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Grande-Bretagne

La carte d’identité est en marche, elle sera biométrique

Charles Clarke, le ministre britannique de l'Intérieur, a indiqué que les cartes d'identité ne seraient pas obligatoires avant le vote d'une loi supplémentaire.(Photo: AFP)
Charles Clarke, le ministre britannique de l'Intérieur, a indiqué que les cartes d'identité ne seraient pas obligatoires avant le vote d'une loi supplémentaire.
(Photo: AFP)
Le Parlement britannique a donné, mardi 28 juin, son feu vert au projet de carte d’identité électronique avec données biométriques défendu par le gouvernement de Tony Blair. Pensée pour lutter contre les fraudes et le terrorisme, cette carte nouvelle génération inquiète les défenseurs des libertés individuelles. Les opposants critiquent également son coût.

Le projet était dans les cartons du gouvernement. Il a reçu, mardi 28 juin, l’aval de la Chambre des députés britanniques par 314 voix pour et 283 contre. Le projet de Tony Blair d’introduire les premières cartes d’identité en Grande-Bretagne depuis plus d’un demi-siècle verra donc le jour en 2007-2008. Autre nouveauté : cette carte qui sera sécurisée, intégrera une puce électronique dans laquelle seront consignés l’état civil du porteur et plusieurs éléments biométriques (reconnaissance faciale, empreintes digitales ou scanner de l’iris).

La biométrie qui permet d’identifier les individus de façon performante en scannant, dans un ordinateur, une caractéristique physique propre à cette personne (l'iris, la rétine, la forme de la main ou encore du visage) apporte un degré de sécurité de très haut niveau. «Ce dispositif qui entre dans une politique européenne de lutte contre le terrorisme et de surveillance de l’immigration clandestine, s’inscrit dans une double obligation internationale», explique-t-on au ministère de l’Intérieur. Celle des Etats-Unis, qui demande à tous les pays membres de l’Union européenne de se doter d’un passeport électronique, et celle de Bruxelles qui veut introduire des données biométriques à partir de 2006, dans les titres de voyage.

Un projet coûteux

Cette carte biométrique, infalsifiable est, selon le Premier ministre Tony Blair, un enjeu majeur pour lutter contre les fraudes, l’immigration clandestine et surtout le terrorisme. Difficile de comprendre les arguments mis en avant par le gouvernement sachant que, Charles Clarke, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que cette carte ne sera pas obligatoire avant un éventuel nouveau texte de loi. Au mieux en 2012 ou 2013.

Comme en France où la mise en place de la biométrie dans les papiers d’identité dans le cadre du programme Identité nationale électronique et sécurisée (INES) suscite de nombreux débats. Le projet de Tony Blair soulève de vives protestations dans un pays qui n’a connu les cartes d’identité qu’entre 1939 et 1952. C’est en effet une rupture avec une tradition vieille d’un demi-siècle. Au-delà du débat théorique sur le changement de société que suscitera cette carte sécurisée, c’est évidemment sur les questions de la protection de la vie privée que les réticences sont les plus fortes.

De nombreuses organisations de défense des libertés individuelles soulèvent la crainte d’une société où tous les citoyens seraient surveillés à leur insu. Elles dénoncent notamment la création d’un fichier central avec données personnelles qui touchent à l’intimité des citoyens et le risque d’interconnexion des fichiers. On le sait, le Royaume-Uni est à l’heure actuelle, l’un des pays les plus vidéosurveillés au monde. On compte plus d’un million et demi d’objectifs pointés sur les lieux publics. Mais le citoyen britannique n’est pas seulement filmé, il est -via la biométrie- analysé sous toutes les coutures pour gérer notamment l’accès aux collèges, aux clubs privés et aux stades.

Les applications biométriques ne sont pas les seules à être montrées du doigt, le coût du dispositif est également un objet d’inquiétude. Le budget du projet de Tony Blair est estimé à 7 milliards de livres (soit environ 9 milliards d’euros) sur dix ans, alors que la London School of Economics estime ce coût à 19 milliards de livres (soit environ 28 milliards d’euros), soit plus de trois fois les estimations du gouvernement. Ces nouveaux papiers sécurisés coûteront environ 93 livres (139 euros) à chaque Britannique.


par Myriam  Berber

Article publié le 29/06/2005 Dernière mise à jour le 30/06/2005 à 10:23 TU

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Richard Corbett

Député travailliste britannique

«Jusqu’ à présent, il n’y a jamais eu de cartes d’identité en Grande-Bretagne…»

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