Madagascar/France
La visite de la réconciliation
(Photo : AFP)
Le président de la République française, Jacques Chirac a été accueilli à Majunga, le premier port de pêche de Madagascar, par son homologue malgache, Marc Ravalomanana, pour une visite officielle de deux jours sur la grande île. Le choix de cette ville plutôt qu’Antananarivo, la capitale, n’est pas anodin. C’est de ce port que la France avait lancé la conquête coloniale de l’île en 1895. Majunga est aujourd’hui le plus important pôle économique de la côte Ouest de Madagascar avec ses 200 000 habitants. Le chef de l’Etat malgache a aussi choisi cette ville pour mettre un accent particulier sur l’aspect économique de cette visite.
Après avoir été accueilli par des milliers de Malgaches agitants des drapeaux français et malgaches, le premier rendez-vous du président français était au marché Marolaka. Il inaugurait ainsi un projet de réhabilitation des quatre marchés et de la desserte de la ville d’un montant de 10 millions d’euros financé à 80% par l’Agence française de développement (AFD). Jacques Chirac poursuivra son séjour à Antananarivo avant de participer au 3ème sommet de la Commission de l’Océan indien qui regroupe les îles de Madagascar, de La Réunion, des Seychelles, de Maurice, et des Comores.
Les relations économiques sont mises en avantLe cortège présidentiel français est composé d’une quinzaine de chefs d’entreprises, dont le président du Conseil français des investisseurs français en Afrique et co-président du conseil de surveillance du groupe hôtelier Accor. Les ministres, François Baroin (Outremer) et Brigitte Girardin (Coopération) font également partie de la délégation présidentielle. Jacques Chirac n’est pas à sa première visite à Madagascar. Il y avait effectué une brève visite en juillet 2004 pendant laquelle il avait annoncé l’effacement d’un reliquat de la dette de Madagascar envers la France pour l’année en cours d’un montant 70 millions d’euros. Ce geste avait aussi aidé à décrisper les relations entre les deux pays. La France avait mis un certain temps à reconnaître le pouvoir de Marc Ravalomanana à la présidentielle de 2001 sur l’amiral Didier Ratsiraka, soutenu par la France.
La France est le premier partenaire économique de Madagascar où réside une communauté française de 25 000 personnes. Près de 600 entreprises françaises sont implantées sur l’île et qui emploient près de 100 000 personnes. Au titre de l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE) Madagascar a récemment bénéficié d’une remise de 2,5 milliards de dollars de sa dette publique, dont 500 millions sont au compte de la France. Le redressement de l’économie de la grande île de l’océan indien ouvre aussi de nouvelles perspectives pour les entreprises françaises qui envisagent de plus grandes implantations dans la région à partir de Madagascar. C’est le cas du Crédit lyonnais, première banque de Madagascar avec 30% de part de marché, 600 employés, qui ouvrira d’ici à la fin de l’année une succursale du «Crédit lyonnais Madagascar» à Moroni, la capitale de l’Union des Comores. La seule banque présente aux Comores est la banque pour l’industrie et le commerce (BIC), filiale de la l’établissement français BNP Paribas.
Mais cette embellie des relations franco-malgaches n’a pas occulté l’histoire de la répression des manifestations de 1947 en faveur de l’indépendance qui avait fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Jacques Chirac et Marc Ravalomanana, tout en affirmant «qu’il ne faut pas oublier», ont dit leur foi dans l’avenir et la réconciliation.
par Didier Samson
Article publié le 21/07/2005 Dernière mise à jour le 21/07/2005 à 18:26 TU