Union européenne
Le programme du président Blair
(Photo : AFP)
«Je n’ai jamais dit que je voulais changer la PAC maintenant ou la renégocier en une nuit». C’est ce qu’a déclaré Tony Blair devant les députés européens réunis à Bruxelles. Quelques jours après l’échec du sommet sur le budget dont il est jugé responsable, le Premier ministre britannique, qui prend la présidence de l’Union pour six mois, a fait cette mise au point alors que son bras de fer avec Jacques Chirac pendant le sommet sur la question des aides agricoles avait tout bloqué. Le président français voulait obtenir une baisse de la ristourne britannique au pot commun du budget de l’Union. C’était la condition de la France pour envisager une renégociation de la Politique agricole commune dont l’accord actuel est encore valable pour 7 ans.
Devant les eurodéputés, Tony Blair a affirmé qu’il avait été, à l’occasion de ce sommet de Bruxelles, « le premier dirigeant britannique à accepter de mettre sur la table le rabais » concédé depuis 1984 au Royaume-Uni sur sa contribution au budget européen. Le Premier ministre britannique a toutefois réaffirmé : «Un budget moderne n’est pas celui qui, dans dix ans, consacrera 40% de ses dépenses à l’agriculture».
L’innovation, l’éducation
Pour éviter de relancer la polémique sur la baisse des subventions agricoles et sur le niveau de la contribution britannique au budget de l’Union, Tony Blair, comme la semaine dernière, a répété qu’il souhaitait une remise à plat globale du prochain budget. Il faut qu’il corresponde à la réalité, a-t-il indiqué.
Exposant les priorités de la future présidence britannique, Tony Blair a plaidé pour des réformes économiques d’urgence afin de relancer la croissance. Il a déclaré que des progrès sérieux en matière de réformes économiques structurelles permettraient d’obtenir l’adhésion des opinions publiques pour une politique fiscale raisonnée.
Pour réformer l’Union européenne, Tony Blair a l’intention de s’appuyer sur le rapport Sapir. Dans ce rapport, ce professeur d’économie et conseiller à la Commission regrettait le manque de politique d’innovation de l’Union. Il faut encourager la recherche publique et l’éducation, travailler à la compétitivité des entreprises, s’intéresser à la société de la connaissance. Et moderniser le marché du travail et des prestations sociales. Pour maintenir le modèle social auquel nous tenons, indiquait cet économiste, il faut davantage de croissance pour affronter les problèmes de vieillissement qui attendent l’Europe, et la mondialisation.
« Le débat ne se situe pas entre une Europe du libre-marché et une Europe sociale » a encore expliqué Tony Blair. Tout dépend de ce que le Premier ministre britannique met dans le mot social. Il parle en tout cas de cadre micro-économique flexible, « les gens verront qu’il ne s’agit pas de légèreté fiscale mais du sens commun » a encore indiqué le Premier ministre britannique qui veut aussi mettre en œuvre la stratégie de Lisbonne : investissements, société de la connaissance et achèvement du marché intérieur devaient permettre à l’Union européenne de devenir d’ici 2010 l’économie la plus compétitive du monde. Un rapport à mi-parcours a montré que l’objectif serait difficile à atteindre.
par Colette Thomas
Article publié le 23/06/2005 Dernière mise à jour le 23/06/2005 à 15:07 TU