était au nom du non-cumul des mandats. Cette fois, le président du parti chiraquien va devenir le numéro deux du nouveau gouvernement. Et il devrait vraisemblablement rester président de l’UMP, alors que cela avait été impossible il y a un peu plus de six mois.
L’emploi sera «la priorité de l’action gouvernementale» du nouveau Premier ministre Dominique de Villepin, a encore indiqué Jacques Chirac lors de son intervention télévisée. L’emploi va exiger une «mobilisation nationale» que le chef de l’Etat a décidé «d’inscrire résolument dans le respect de notre modèle français…Ce modèle, ce n’est pas un modèle de type anglo-saxon, mais ce n’est pas non plus un modèle synonyme d’immobilisme. C’est un modèle fondé sur le dynamisme et l’initiative individuelle, sur la solidarité, et sur le dialogue social», a assuré le président français. Il a par ailleurs précisé que «le seul critère, c’est celui de l’efficacité…aucune solution ne doit être écartée par préjugé».
Tout faire pour créer des emplois
Avec une moyenne de 10% de la population active, le chômage en France, on le sait, est la première préoccupation des Français. Dimanche, les instituts de sondage ont montré que des électeurs en situation précaire ont très souvent voté «non» pour exprimer leur inquiétude concernant l’avenir. Jacques Chirac annonce qu’il veut tout faire pour créer des emplois, même si le modèle social français ne peut pas reproduire des solutions plus libérales qui ont montré leur efficacité outre-Manche. Les statistiques montrent par ailleurs que la France est l’un des pays européens qui a le plus de mal à résoudre cette question du chômage.
On connaîtra la nouvelle équipe gouvernementale dans les jours à venir mais dès mardi soir, François Bayrou, le patron de l’UDF, annonçait que son parti n’aurait pas de représentants dans le gouvernement Villepin. La décision a été prise avoir délibéré toute la journée, a expliqué le leader politique centriste. Dimanche, le chef de l’Etat avait montré une volonté de changement en associant plus largement les centristes dans le nouveau gouvernement. «Il fallait une démarche différente et une rupture», à déclaré François Bayrou à l’issue de cette journée de réflexion. «Au lieu de la rupture, c’est la continuité qui a été choisie», a-t-il regretté. «Malgré les condamnations successives par les Français du gouvernement Raffarin, ce sont ses deux piliers Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, rabibochés pour l’occasion, que l’on a conjointement intronisés», a commenté le président de l’UDF.
par Colette Thomas
Article publié le 31/05/2005 Dernière mise à jour le 31/05/2005 à 16:27 TU
