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Mauritanie

Attaque sanglante contre une base de l’armée

(Carte : RFI)
(Carte : RFI)
L’état d’alerte maximale a été décrété samedi soir dans l’armée mauritanienne après l’attaque menée quelques heures plus tôt dans une unité militaire installée au nord-est du pays, non loin de l’Algérie et du Mali. Le bilan officiel communiqué dimanche soir fait état de 15 morts, 2 disparus, 17 blessés ainsi que 9 morts dans le camp des assaillants. Les autorités attribuent cette attaque au groupe salafiste pour la prédication et le combat, le GSPC, un mouvement islamiste algérien, qui aurait embrigadé de jeunes Mauritaniens ces derniers mois.

De notre correspondante à Nouakchott

L’attaque a touché une unité militaire de plus de 50 hommes au nord est de la Mauritanie, à Lemgheity exactement, dans une région baptisée El Hank. Cette base est située en plein désert, dans une zone où circulent bandits et trafiquants en tout genre. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux qui aurait donné l’alerte après avoir croisé les assaillants à proximité de la garnison militaire. Selon l’état-major de l’armée, l’attaque a été lancée samedi matin à l’aube, les affrontements auraient duré plusieurs heures. Les premiers témoignages ont d’abord fait état d’un véritable carnage dans le camp des militaires mauritaniens, mais le bilan officiel communiqué ce dimanche soir est moins important même s’il reste très lourd : 15 morts, 2 disparus, et 17 blessés.

Trois avions se sont rendus dans la zone ce dimanche pour rapatrier les victimes. Certaines auraient déjà été transférées à l’hôpital militaire de Nouakchott. Ce lundi matin, les familles des militaires massées devant l’hôpital n’avaient toujours aucune nouvelle d’eux.

Depuis samedi soir, l’état d’alerte maximal a été décrété dans l’armée mauritanienne. Les militaires ont été rappelés dans leurs casernes. Le chef de l’État Ould Taya a présidé samedi soir et dimanche après-midi une réunion de crise à l’Etat major de l’armée mais n’a donné aucune déclaration officielle. Les premières informations ont été communiquées par l’Armée et le Ministère de la défense hier soir.

Ce lundi, des responsables de partis politiques ont été convoqués par le Premier ministre. À en croire l’AMI l’agence de presse gouvernementale, ils seront appelés à condamner l’attaque. «Est-il aujourd’hui un politicien qui se prétend tel, fusse-t-il de ceux-là qui arborent la tunique de l’opposition, qui puisse s’empêcher de condamner ces assassins ou de mettre en doute les basses visées de ces lâches criminels qui ont attaqué notre pays et notre peuple», pouvait-on lire hier dans un commentaire de l’AMI, sorte d’édito officiel.

Le gouvernement accuse le GSPC

Pour les autorités, il n’y a pas de doute, l’attaque sanglante a été perpétrée par le GSPC, le groupe salafiste pour la prédication et le combat. Selon le ministère de la défense, plus de 150 hommes de l’organisation terroriste auraient donné l’assaut, 9 seraient morts dans les combats, mais tous les autres auraient réussi à prendre la fuite vers une destination inconnue. De source militaire non officielle ils auraient emporté avec eux six voitures tout terrain, et des armes lourdes.

Selon le ministre de la défense Baba ould Sidi, cette attaque est liée à l’échec d’une première action terroriste qu’auraient dû mener une vingtaine de jeunes «jihadistes» en territoire mauritanien après avoir été formés au combat dans des camps algériens. Mais sept d’entre eux ont été arrêtés début mai, et inculpés pour «constitution d'association de malfaiteurs». Une vaste campagne contre la mouvance islamiste marquée par des dizaines d’arrestation s’en est suivie, ce qui aurait conduit le GSPC a agir directement pour plus d’efficacité. « Après l'échec de ce groupe dans la mission qu'il était chargé de mener à la faveur de campagnes et de fatwas incitant à l'extrémisme religieux et à la tuerie des innocents utilisant les tribunes de certaines mosquées à Nouakchott et à Nouadhibou, le GSPC s'est occupé lui-même de la besogne » a déclaré hier soir le ministre de la défense.

Ce lundi matin, quinze leaders de la mouvance islamiste mauritanienne dont l’homme politique Jemil ould Mansour recherché depuis un mois et demi par la police ont condamné «avec énergie» l’attaque des militaires. «Ces actes sont en contradiction totale avec l’Islam, nous avons certes beaucoup de divergences avec le pouvoir mais nous restons fidèles à l’armée mauritanienne» peut-on lire dans leur communiqué. Pour les islamistes, «il y a désormais urgence à s’engager sur la voie de la conciliation nationale».

par Marie-Pierre  Olphand

Article publié le 06/06/2005 Dernière mise à jour le 06/06/2005 à 15:58 TU