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États-Unis

Guantanamo: l’embarras de Washington

Les prisonniers de Guantanamo(Photo : AFP)
Les prisonniers de Guantanamo
(Photo : AFP)
De plus en plus de voix s'élèvent aux États-Unis pour demander la fermeture du centre de détention où sont retenus plus de 520 détenus suspectés d'être liés aux réseaux terroristes d'Al Qaïda.

Les critiques se sont encore accentuées ce week-end avec la publication par le magazine Time du carnet de bord tenus par des militaires chargés d'interroger un détenu saoudien, Mohammed Al Qahtani, suspecté par les Américains d'être le vingtième pirate de l'air du 11 septembre 2001.

Ce Saoudien avait tenté d'entrer aux États-Unis en août 2001. Il avait été expulsé par les agents de l'immigration et finalement arrêté en Afghanistan au mois de décembre de la même année. Le carnet de bord publié par le magazine américain relate des méthodes d'interrogatoire plus que douteuses. C'est la première fois qu'un tel document est publié.

«C'est le genre de document qui n'aurait jamais dû sortir de Guantanamo», a reconnu le porte-parole du Pentagone après la publication du carnet de bord tenu par les militaires du centre de détention. Les 84 pages que s'est procurées Time Magazine couvrent cinquante jours d'interrogatoires, entre novembre 2002 et janvier 2003, période pendant laquelle le secrétaire américain à la Défense avait approuvé des techniques d'interrogatoire plus dures pour certains détenus dont le numéro 63.

«Des méthodes approuvées»

Le carnet de bord relate avec précision les méthodes employées pour faire parler le saoudien. Il est réveillé tous les jours à 4 heures du matin, et les interrogatoires durent parfois jusqu'à minuit. Lorsqu'il refuse de boire, on lui verse de l'eau sur la tête, on lui injecte de force plusieurs litres de liquide et on le laisse uriner sur lui. Ses cheveux et sa barbe sont rasés... La chambre d'interrogatoire est tapissée de photos des victimes des attentats du Onze-Septembre. Le détenu est contraint de se lever pour écouter l'hymne national américain.
On le déshabille entièrement, on le force à aboyer comme un chien et à grogner devant des photos de terroristes. On lui suspend autour du cou des photos de femmes dénudées. Une femme militaire s'assoit sur lui à califourchon... La liste n'est pas exhaustive et le Pentagone n'a pas démenti les informations publiées par Time Magazine dans un communiqué, l'armée américaine explique simplement: «Les interrogateurs ont utilisé des méthodes approuvées. L'objectif qui est d'empêcher de nouvelles attaques justifie les moyens employés».


par Anne  Corpet

Article publié le 13/06/2005 Dernière mise à jour le 13/06/2005 à 15:21 TU

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Marco Sassoli

Professeur de droit international à l'Université de Genève

«Ces procès devraient se dérouler selon la même procédure que pour des soldats américains et ce n'est pas du tout le cas.»

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