Afrique du Sud
Une vice-présidente succède à Zuma
(Photo : AFP)
De notre correspondante à Johannesburg
Phumzile Mlambo-Nguka est l’une des fortes personnalités du cabinet de Thabo Mbeki. Ministre des Mines et de l’Énergie, la détermination de la ministre dans les milieux d’affaires est reconnue, notamment dans le domaine de la transformation raciale de l’économie (Black Economic Empowerment). L’annonce par la ministre il y a trois ans, d’une charte minière obligeant les entreprises à céder plus de 51% de leurs capitaux à des partenaires noirs d’ici dix ans, avaient soulevé une levée de boucliers de la part des compagnies minières.
Les termes de la charte ont par la suite été allégés, mais la ministre avait clairement jeté les bases d’une des transformations les plus importantes de la société sud-africaine post-apartheid. Entrée en vigueur depuis treize mois, la charte prévoit que d’ici 2014, le quart des mines sud-africaines dominées par des Blancs seront aux mains d’industriels Noirs.
Récemment, Phumzile Ngcuka, 49 ans, a également été choisie par Thabo Mbeki pour mener la délégation sud-africaine d’observation des législatives de mars dernier au Zimbabwe. Mission délicate, puisqu’il s’agissait de présenter la « diplomatie discrète » de l’Afrique du Sud vis-à-vis de Robert Mugabe. Ngucka avait conclu que les « électeurs avaient pu s’exprimer librement », malgré les accusations de fraude électorale, par l’opposition et une partie de la communauté internationale.
Enseignante au début des années 1980, Phumzile Ngucka a été élue députée en 1994, et nommée vice-ministre de l’Industrie en 1996, puis ministre des Mines en 1999. Considérée généralement par ses pairs comme un « bon ministre », sa nomination fait déjà grincer des dents dans le camp des supporters de Jacob Zuma, démis de ses fonctions par Thabo Mbeki la semaine dernière.
Phumzile Ngucka est en effet mariée à l’ancien procureur national, Bulelani Ngucka, qui avait annoncé publiquement que Jacob Zuma était soupçonné de corruption, en reconnaissant toutefois qu’un procès aurait peu de chances d’aboutir par manque de preuve. Une décision vue par le camp Zuma comme une preuve d’un certain acharnement contre sa personne.
Zuma contre-attaque
Jacob Zuma doit comparaître devant le tribunal de Durban le 29 juin prochain pour se voir signifier les chefs d’accusation qui pèsent contre lui. L’ancien vice-président a déclaré qu’il « acceptait cette décision qui lui donnait les moyens de se défendre ». Jacob Zuma a également annoncé qu’il suspendait toutes ses activités en tant que vice-président de l’ANC, le parti au pouvoir, temporairement. « J’ai pris cette décision dans l’intérêt de l’ANC que j’ai servi loyalement pendant 47 ans », a-t-il ajouté.
L’ex-vice-président qui a dans un premier temps adopté un profil bas à la suite de son limogeage, a choisi de contre-attaquer dans la presse sud-africaine du week- end, en se disant victime d’un procès politique. Dans une interview à l’hebdomadaire sud-africain Mail and Guardian, Jacob Zuma a comparé le verdict du juge Hillary Squires, qui a condamné son conseiller financier à 15 ans de prison, aux procès politiques de l’apartheid. Jacob Zuma est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin par l’intermédiaire de son conseiller financier, Shabir Shaik, en échange de son influence politique.
La nomination de la nouvelle vice-présidente relance une fois de plus les spéculations sur la succession du président sud-africain en 2009. Le dernier sondage en date dans la presse sud-africaine donnait l’ancien syndicaliste et aujourd’hui homme d’affaires Cyril Ramaphosa comme favori.
par Stéphanie Savariaud
Article publié le 23/06/2005 Dernière mise à jour le 23/06/2005 à 11:00 TU