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Soudan

John Garang est mort

John Garang a trouvé la mort le week-end dernier dans un accident d'hélicoptère.(Photo: ONU)
John Garang a trouvé la mort le week-end dernier dans un accident d'hélicoptère.
(Photo: ONU)
L'alerte est arrivée hier dans l'après-midi par les autorités ougandaises. Une source proche de l'armée a affirmé dans un premier temps que le contact avait été perdu avec l'hélicoptère de John Garang depuis samedi soir. On rapportait déjà que la météo avait été très mauvaise sur le Nord de l'Ouganda et le Sud du Soudan. Puis c'est le porte-parole de l'armée ougandaise qui a confirmé que des recherches étaient en cours pour retrouver l'appareil.

La rumeur courrait à Nairobi, Khartoum, Rumbek, la capitale intérimaire ;  «Garang est porté disparu». La télévision soudanaise dans son édition du journal du soir a ainsi diffusé plusieurs informations contradictoires. John Garang, (a-t-elle dit dans un premier temps) se serait posé sain et sauf dans un camp du Sud-Soudan. Puis on a entendu un communiqué disant que les autorités ougandaises et soudanaises recherchaient l'appareil. Et enfin le ministre de l'information lui-même a reconnu qu'on ne savait pas où était le vice-président. Son appareil aurait quitté Kampala samedi à 15h30. Il devait se poser à 19h00 locale au Soudan.

Le SPLM/ SPLA, le mouvement de John Garang a été pour une bonne part dans cette confusion avec deux porte-parole sur deux lignes différentes. Le premier assurant de manière laconique que le chef du mouvement et vice-président était arrivé sain et sauf au Sud Soudan. L'autre se disait en réunion de crise tout l'après-midi puis il est devenu injoignable. Les premières informations vraiment affirmatives sont venues pendant la nuit. D'abord du chef d'OCHA, le bureau des affaires humanitaires pour le Sud Soudan qui a dit avoir été contacté par l'un des hauts responsables du SPLM/SPLA lui annonçant que  John Garang avait été tué dans un accident.

Enfin une annonce officielle met aux rumeurs. Le communiqué du président  de la République soudanaise Omar El-Beshir a été lu à la télévision ce matin : «l 'appareil du premier vice-président John Garang s'est écrasé après avoir percuté la chaîne de montagne des Amatonj au sud du Soudan, en raison de problèmes de visibilité et il en a résulté la mort de John Garang et de six personnes qui l'accompagnaient ainsi que les sept membres de l'équipage de l'appareil ougandais».

« Le processus de paix sera maintenu »

Il disparaît alors qu'il venait de prendre les fonctions de vice-président. Après des années d'éloignement de la capitale. Après une existence dans le maquis, John Garang avait prêté serment le 9 juillet dernier, dans la grande salle du palais présidentiel de Khartoum. Il est né en 1945 en pays Dinka et a grandi dans une famille aisée et chrétienne. Après des études secondaires en Tanzanie, il s'inscrit en économie à Grinell College aux Etats-Unis. Il combat une première fois le gouvernement aux côtés de la rébellion Anyanya qui signe les accords d'Addis Abeba en 72.

C'est en 1983 qu'il prendra la place de pivot au sein de la rébellion sudiste. Envoyé à la rencontre de troupes qui refusent d'obéir aux ordres, il les conduit en Ethiopie et fonde le SPLM/SPLA, le mouvement populaire et l'Armée populaire de Libération du Soudan. Leader charismatique, John Garang n'en était pas moins contesté dans ses propres rangs. Autoritaire, selon les uns. Trop favorable à son ethnie, les Dinkas, selon les autres. L'option d'un Soudan uni qu'il privilégiait est loin de faire l'unanimité au sein de son propre camp.

Garang avait su maintenir un semblant d'unité dans un sud-soudan morcelé en plusieurs groupes ethniques. L'accord de paix du 9 janvier lui garantissait et garantit à son successeur au sein du SPLM les postes de premier vice-président et de président du gouvernement autonome du Sud-Soudan. Ce matin, le président Omar El-Beshir a affirmé que la mort de John Garang renforçait sa détermination à poursuivre le processus de paix, mais au Sud la succession risque de réveiller bien des convoitises et des blessures.


par Laurent  Correau

Article publié le 01/08/2005 Dernière mise à jour le 01/08/2005 à 13:57 TU

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Bulen Keni Yata

Rédacteur en chef du quotidien soudanais Juba Post

«Les manifestants sont en colère, ils pensent que tout cela était planifié par les Nordistes…»

Yasser Armane

Porte-parole de la SPLA/SPLM

«Le SPLM reste déterminé à appliquer loyalement l’accord de paix global.»

Lorena Brander

Responsable de la communication au CICR

«On ne connaît pas encore le nombre de victimes mais le bilan pourrait être très lourd.»

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