Constitution européenne
Chirac entre en campagne
(Photo : AFP)
Branle-bas de combat dans les rangs de la majorité. En quelques jours, tout le monde a décidé de mettre la main à la pâte pour convaincre les Français de voter «oui» au référendum sur la Constitution européenne. Il est vrai que les sondages n’en finissent pas d’annoncer que le «non» gagne du terrain dans les intentions de vote. Aux grands maux, les grands moyens et le chef de l’Etat lui-même a décidé de prendre le taureau par les cornes sans plus tergiverser. Son intervention télévisée sur la chaîne TF1, dont la date a été fixée au 7 avril, sera donc certainement décisive. Jacques Chirac le sait et il a choisi de la mener sous la forme d’un débat organisé à l’Elysée avec des jeunes. Vraisemblablement pour lui donner un caractère moins solennel et plus proche des citoyens.
L’exercice auquel le président va se livrer est incontournable mais à haut risque. Il doit à la fois peser de tout son poids dans le débat sur la Constitution européenne et éviter de donner l’impression aux Français qu’en votant pour le «oui», ils voteront pour lui. Car c’est bien là que le bât blesse. L’une des principales motivations des partisans du «non» est de dénoncer, au travers du traité, la politique du gouvernement et de mêler les enjeux de politique intérieure avec le vote sur l’Europe. La chose est d’autant plus facile que les Français sont mécontents de leurs gouvernants. Les derniers sondages montrent, en effet, que la cote de popularité du chef de l’Etat est en baisse. Tout comme celle de son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, sur lequel se focalise la grogne sociale. A tel point que dans son camp, certains estiment que l’implication du chef du gouvernement dans la campagne pour le référendum augmente le risque de vote-sanction.
«Personne n’est propriétaire de la campagne»
Mais Jean-Pierre Raffarin n’est pas homme à se laisser écarter. Il est Premier ministre et il entend agir en tant que tel. C’est ce qu’il a rappelé, le 30 mars, lors d’un dîner-débat qui a constitué sa première intervention de campagne. Le chef du gouvernement a expliqué que «personne n’est propriétaire de la campagne» et que «tous ceux qui ont envie de procéder à ce grand débat ont le droit de le faire». A commencer par lui, qui estime être «le chef d’une campagne d’explications». Le Premier ministre, devenu adepte de la «positive attitude», n’envisage pas que son image dégradée puisse jouer sur l’opinion des Français concernant la constitution car «on ne vote pas pour Raffarin, Fabius et les autres, on vote pour celui qui dirigera la France dans 15 ou 20 ans», pour lui donner «de la force et de la puissance».
Chef d’orchestre de la mobilisation en faveur du «oui», Jean-Pierre Raffarin a promis d’organiser environ 500 réunions publiques animées par des ministres pour expliquer les enjeux de l’adoption de la constitution pour la France, pour l’Europe mais aussi pour la France dans l’Europe et dans le monde. D’ores et déjà, les membres du gouvernement sont sur le pied de guerre. La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a même annoncé qu’elle reportait ses déplacements à l’étranger pour pouvoir s’engager pleinement dans la campagne en faveur du «oui». Michel Barnier, le ministre des Affaires étrangères a, quant à lui, décidé de sillonner la France en animant plus de 70 réunions d’explication. Dominique de Villepin, le ministre de l’Intérieur, François Fillon, le ministre de l’Education nationale, ou Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Emploi et de la Cohésion sociale, sont aussi mobilisés pour participer au débat sur la constitution. Leur objectif est de renverser la vapeur et de faire prendre conscience aux Français, surtout aux quelque 40 % d’indécis répertoriés par les sondages, de l’enjeu historique de ce référendum. La tâche s’annonce ardue car seuls 20 % d’entre eux pensent que le rejet du traité provoquerait une crise en Europe.par Valérie Gas
Article publié le 31/03/2005 Dernière mise à jour le 21/04/2005 à 14:46 TU