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Politique française

Fabius à gauche toute

«<EM>Un emploi, un logement, un savoir</EM>», c’est ainsi que résume Laurent Fabius le projet de la gauche unie pour la présidentielle de 2007.(Photo : laurent-fabius.net)
«Un emploi, un logement, un savoir», c’est ainsi que résume Laurent Fabius le projet de la gauche unie pour la présidentielle de 2007.
(Photo : laurent-fabius.net)
Près d’un mois après sa mise à l’écart de la direction du Parti socialiste, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius a réuni, samedi 2 juillet, tous ses partisans dans son fief de Seine-Maritime près de Rouen. L’ex-numéro 2 du PS qui a pris date pour le congrès national de l’automne au Mans, a présenté ses idées en vue de l’élection présidentielle de 2007. Son projet repose autour de trois objectifs : «un emploi, un logement, un savoir».

Dans un PS divisé après le référendum sur la Constitution européenne, place aux combats de chefs. C’est Laurent Fabius qui a donné le coup d’envoi des grandes manœuvres. L’ex-numéro 2 du PS a fait une démonstration de force, samedi 2 juillet, en réunissant quelque 2 000 militants locaux et cadres venus de 80 fédérations pour un grand banquet de l’amitié à Canteleu, près de Rouen en Seine-Maritime.

Dans l’après-midi, une réunion de travail avait rassemblé à huis clos 800 cadres fabiusiens qui ont débattu de la situation interne du PS au lendemain d’un référendum qui a vu la stratégie de leur chef, partisan du non, l’emporter sur la ligne officielle. Au programme de cette après-midi de travail : «la future motion du congrès national de l’automne au Mans».

Sans surprise, cette rencontre a installé Fabius dans sa stature présidentielle. Son fidèle lieutenant Claude Bartolone a donné le ton dès samedi soir avant le grand dîner de l’amitié en affirmant que Fabius n’envisageait pas «de candidature extérieure en dehors du parti». Claude Bartolone a insisté sur la nécessité d’une «transparence totale» lors du vote des militants qui désignera, fin 2006, le candidat PS pour la présidentielle. «Si le vote est transparent, nous nous inclinerons», a-t-il déclaré.

«le rassemblement à gauche»

L’ancien Premier ministre qui avait pris fait et cause pour le rejet de la Constitution européenne s’estime le mieux placé pour gagner la présidentielle de 2007. Il se présente désormais en rassembleur de «la gauche de la gauche». «Le changement politique en France est indispensable, il implique le rassemblement à gauche, celui-ci ne peut se réaliser qu’avec des mouvements et sur des options politiques de gauche», a-t-il déclaré. Avant de citer l’ex-Premier ministre PS Pierre Bérogovoy pour qui «il faut faire des additions, jamais des soustractions»

A quatre mois du congrès socialiste du Mans, l’ancien dauphin de Mitterrand a présenté les esquisses de ce qui sera son programme présidentiel autour d’un slogan de début de campagne «une République nouvelle, un Etat à l’autorité tranquille, une Europe politique et solidaire». Il a proposé que l’essentiel du projet du PS tienne en trois objectifs : «un emploi, un logement, un savoir». Pour agir toute à gauche sur l'emploi et du pouvoir d'achat, il s'est dit déterminé à refuser «le tout-libéralisme, face aux Etats-Unis, à la Chine ou à l'Inde» et a pronostiqué qu'en 2007, «les allègements fiscaux ne seront clairement pas d'actualité». Il s'est par ailleurs dit en faveur d’«une hausse indispensable des bas salaires» et d' «une sécurité sociale professionnelle» à bâtir avec les partenaires sociaux.

Au passage, Laurent Fabius a donné des gages aux deux courants minoritaires le Nouveau Monde d'Henri Emmanuelli mais aussi du Nouveau parti socialiste d'Arnaud Montebourg. Il a prôné «une nouvelle politique économique très volontaire», cheval de bataille d’Emmanuelli. Il a également appelé de ses vœux «une République nouvelle», l’un des dadas des rénovateurs du Nouveau parti socialiste (NPS) de Arnaud Montebourg et Vincent Peillon et proposé «un référendum institutionnel» au début de la prochaine législature.

Dimanche, l'un des représentants de la direction actuelle du parti, le porte-parole du PS Julien Dray, a récusé les leçons de socialisme de Fabius, mais lui a prudemment tendu la main: «Je ne suis pas convaincu que Laurent Fabius soit celui qui soit le plus à même de nous donner des leçons de socialisme, mais il pourra comme un autre nous représenter en 2007 mais à condition de défendre le projet de tout le parti». Pour l’heure, Laurent Fabius doit encore travailler pour s’imposer. Si l’on en croit le dernier sondage de l'Institut BVA pour la chaîne de télévision d’information continue LCI, Nicolas Sarkozy l'emporterait au deuxième tour de l'élection présidentielle en 2007 face à Laurent Fabius ou Lionel Jospin. Les deux anciens Premiers ministres socialistes gagneraient en revanche s'ils étaient opposés à Jacques Chirac.


par Myriam  Berber

Article publié le 04/07/2005 Dernière mise à jour le 04/07/2005 à 16:53 TU