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Constitution européenne

Jospin à la rescousse du Parti socialiste

Lors d'une conférence organisée par le Parti socialiste le 19 avril, Jacques Delors et Michel Rocard sont venus soutenir François Hollande dans sa campagne pour le «oui» au référendum.(Photo : AFP)
Lors d'une conférence organisée par le Parti socialiste le 19 avril, Jacques Delors et Michel Rocard sont venus soutenir François Hollande dans sa campagne pour le «oui» au référendum.
(Photo : AFP)
A cinq semaines du référendum sur la Constitution européenne, le «non» est toujours en tête dans les sondages même si, pour la première fois depuis mi-mars, une enquête a montré un léger infléchissement des intentions de vote contre le traité. Dans ce contexte, le Parti socialiste, qui doit faire face à la fronde de certains de ses cadres opposés à la Constitution, fait feu de tout bois pour convaincre ses sympathisants de voter «oui». L’intervention télévisée, le 28 avril, de Lionel Jospin, en retraite médiatique depuis son échec à la présidentielle de 2002, s’inscrit dans cette stratégie de reconquête de l’électorat de gauche.

Delors, Mauroy, Rocard, le Parti socialiste (PS) fait appel à ses éléphants pour venir défendre la Constitution européenne. Tous les trois sont venus apporter leur soutien au Premier secrétaire du PS, François Hollande, dans sa campagne pour le «oui» au référendum. Et chacun y est allé de ses arguments pour convaincre les sympathisants socialistes de ne pas se laisser séduire par les sirènes des opposants à la Constitution, en confirmant le principe de base réaffirmé par François Hollande : «On ne peut pas être socialiste sans être européen».

Jacques Delors a fait valoir à quel point ce sont justement les socialistes qui «ont marqué l’histoire de l’Europe». Michel Rocard a «supplié» les Français de ne pas faire de l’Europe «le bouc-émissaire des délocalisations, de la mondialisation mal maîtrisée, de la montée du chômage» car «elle n’y est pour rien». Et Pierre Mauroy n’a pas hésité à envisager les conséquences du «non» pour un PS désuni dans la perspective de la présidentielle de 2007, en déclarant que les socialistes ne devaient pas y «apparaître le visage défiguré, avec un PS qui s’est contorsionné, et jeter l’essentiel de ce qu’ils ont amassé».

Il est vrai que les sondages mettent en valeur le fait que c’est dans l’électorat de gauche que la campagne du «non» obtient le plus d’écho. L’une des dernières enquêtes réalisées (TNS/Sofres publiée le 20 avril) montre une nouvelle fois que 63 % des électeurs de la gauche au sens large envisagent de voter contre la ratification de la Constitution européenne et que 55 % des sympathisants socialistes sont dans le même cas. Alors qu’à droite, ce même sondage estime que 65 % des électeurs sont favorables au «oui» (66 % UDF, 80 % UMP).

Convaincre l’électorat de gauche

Le «oui» socialiste n’apparaît pas crédible aux Français. Et la direction du parti, qui a pourtant défini sa position après un référendum auprès des militants, a toutes les difficultés à défendre son engagement en faveur d’un texte défendu par le gouvernement mais dénoncé par un certain nombre de ses cadres, comme Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon. Le message qui vise à expliquer que la Constitution représente un «progrès» et peut permettre de mieux défendre les droits des travailleurs, que François Hollande et son état-major martèlent, est difficile à faire passer auprès des électeurs, alors même que les dirigeants socialistes ne sont pas d’accord entre eux sur ce point.

François Hollande se trouve dans une position délicate. Il doit condamner la politique du gouvernement tout en utilisant les mêmes arguments que lui pour défendre la Constitution européenne, à savoir le référendum n’a rien à voir avec la politique intérieure et ne doit pas être l’occasion d’un vote sanction. Sa tâche est d’autant plus difficile qu’une partie des Français considèrent que cette alliance des élites politiques de droite et de gauche au nom de l’Europe ne peut se faire que sur le dos des salariés.

Dans ce contexte, l’entrée en campagne de Lionel Jospin, ancien Premier secrétaire du PS mais surtout candidat éliminé au premier tour de la présidentielle, le 21 avril 2002, pour cause d’émiettement des voix socialistes, fait un peu office de va-tout  pour le PS. Depuis cet échec retentissant car il avait permis au président du Front national, Jean-Marie Le Pen, de passer au deuxième tour de l’élection, Lionel Jospin a préféré se mettre en vacances médiatiques et politiques. Sa décision de s’exprimer le 28 avril prochain, n’est donc pas anodine.

L’un de ses fidèles, l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur et actuel député de Paris, Daniel Vaillant, a déclaré que cette intervention était totalement «désintéressée» puisque Lionel Jospin n’est «candidat à rien». Une manière de mettre en valeur l’originalité de l’ancien Premier ministre dans une campagne où le vote sur la  Constitution apparaît souvent comme un prétexte pour préparer l’avenir des uns ou des autres. L’intervention de Lionel Jospin ne vise donc semble-t-il, qu’à faire part aux Français, et surtout aux socialistes, de son soutien au «oui». Réussira-t-il à convaincre les électeurs ? Qui ne risque rien n’a rien.


par Valérie  Gas

Article publié le 21/04/2005 Dernière mise à jour le 21/04/2005 à 17:00 TU