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Iran

La reprise des activités nucléaires

L'Iran menace de reprendre ses activités à l’usine de conversion d'uranium à Ispahan.DR
L'Iran menace de reprendre ses activités à l’usine de conversion d'uranium à Ispahan.
DR
Les autorités iraniennes affirment vouloir relancer dans la journée du 1er août certaines activités nucléaires en raison de l’absence de proposition européenne. Téhéran avait fixé un ultimatum qui expire aujourd’hui.

De notre correspondant à Téhéran

«Nous remettrons lundi à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) la lettre annonçant la reprise de nos activités de conversion d'uranium dans son usine d'Ispahan (centre), et le redémarrage commencera immédiatement», a déclaré un responsable du programme nucléaire iranien ayant requis l’anonymat. «Nous allons reprendre Ispahan mais nous continuerons les négociations à propos de l’usine d’enrichissement de Natanz», a ajouté Mohammad Saïdi, le vice-président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), chargé des relations internationales. Un peu plus tôt dans la journée, le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi, avait déclaré que les scellés posés sur les installations par l'AIEA «vont être enlevés en présence des inspecteurs (de l'agence) et les activités vont reprendre».  

Dimanche soir, le Haut représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne, Javier Solana, a appelé les responsables iraniens au téléphone pour tenter de les convaincre d’attendre encore. Un revirement de dernière minute n’est pas exclu. Mais les Iraniens demandent d’avoir des assurances que la proposition européenne évoquera la question de l’enrichissement d’uranium et du cycle de combustible nucléaire. Téhéran va-t-il, cette fois-ci, franchir le pas et démarrer – même partiellement – ses activités à l’usine de conversion d’Ispahan, où va-t-il, comme en mai dernier, renvoyer aux calendres grecques toute décision ? En tout cas, comme en mai dernier, un émissaire iranien a été envoyé à Vienne portant une lettre pour annoncer aux responsables de l’AIEA la reprise des activités à Ispahan.

Pour les Européens, les Iraniens font une erreur de calcul

Visiblement, les Européens refusent d'entendre parler du droit de l’Iran à l’enrichissement. Pour Paris, Londres et Berlin, une reprise de la conversion, préalable à l'enrichissement, ruinerait le processus de négociations. «Il s'agit de pressions difficilement acceptables qui nous conduisent à exprimer notre surprise et notre préoccupation», a réagi à Paris un diplomate sous couvert de l'anonymat. Une reprise «constituerait un pas inutile et préjudiciable» qui rendrait «très difficile la poursuite des négociations» alors que les Européens prévoient de faire des propositions de coopération «pleines et détaillées» dans une semaine, a abondé le Foreign Office britannique. La levée des scellés serait une «provocation et les indices d'une rupture seraient clairs», a dit un diplomate.

Les Européens ont mis en garde Téhéran contre un possible envoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies, une décision réclamée par les Etats-Unis depuis le début de la crise. Pour les Européens, qui offrent une coopération nucléaire, commerciale et politique, la garantie la plus probante, c'est que les Iraniens renoncent définitivement à l'enrichissement, ce que Téhéran refuse. Les Européens ont proposé de remettre les propositions détaillées d'une coopération le 7 août, après la prise de fonctions du nouveau président Mahmoud Ahmadinejad. Ce que Téhéran a refusé.

L'usine d'Ispahan est très sensible dans le cycle du combustible nucléaire. Elle transforme du «yellowcake», une poudre de minerai d'uranium concentré extrait des mines du désert iranien, en tétrafluorure (UF4) puis en hexafluorure d'uranium (UF6). Ensuite ce gaz doit ensuite être introduits dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium. Les centrifugeuses de l'usine de Natanz, à une centaine de kilomètres au nord d'Ispahan, sont également sous scellés.

L'Iran a toujours assuré vouloir enrichir l'uranium à 3,5% pour alimenter en combustible ses centrales nucléaires civiles. Mais, hautement enrichi, l'uranium peut servir à fabriquer la bombe atomique. Les experts soulignent en effet qu'il n'y a pas très loin entre la maîtrise de l'enrichissement à un taux réduit et à un taux élevé.

Aux yeux des Iraniens, la reprise des activités à l’usine de conversion d'uranium d'Ispahan, est une première étape. «A terme nous reprendrons aussi nos activités à Natanz», a prévenu le président réformateur Mohammad Khatami qui doit quitter le pouvoir le 3 août.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 01/08/2005 Dernière mise à jour le 01/08/2005 à 15:44 TU

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Thérèse Delpech

Directrice des Affaires stratégiques au Commissariat à l'énergie atomique

«Il est possible que l’Iran ait une attitude qui soit de plus en plus semblable à celle de la Corée du Nord en posant des ultimatums aux Occidentaux.»

Ehsan Manoochehri

Coordinateur à RFI et ancien responsable de la rédaction en langue persane

«En Iran, les autorités sont de plus en plus convaincues que l’Europe veut empêcher l’Iran d’accéder à la technologie d’enrichissement nucléaire…»

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