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Politique

Villepin invoque le «patriotisme économique»

Le Premier ministre Dominique de Villepin s'est exprimé pour sa deuxième conférence de presse, deux mois après son nomination à la tête du gouvernement.Photo : AFP
Le Premier ministre Dominique de Villepin s'est exprimé pour sa deuxième conférence de presse, deux mois après son nomination à la tête du gouvernement.
Photo : AFP
Dominique de Villepin avait dit qu’il rendrait compte chaque mois des avancées de sa politique de lutte contre le chômage. Après l’affaire Danone, le Premier ministre veut protéger les entreprises, il invente «le patriotisme économique».

Après les remous suscités par l’affaire Danone, Dominique de Villepin a profité de cette seconde conférence de presse pour plaider en faveur d’une meilleure protection des entreprises françaises «contre des actions hostiles» de type OPA. «La meilleure protection, c’est l’adhésion des actionnaires à un véritable projet d’entreprise», a déclaré le Premier ministre, ajoutant : «Je souhaite rassembler toutes nos énergies autour d’un véritable patriotisme économique».

Protéger des industries jugées stratégiques

Plusieurs mesures seront prises à la rentrée pour protéger les entreprises françaises. Un décret sera publié en septembre pour mieux contrôler les investissements étrangers dans les groupes dédiés à la sécurité et à la défense.  Dans les mois qui viennent, une directive européenne sur les OPA sera transposée dans le droit français. Elle permettra notamment de protéger les actionnaires minoritaires au moment d’une offre publique d’achat. La divulgation d’un minimum d’informations sur l’offre, au moment d’une OPA, deviendra obligatoire afin d’assurer la transparence des transactions. «Nous appliquerons la règle de la réciprocité : le droit français doit être aussi protecteur que celui du pays d’origine des entreprises qui décideraient de lancer des OPA sur notre territoire». Qu’il y ait eu ou pas une tentative d’OPA d’une firme américaine sur le groupe français Danone, ces propos de Dominique de Villepin démontrent que la France fera désormais comme les Etats-Unis par exemple, et cherchera à protéger des industries jugées stratégiques. «Beaucoup de pays se sont déjà dotés de moyens efficaces pour protéger leurs entreprises sensibles contre des actions hostiles», a indiqué le Premier ministre.

Le Premier ministre a également demandé au ministre des Finances de lui faire des propositions pour «encourager les participations de long terme». Les fonds de pension, dont l’idée ne passe pas en France, pourraient faire leur réapparition, indique la Caisse des dépôts et consignations qui adhère à tout ce qui concerne les investissements à long terme. Sans attendre les propositions de Bercy, Dominique de Villepin a d’ores et déjà l’intention de réunir «prochainement les présidents des grands groupes industriels français afin de voir avec eux comment relancer l’investissement et la recherche dans le secteur privé».

Les contradictions du système français

Dominique de Villepin veut par ailleurs «conforter l’actionnariat français pour éviter la dispersion du capital qui fragilise certaines de nos entreprises». Les entreprises sont appelées à développer l’actionnariat chez les salariés, gage de stabilité du capital des sociétés.

Ces propos du Premier ministre en faveur des entreprises françaises sont contradictoires au moment où l’Etat se désengage de certains secteurs économiques comme les autoroutes en vendant au privé ses participations dans ces sociétés. C’est ce qu’a fait remarquer Maryse Dumas, numéro deux de la CGT. Le quotidien économique Les Echos  a lui aussi mis l’accent sur les contradictions françaises. Sans état d’âme sur un émiettement du patrimoine espagnol, France Télécom rachète la société de téléphonie Amena. Pour le quotidien économique, la France saisit l’opportunité de l’ouverture des marchés quand cette ouverture l’avantage mais la refuse si les entreprises françaises se retrouvent en mauvaise posture.

La CGT a réagi aux propositions de Dominique de Villepin défendant un «patriotisme économique». Maryse Dumas, numéro deux de l’organisation syndicale, estime qu’il s’agit d’une «formule intéressante… on a envie d’y adhérer, le problème c’est qu’on est très vite déçu, parce que derrière cette formule on note l’absence de propositions en matière industrielle, de développement de l’emploi en France, de reconnaissance des qualifications, d’investissements». Selon la CGT, il s’agit surtout de «défendre les intérêts des grands actionnaires, des grands groupes au travers d’un discours qui accompagne un libéralisme effréné qui sacrifie l’emploi et le précarise». On verra dans les mois qui viennent si le Premier ministre parvient à mettre en œuvre ce «patriotisme économique ».


par Colette  Thomas

Article publié le 28/07/2005 Dernière mise à jour le 28/07/2005 à 16:03 TU

Audio

Francine Quentin

Journaliste à RFI

«Dominique de Villepin veut privilégier sans complexe les entreprises françaises. »

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