Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Guinée-Bissau

Le retour des anciens

Joao Bernardo Vieira et Malam Bacai Sanha participeront au second tour de l'élection présidentielle bissau-guinéenne dans trois semaines.(Photo: AFP)
Joao Bernardo Vieira et Malam Bacai Sanha participeront au second tour de l'élection présidentielle bissau-guinéenne dans trois semaines.
(Photo: AFP)
Le second tour de l’élection présidentiel opposera deux anciens présidents qui se sont déjà succédé à la tête du pays, Malam Bacai Sanha et Joao Bernado «Nino» Vieira. Mais un autre ancien président, Kumba Yala, candidat malheureux, conteste les résultats.

La commission nationale électorale (CNE) a rendu public les résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle du 19 juin en Guinée Bissau qui place l’ancien président Malam Bacai Sanha en première position suivi d’un autre ancien président, de retour d’exil, Joao Bernado «Nino» Vieira. Malam Bacai Sanha, représentant le Parti africain pour l’indépendance de Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) arrive en tête du scrutin avec 35,45% des voix contre 28,87% pour Nino Vieira, candidat indépendant. En troisième position, donc éliminé de la course, se trouve un autre ancien président Kumba Yala avec 25% des suffrages.

Bernado Nino Vieira était président de la République de 1980 à 1999, remplacé à la tête de l’Etat par Malam Bacai Sanha pour une brève période de 1999 à 2000. Après une série d’agitations politico-militaires Kumba Yala est porté au pouvoir avant d’être renversé, lui aussi, par un coup d’Etat militaire en 2003. Aujourd’hui l’élection présidentielle est l’ultime étape de la transition vers un régime démocratique après les législatives tenues en 2004. Ce scrutin présidentiel marque la fin des institutions de transition et a valeur de test politique pour ce pays de 1,5 million d’habitants, coutumier des coups d’Etat militaires.

L’armée s’écarte de la politique

Mais l’armée omniprésente dans la vie politique de la Guinée Bissau a juré ses grands Dieux qu’elle n’interviendrait plus de manière intempestive dans la vie politique du pays. Toutefois, cet engagement pris par le Chef d’état-major des armées est assorti d’un avertissement de «calme et de bonne tenue» conseillé aux acteurs politiques. L’armée prévient qu’elle ne tolérerait pas «l’anarchie». Jusque-là, elle a observé une certaine réserve malgré les appels du pied du clan de l’ancien président Kumba Yala qui veut toujours croire aux soutiens dont il jouit au sein de l’armée.

Le mercredi 22 juin la CNE avait annoncé des résultats provisoires qui donnaient déjà l’ordre d’arrivée de la consultation. A cette date, les derniers bulletins dépouillés ne pouvaient plus changer l’ordre des choses. Kumba Yala était donc éliminé. Les militants de sa formation politique, le Parti de la rénovation sociale (PRS), ont contesté l’exactitude des résultats, mais selon le président de la CNE «ils n’ont déposé aucune réclamation». Les militants du PRS convaincus de la victoire de Kumba Yala ont soutenu que les résultas du premier tour de la présidentielle sont «falsifiés».

Par centaines des militants du PRS ont alors décidé de manifester devant le siège de la CNE, mais ils ont été repoussés par les forces de l’ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes avant que n’éclate une fusillade qui a fait trois morts et une dizaine de blessés chez les manifestants. Une cinquantaine de militants du PRS ont été interpellés dont le secrétaire général du parti, Artur Sanha. Ils ont tous été libérés, mais selon un porte-parole du PRS, ils portent des marques du traitement sévère subi dans les locaux de la police.


par Didier  Samson

Article publié le 25/06/2005 Dernière mise à jour le 25/06/2005 à 18:18 TU