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République démocratique du Congo

L’opposition participera aux élections

Le chef de file de l'opposition radicale Etienne Tshisekedi dénonce le déroulement de l'identification et de l'enrôlement des électeurs mais ne boycottera pas les élections. (photo : AFP)
Le chef de file de l'opposition radicale Etienne Tshisekedi dénonce le déroulement de l'identification et de l'enrôlement des électeurs mais ne boycottera pas les élections.
(photo : AFP)
Après le report dans six mois des élections générales, les instances de la transition multiplient les initiatives pour garantir la paix et la tenue effective des différents scrutins. L’opposition critique les méthodes du pouvoir mais rejette la politique de la chaise vide.

Les élections qui auraient dû se tenir le 30 juin dernier ont été repoussées de six mois sur l’initiative du gouvernement du président Joseph Kabila, conformément aux dispositions constitutionnelles. Mais l’opposition dite radicale, celle qui n’est pas représentée au gouvernement conteste la démarche gouvernementale et ses militants ont manifesté leur mécontentement dans les rues des principales villes du pays. C’est dans cette ambiance surchauffée que le gouvernement a organisé un séminaire sur la sécurisation des élections qui a terminé ses travaux le 20 juillet à Kinshasa.  

Le gouvernement voulait par ce geste rassurer les opinions publiques nationale et internationale sur son intention de poursuivre le processus de démocratisation du pouvoir et de «mettre fin à la spirale des transitions interminables», comme l’avait déclaré le président de la République lors de la célébration du 45ème anniversaire de l’indépendance du Congo. Le séminaire sur la sécurisation des élections a permis aux autorités militaires d’affirmer une fois de plus que les menaces d’attaques venues de l’extérieur existent toujours et pourraient porter un préjudice grave au respect des échéances électorales. Les réserves de l’opposition non représentée au gouvernement sur «l’identification et de l’enrôlement» (enregistrement) des électeurs ont été aussi critiquées et jugées comme une embûche sur le long chemin tranquille qui conduit aux élections.

Loin des considérations politiques, il faut noter que les réels freins à la poursuite normale du processus électorale est le manque de moyens. Le tour de table n’est réalisé qu’au trois-quarts. Le coût des élections est évalué à 420 millions de dollars alors que le gouvernement congolais et les donateurs n’ont pu rassembler que 270 millions. Le Conseil de sécurité des Nations unies sera donc mis à contribution pour trouver les moyens de réunir les 150 millions de dollars restants.

La CEEAC s’en mêle

Sur le plan régional, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) se porte au chevet de la République démocratique du Congo. Denis Sassou Nguesso du Congo et président en exercice de la CEEAC, Omar Bongo du Gabon et Eduardo Dos Santos d’Angola ont tenu à Kinshasa une réunion de travail, le 16 juillet à l’issue de laquelle ils ont annoncé la mise sur pied d’une brigade militaire destinée à imposer la paix en Afrique centrale et plus précisément en RDC, où «le processus électoral est menacé par les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) les ex-Forces armées rwandaises (ex-Far)», dans l’Est du Congo, précise-t-on à Kinshasa.

En encourageant la Commission électorale nationale (CEI) dans ses efforts d’organisation des différents scrutins, les trois chefs d’Etat ont aussi critiqué l’attitude de certains partis d’opposition. Ces derniers qui attendaient une sollicitation à rejoindre le processus en cours pour pouvoir imposer leurs points de vue en sont pour leur frais. Les chefs d’Etat de la CEEAC n’ont tenu aucun compte de leurs desiderata. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi, principal parti d’opposition non représenté dans le gouvernement de transition, a toutefois tenu à faire remarquer qu’il n’a jamais donné un mot d’ordre de boycott du processus électoral (identification et enrôlement des électeurs), mais qu’il avait contesté le report du scrutin.

Patrice Kobanghe, président national du Parti de l’alliance chrétienne (PAC) membre d’une plate forme de l’opposition, de passage à Paris, abonde dans le sens de l’UDPS en affirmant que «l’opposition émet de grandes réserves sur le déroulement sérieux et honnête de l’identification et l’enrôlement des électeurs». La décision de rallier le processus en cours est prise «depuis avril 2005», précise-t-il en déplorant les méthodes d’établissement des listes électorales. Il aurait souhaité que les équipements fournis aux recenseurs soient reliés à un réseau informatique national. «Le fichier national pourrait être ainsi à disposition de la police et de l’administration de manière instantanée. Vérifiée et contrôlé avant toute validation, ce fichier centralisé offrirait une garantie contre toute falsification, or,  actuellement des gens, sans papiers se présentent avec cinq témoins et se font enregistrer simplement. C’est ce manque de garantie et de fiabilité que nous dénonçons», précise Patrice Kobanghe.

L’opposition radicale critique donc les méthodes de recensement, mais ne se considère pas en dehors du processus électoral, d’autant plus que la plate forme de ces partis réunis en convention les 14 et 15 juin derniers, baptisée «Forces démocratiques» espère une entrée prochaine au gouvernement. Le boycott des élections n’est plus à l’ordre du jour.         

par Didier  Samson

Article publié le 20/07/2005 Dernière mise à jour le 21/07/2005 à 10:34 TU