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Royaume-Uni

Peur sur Londres

Deux semaines après les terribles attentats du 7 juillet, Londres a de nouveau dû faire face à une alerte terroriste. Mais cette fois-ci, les engins, visiblement défectueux, n’ont pas provoqué d’explosions meurtrières. Même si aucune victime n’est à déplorer, l’impact psychologique sur les Londoniens, les Britanniques mais aussi les Européens en général, est très important. En récidivant aussi vite, les poseurs de bombes, qu’ils soient liés aux terroristes qui ont fomenté les premiers attentats ou pas, ont ancré la peur dans l’esprit des populations.

Les bombes étaient destinées à tuer. Pour Ian Blair, le chef de Scotland Yard, il n’y a aucun doute sur les intentions des terroristes qui s’en sont une nouvelle fois pris aux transports en commun de Londres le 21 juillet. S’ils n’ont pas atteint leur objectif, c’est donc pour des raisons indépendantes de leur volonté. Ils n’ont pas réussi à faire exploser leurs engins. Trois détonateurs ont été armés mais ils n’ont pas permis de déclencher les bombes. Le quatrième détonateur n’a même pas fonctionné.

Deux explications sont possibles. Soit les explosifs ont été mal fabriqués par des amateurs, soit ils se sont détériorés parce qu’ils n’ont pas été utilisés assez rapidement. D’après les premières observations, les engins diffusaient un forte odeur d’acétone. Cela pourrait signifier qu’ils contenaient un mélange chimique à base de cette substance qui, lorsqu’on lui ajoute du peroxyde, peut provoquer des explosions. Si cette hypothèse est vérifiée, cela pourrait vouloir dire qu’il s’agit d’engins de la même fabrication que ceux qui ont servi aux attentats du 7 juillet.

Quelles que soient les raisons qui expliquent l’échec des tentatives d’attentats et même si aucune victime n’est à déplorer, un objectif au moins a été atteint : provoquer une terrible angoisse dans la population et donner à la menace terroriste un caractère omniprésent. La reproduction à l’identique du scénario des premiers attentats perpétrés il y a quinze jours met en valeur l’impuissance des autorités à empêcher de nouvelles violences. La revendication des attaques par le même groupe que celui qui s’était attribué la responsabilité des attentats du 7 juillet contribue aussi à accentuer la pression psychologique. Les Brigades Abou Hafs al-Masri, un groupe lié à al-Qaïda, ont envoyé un communiqué qui entretient la menace : «Nos frappes au cœur de la capitale britannique de l’infidélité sont un message à tous les gouvernements européens. Nous ne nous calmerons que lorsque tous les infidèles auront quitté l’Irak… Il s’agit là d’un avertissement à tous ceux qui suivent la politique de l’Amérique infidèle».

Les photos des suspects ont été diffusées

Dans ce contexte, la police londonienne essaie de mener rapidement l’enquête de manière à rassurer la population et à essayer de déterminer avec certitude s’il existe un lien avec les attentats du 7 juillet. La traque des responsables a débuté sans attendre. Deux hommes ont même été interpellés dans les heures qui ont suivi les attentats ratés mais Scotland Yard les a relâchés le lendemain. Un homme a, en revanche, été tué vendredi par la police alors qu’il tentait de lui échapper sans répondre aux sommations qui lui avaient été adressées, dans la station de métro de Stockwell. Les autorités ont précisé que cette tentative d’interpellation était liée aux attentats, confirmant ce que les chaînes de télévision britanniques avaient déjà annoncé sur le fait qu’il s’agissait d’un «kamikaze présumé». On ne sait pas officiellement pour le moment si cet individu faisait partie des quatre poseurs de bombes présumés que la police a identifiés grâce aux caméras de surveillance placées dans le métro et dans les rues de Londres, et dont les photos ont été diffusées lors d’une conférence de presse.

Durant la journée de vendredi, plusieurs interventions ont été menées par la police qui a pu recueillir de nombreux indices matériels puisque les bombes déposées le 21 juillet n’ont pas explosé. Une mosquée du quartier de Whitechapel, à l’est de Londres, a été encerclée pendant quelque temps. Puis l’alerte a été levée. Un peu plus tard, une opération a été menée dans un bâtiment du quartier de Harrow Road, situé près de la gare de Paddington, à l’ouest de la capitale. Selon des témoins, des véhicules blindés, des voitures de police et des ambulances ont participé à cette intervention. Dans un climat de peur comme celui qui règne à Londres depuis deux semaines, un aboutissement rapide de l’enquête semble d’autant plus urgent que les comportements commencent à se radicaliser face à la communauté musulmane britannique. Une tentative d’incendie criminel a eu lieu près du domicile de l’un des kamikazes des attentats du 7 juillet. Et de plus en plus de musulmans ont peur d’être victimes d’agressions. Le Conseil des musulmans de Grande-Bretagne s’est d’ailleurs alarmé des conditions dans lesquelles la police a tiré sur un suspect et craint que cela ne laisse présager des interventions musclées dont les musulmans pourraient faire les frais. 


par Valérie  Gas

Article publié le 22/07/2005 Dernière mise à jour le 22/07/2005 à 18:42 TU