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Liban

Le ministre de la Défense échappe à un attentat

Un attentat à la voiture piégée a blessé le ministre pro-syrien Elias Murr, dans la banlieue nord-est de Beyrouth.(Photo: AFP)
Un attentat à la voiture piégée a blessé le ministre pro-syrien Elias Murr, dans la banlieue nord-est de Beyrouth.
(Photo: AFP)
Ministre de la Défense sortant et gendre du président de la République, Elias Murr a échappé ce mardi à un attentat à la voiture piégée. Cette explosion intervient alors que Fouad Siniora peine à former un nouveau gouvernement.

De notre correspondant à Beyrouth

C’est un véritable miracle que le ministre de la Défense du gouvernement démissionnaire, Elias Murr, ait pu échapper à l’attentat qui a visé son convoi ce mardi matin, à Beyrouth. Les dégâts provoqués par la charge piégée, estimée à 40 kilogrammes d’explosif, sont impressionnants. Devantures de boutiques éventrées, voitures calcinées, poteaux électriques arrachés. Malgré la puissance de la déflagration, entendue à 5 kilomètres à la ronde, le gendre du président de la République Emile Lahoud n’a été atteint que de blessures légères aux mains, aux jambes et au visage. Il s’est lui-même extrait de son véhicule transformé en tas de tôle tordue avant d’être secouru par des automobilistes de passage. Transporté à l’hôpital, il a parcouru une trentaine de mètres à pied jusqu’à l’entrée de l’établissement. 

L’attentat s’est produit dans la région d’Antélias, une banlieue chrétienne située à quatre kilomètres au nord de Beyrouth. Non loin de l’endroit où son père, Michel Murr, ministre de la Défense en 1991, avait échappé à un attentat à la voiture piégée. Selon les premières informations, la charge explosive, placée à l’intérieur d’une voiture garée sur le côté de la route, a été actionnée par télécommande au passage du convoi d’Elias Murr composé de trois véhicules. Le bilan provisoire fait état de deux morts et d’une douzaine de blessés, dont plusieurs membres de l’escorte d’Elias Murr, un avocat grec-orthodoxe de 46 ans, marié à la fille du chef de l’Etat. Parmi les blessés figure notamment la femme de l'ambassadeur mexicain. L'attentat a été perpétré à proximité des ambassades du Mexique et de Bolivie.

C’est la première fois depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février dernier, qu’un proche du président Emile Lahoud, considéré comme un pro-syrien, est la cible d’un attentat. Le 2 juin, le journaliste Samir Kassir, connu pour ses écrits anti-syriens, avait été tué dans l’explosion de sa voiture. Deux semaines plus tard, l’ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, devenu très critique à l’égard de la politique de Damas au Liban, avait été tué dans les mêmes circonstances. Et entre le 19 mars et le 5 mai, cinq attentats à la bombe avaient visé des centres commerciaux dans des régions à majorité chrétienne.

Un vaste plan de déstabilisation

Le père d’Elias Murr, député au Parlement, avait fait alliance lors des dernières législatives avec le général Michel Aoun, rentré d’un exil forcé de 15 ans en France. «Murr avait accès à des informations concernant les mouvements et les organisations terroristes du pays et s'exposait sans aucun doute à ce type d'attaque», a commenté Aoun après l’attentat. Alors qu’il était ministre de l’Intérieur, le gendre du président s’était distingué par la lutte sans merci qu’il a mené contre les intégristes sunnites. L’année dernière, les services de son ministère avaient démantelé une cellule terroriste qui projetait de commettre un attentat contre l’ambassade d’Italie à Beyrouth. Plusieurs membres de ce groupe sont toujours en prison. 

L’attentat intervient alors que le Premier ministre désigné Fouad Siniora essaie en vain, depuis deux semaines, de former un nouveau gouvernement. Elias Murr était pressenti pour en faire partie. Selon certains analystes, cette affaire va retarder de quelques jours l’annonce de la composition du Cabinet. Michel Aoun pense le contraire. «Cela n'affectera pas la formation du gouvernement et pourrait même être un facteur positif pour mettre un terme à la période d'instabilité politique que nous traversons», a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, cet attentat non revendiqué, comme la plupart de ceux qui l’ont précédé, montre que le Liban est en proie à un vaste plan de déstabilisation.

par Paul  Khalifeh

Article publié le 12/07/2005 Dernière mise à jour le 12/07/2005 à 13:08 TU