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Attentats de Londres

Scotland Yard justifie l'ordre «tirer pour tuer»

Le patron de Scotland Yard justifie le protocole shoot to kill («tirer pour tuer») adopté par la police britannique face au risque d'attentats-suicide. Scotland Yard a reconnu que l’homme abattu vendredi à la suite d’une course-poursuite, à la station de métro de Stockwell (Londres), était innocent, et a accepté d’endosser la «pleine responsabilité» de la «tragique erreur» tout en refusant à détailler plus avant les circonstances qui ont conduit à sa mort. La famille et les amis de la victime accusent les autorités britanniques d’être «irresponsables». Le gouvernement brésilien demande des explications sur les circonstances du décès du ressortissant, mais tout en étant «choqué et perplexe», déclare rester solidaire de la lutte antiterroriste de Londres.

«C'est une tragédie», a regretté le patron de la Metropolitan Police à propos de la bavure de vendredi, ajoutant: «A sa famille, je ne peux qu'exprimer mes regrets sincères», sans présenter d'excuses formelles. Le patron de la police britannique Ian Blair, a par ailleurs expliqué à la télévision qu'il n'avait pas l'intention de remettre en cause les règles d'engagement des unités armées de Scotland Yard, confrontées à des individus soupçonnés de porter sur eux une bombe et prêts à la faire exploser. La police britannique justifie ainsi le protocole: «Cela ne sert à rien de tirer dans la poitrine de quelqu'un parce que c'est probablement là que se trouve la bombe. Cela ne sert à rien de tirer ailleurs parce que s'ils tombent, ils vont la  déclencher(…) c'est ce que montre l'expérience d'autres pays comme le Sri Lanka. La seule façon de réagir, c'est de tirer dans la tête».

Tout en justifiant cette politique comme étant la plus efficace pour protéger le plus grand nombre «Je sais que les minorités ethniques parlent d'une politique de ‘tirer pour tuer’, mais il s'agit d'une politique de tirer, pour tuer, pour protéger ‘les gens’», le chef de Scotland Yard en reconnaît les risques: «Quelqu'un d'autre pourrait être tué. J'espère que cela ne se reproduira pas. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les choses se passent correctement, mais ces décisions sont prises dans des circonstances terrifiantes», a-t-il déclaré sur la chaîne d'informations en continu Sky News. Ces nouvelles méthodes ne concernent que 2 060 policiers armés sur les 31 000 que compte la Metropolitan Police (Grand Londres). Parmi eux, seuls 350 hommes des unités spéciales SO19 ont pour instruction de viser à la tête, et non plus au corps tout kamikaze présumé.

83% des Britanniques favorables à la politique de«tirer pour  tuer»

Selon Ian Blair, «ces décisions sont prises dans des circonstances terrifiantes». Le ministre de l’Irlande du Nord, Peter Hain, a déclaré dimanche «le plein soutien» au gouvernement, en soulignant : «Nous sommes face à des circonstances exceptionnelles, un phénomène complètement nouveau d'attentats suicide et de gens qui ne se soucient pas de leur vie, ni de personne d'autre. Cela a placé la police sous une pression énorme et nous devons le comprendre». De fait, dans une ville habituée à son traditionnel «bobby», agent de police connu pour sa courtoisie et sa sollicitude, mais traumatisée par les deux vagues d’attentats qui l’ont frappée les 7 et le 21 juillet, les habitants semblent comprendre que l’on puisse en venir à ces extrémités: un sondage de la télévision Sky News révélait dimanche que 83% des Britanniques pensaient que la politique de«tirer pour  tuer» devait se poursuivre.

Il n’en demeure pas moins que l’opinion est bouleversée par le drame de vendredi matin. La famille endeuillée, affligée et indignée, envisage de «porter plainte [contre le gouvernement britannique]», comme l’a déclaré au journal brésilien O Estado de San Paulo Alexandra Alves Pereira, la cousine du jeune homme décédé, Jean-Charles de Menezes: «Mon cousin a été assassiné de sang-froid par une attitude irresponsable contre une personne innocente». La police son acte en arguant que l’homme «sortait d’une maison du quartier de Tulse Hill (près de Stockwell) placée sous surveillance, car liée à l'enquête sur les attaques du 21 juillet. Il a ensuite été suivi par des policiers. Son habillement et son comportement ont accentué les soupçons de la police». Gesio de Avila, collègue de Jean-Charles de Menezes (électricien de profession), a déclaré : «S’il courait, c’est simplement parce qu’il était en retard», précisant que le jeune homme l’avait contacté peu avant d’entrer dans le métro pour le prévenir.

De nombreuses zones d’ombre entourant le décès du jeune homme, le gouvernement brésilien a demandé aux autorités britanniques des explications sur le décès. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, dont la venue à Londres était déjà programmée, a été reçu dimanche par le ministre adjoint britannique aux Affaires étrangères, mais aucune information n'a filtré de cette rencontre. Scotland Yard de son côté s’est refusé à détailler plus avant les circonstances qui ont conduit au décès, mais l’opération fait désormais l’objet de deux enquêtes, l’une par les services internes l’autre par une commission indépendante. La presse britannique s’interrogeait dimanche sur ces nouvelles méthodes d’action de la police, et le  journal The Observer traduisait en d’autres termes l’inquiétude de la population: «Si la menace qui pèse sur la police et sur nous nécessite de tirer sans sommation, nous avons le droit de connaître les règles selon lesquelles ils agissent».


par Dominique  Raizon

Article publié le 25/07/2005 Dernière mise à jour le 25/07/2005 à 17:13 TU

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Muriel Delcroix

Correspondante de RFI à Londres

«Malgré la bavure de vendredi, la politique du «<EM>tirer pour tuer</EM>» va être maintenue, ce qui inquiète la communauté musulmane.»

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