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Chine-Russie

Hu Jintao plaide la cause énergétique de la Chine

Le président Vladimir Poutine et son homologue chinois Hu Jintao près du Kremlin à Moscou.(Photo: AFP)
Le président Vladimir Poutine et son homologue chinois Hu Jintao près du Kremlin à Moscou.
(Photo: AFP)
Cette semaine, le président chinois s’est rendu pour la quatrième fois en trois ans en visite officielle en Russie. De Moscou à Novossibirsk (Sibérie), Hu Jintao et son importante délégation ont signé une série de partenariats économiques et stratégiques. Principal objectif de ce voyage de quatre jours, convaincre Vladimir Poutine de la construction d’un oléoduc desservant la Chine en pétrole sibérien.

La prodigieuse croissance de l’économie chinoise ne doit pas faire oublier que le pays souffre d’un handicap majeur : le manque de ressources énergétiques, en particulier le pétrole. Grâce à cette visite officielle, qui l’a conduit de Moscou jusqu’en Sibérie, le président chinois, fin diplomate et manœuvrier hors-pair, ne repart pas les mains vides. Selon lui, ces dernières années, «les relations de partenariat et de coopération stratégiques russo-chinoises ont progressé de façon constante et ont atteint le plus haut niveau jamais vu dans toute leur histoire». En 2004, les échanges commerciaux entre les pays ont par exemple atteint 17,6 milliards d’euros.

Dans le domaine de l’énergie, le groupe pétrolier public russe Rosneft et le numéro un chinois du secteur, China National Petroleum Corp (CNPC), ont signé samedi un «accord de coopération à long terme», dans le but d’augmenter les livraisons de brut russe à la Chine. Car les besoins en or noir du pays, qui table pour l’année 2005 sur une croissance économique de 8 à 9 %, se font de plus en plus importants. Alors qu’il y a plus de dix ans, la Chine n’importait pas de pétrole, le pays se classe aujourd’hui au deuxième rang des plus gros importateurs au monde, derrière les Etats-Unis.

Selon Sergueï Lousianine, expert du monde oriental à l’Université des relations publiques de Moscou, «le pays doit importer chaque année de 90 à 100 millions de tonnes de pétrole au minimum». Un volume colossal, qui ne permet pourtant à la Chine de ne satisfaire des besoins qu’à hauteur de 60 %… Résultat : «un tiers des entreprises ne travaillent pas au maximum de leurs capacités», ce qui pourrait à terme ralentir l’accroissement du PIB chinois, que le président Hu Jinato souhaite voir multiplier par quatre d’ici 2020…

Une recherche «tous azimuts»

Du coup, ces dernières années, la Chine s’est lancée dans une immense opération de séduction des pays producteurs de pétrole. Hu Jintao multiplie les tournées internationales, comme par exemple en Algérie et au Gabon début 2004. L’intérêt chinois étant de multiplier les fournisseurs, afin de ne pas dépendre uniquement du pétrole russe et d’Asie centrale.

Le principal objectif, même s’il n’est pas avoué, de la visite d’Hu Jintao cette semaine à Moscou et à Novossibirsk était donc de convaincre le voisin russe –qui, à long terme, se méfie de la croissance économique chinoise et de l’explosion démographique que connaît ce pays– de la nécessité de construire un oléoduc stratégique alimentant le nord de la Chine. En décembre dernier, après d’énormes tergiversations, les Russes ont préféré donner leur accord pour un tracé acheminant leur brut en direction du Japon, au grand dam de Pékin.

Thomas Gomart, responsable du programme Russie-CEI à l’IFRI (Institut français des relations internationales), rappelle que les hésitations autour de cette construction sont des composantes de l’affaire Ioukos : l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, condamné récemment par la justice russe à 9 ans de prison, plaidait justement pour un tracé vers la Chine. Une prise de position qui a été vue par le pouvoir en place comme une menace pesant sur le monopole d’Etat de la compagnie Transneft.

Si, pour le chercheur, la décision a été prise officiellement en décembre dernier, depuis, «les autorités russes, sous pression chinoise, semblent peu à peu revenir dessus». D’ici trois à quatre ans environ, un embranchement vers la Chine, à hauteur d’Irkoustk en Sibérie, pourrait donc voir le jour. Selon un haut responsable chinois, les deux pays auraient d’ailleurs déjà trouvé un terrain d’entente. La compagnie Transneft a annoncé au début de l’année qu’elle commençait à étudier un projet de construction pour un embranchement vers la Chine. Et selon des experts, cette partie de l’oléoduc pourrait même être construite avant même que le pipeline n’arrive sur le Pacifique…


par Virginie  Pironon

Article publié le 03/07/2005 Dernière mise à jour le 03/07/2005 à 12:11 TU