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Bibliothèque nationale de France

Des milliers d’ouvrages envolés

La Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand, Paris XIIIe.(Photo: Ministère des Affaires étrangères/Alain Goustard)
La Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand, Paris XIIIe.
(Photo: Ministère des Affaires étrangères/Alain Goustard)
Quelque 30 000 ouvrages appartenant à la Bibliothèque nationale de France manqueraient à l'appel, selon un rapport officiel établi en septembre 2004 que s’est procuré le quotidien Le Figaro. Parmi ces documents, plus de mille sont d'une valeur inestimable. Ce rapport vient relancer le débat sur la sécurité de l’institution. Plusieurs enquêtes de police sont en cours à la suite du dépôt d’une quinzaine de plaintes. Dans l’une de ces procédures, Michel Garel, conservateur en chef et responsable du fonds de manuscrits hébraïques à la BNF, a été mis en examen pour «vol aggravé» le 30 juillet 2004.

La sécurité de la Bibliothèque nationale de France (BNF) laisse à désirer si l’on en croit un rapport sur «La sureté des collections» établi en septembre 2004 sous la houlette de son président, Jean-Noël Jeanneney. Cet établissement public, créé au XVIe siècle, abrite une trentaine de millions d’ouvrages et documents. Depuis François 1er, elle assure notamment la fonction de dépôt légal des imprimés, puis progressivement elle a obtenu celui des estampes, des partitions musicales, des photographies, des vidéogrammes et depuis 1992, des produits électroniques. A partir de l’automne prochain, la BNF organisera également le devoir du dépôt légal des contenus diffusés sur Internet.

Selon les informations relayées lundi 27 juin par le quotidien Le Figaro, «un inventaire mené sur 10 millions de d’unités a fait apparaître environ 30 000 absences, soit 0,3% des collections». Sur ce chiffre, explique le rapport, «la très grande majorité est constituée par des ouvrages des XIXe et XXe siècles, en littérature et en histoire».Pour Le Figaro, l’établissement public est «une passoire pour des milliers de documents précieux». Parmi les manquants, plus de 1 000 sont d'une valeur inestimable. Les derniers inventaires montrent que «1 183 documents très précieux ont disparu, dont 200 antérieurs au XVIIIe siècle».

Une quinzaine de plaintes

Ces disparitions ont été mises en évidence lors du déménagement des bibliothèques Richelieu et Versailles vers le site François Mitterrand à Tolbiac. Les surveillances et les mesures de sécurité ont été renforcées et plusieurs enquêtes de police sont en cours à la suite du dépôt d’une quinzaine de plaintes depuis 1998. Dans l’une de ces procédures dont l’information judiciaire suit son cours, Michel Garel, conservateur en chef et responsable du fonds de manuscrits hébraïques à la BNF a été mis en examen pour «vol aggravé» le 30 juillet 2004. Il est soupçonné notamment d’avoir d’extrait des collections une copie partielle de la Bible du XIIIe siècle, réapparue en 2004 chez Christie’s à New York.

Rappel des faits : l’enquête débute en mars 2004 à la suite d’une lettre anonyme désignant Michel Garel comme étant à l’origine de la disparition de plusieurs ouvrages entre 1998 et 2004. Le conservateur nie les faits, à l’exception d’un seul vol, celui du manuscrit 52, un manuscrit hébraïque pour lequel il reconnaît avoir établi un faux certificat attestant que l’ouvrage ne provenait pas d’origine douteuse et pouvait faire l’objet d’une vente. Un marchand d’art accuse Michel Garel de lui avoir vendu ce document en 2000 pour une valeur de 80 000 euros.

Convoqué mardi chez le juge d’instruction, Michel Garel revient sur ses aveux dans les colonnes du Figaro. Pour sa défense, il assure qu’il a avoué ce vol dans le but d’échapper à la prison, dont le capitaine de police le menaçait. Il explique qu’il s’est heurté à une «omerta» quand il a voulu prévenir sa hiérarchie «des multiples failles à la sécurité concernant les livres anciens hébraïques dont il avait la charge». Face à ces multiples brèches, la BNF a décidé depuis de renforcer son système de sécurité pour protéger son prestigieux patrimoine. Le rapport fait le point sur les mesures engagées depuis deux ans dans ce sens : «procédures d’accréditations, vérifications d’identité et vidéosurveillance». D’autres devraient suivre.


par Myriam  Berber

Article publié le 27/06/2005 Dernière mise à jour le 27/06/2005 à 17:25 TU