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Iran

Nucléaire : Téhéran hausse le ton

Une reprise de la conversion est susceptible de provoquer une nouvelle crise qui pourrait conduire la République islamique devant le Conseil de sécurité.Photo : AFP
Une reprise de la conversion est susceptible de provoquer une nouvelle crise qui pourrait conduire la République islamique devant le Conseil de sécurité.
Photo : AFP
Une semaine avant son départ et l’arrivée du conservateur Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir, alors que les grands pays européens doivent présenter de nouvelles propositions de coopération, le président réformateur iranien Mohammad Khatami a durci le ton dans le dossier nucléaire, en affirmant que l’Iran allait reprendre prochainement une partie de ses activités nucléaires sensibles.

De notre correspondant à Téhéran

La déclaration du président Khatami intervient alors que les trois grands pays européens (France, Grande-Bretagne, Allemagne) doivent présenter fin juillet – début août de nouvelles propositions de coopération à l’Iran dans le domaine économique, politique, sécuritaire et nucléaire. « J'espère que leurs propositions prévoiront, comme cela était convenu, le redémarrage (des activités de conversion) d'Ispahan, mais que cela y figure ou non, nous allons reprendre les activités d'Ispahan », a déclaré Mohammad Khatami. Selon l’actuel président, qui quittera le pouvoir le 3 août prochain, la décision définitive de reprendre les activités de conversion, a été prise lors d’une réunion des dirigeants historiques du régime islamique, à laquelle participaient le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, le président Mohammad Khatami lui-même, le nouveau président Mahmoud Ahmadinejad, ainsi que l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi.

La conversion d’uranium est l’étape qui précède l’enrichissement lui-même. Il s’agit de fabriquer d'UF6 (hexafluorure d'uranium), gaz introduits dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium enrichi. L'enrichissement, qui produit le combustible pour les centrales civiles, peut être détourné pour fabriquer l'arme nucléaire. Il y a quelques jours, Hassan Rohani, dirigeant en charge du dossier nucléaire avait déclaré l’Iran avait réussi à produire plusieurs tonnes d'UF6 et possédait un nombre « considérable » de centrifugeuses, destinés à l’enrichissement d’uranium.

L’Iran a accepté en novembre 2004 de suspendre toutes les activités d'enrichissement, y compris la conversion mais aussi la fabrication et l’assemblage de centrifugeuses, pour faciliter les négociations avec les Européens. L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne se sont engagées en mai à présenter à l'Iran avant le mois d'août des propositions détaillées de coopération technologique, commerciale et politique. Cet engagement avait sauvé les difficiles négociations ouvertes pour obtenir de l'Iran les garanties objectives qu'il ne fabrique pas l'arme nucléaire, en échange d'une telle coopération avec l'Union européenne. Pour les Européens, mais aussi les États-Unis, la meilleure garantie, c'est que les Iraniens renoncent définitivement à l'enrichissement d'uranium, garantie la plus probante que le nucléaire iranien reste purement civil.

La crise portée devant le Conseil de sécurité ?

Une reprise de la conversion est susceptible de provoquer une nouvelle crise qui pourrait conduire la République islamique devant le Conseil de sécurité. « Pour le moment, il n’est pas question de reprendre l’enrichissement. Mais c’est notre droit absolu et un jour nous reprendrons aussi l’enrichissement. Pour l’instant, il s’agit de reprendre les activités de conversion à Ispahan », a déclaré M. Khatami. Ainsi, la conversion serait le premier pas vers une reprise, à terme, de l'enrichissement.

« L'Iran connaît les conséquences de toute reprise d'activités aujourd'hui suspendues, qui ne pourrait être que négative pour l'Iran », a mis en garde la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères à Paris, Cécile Pozzo di Borgo, tout en assurant que l'offre européenne « ouvrira la perspective d'une nouvelle relation entre l'Iran et l'Europe ». Le président français Jacques Chirac est même allé plus loin lors d’une rencontre avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon en visite à Paris, en affirmant que la France était favorable à une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu si Téhéran ne donnait pas de « garanties objectives » sur l'arrêt définitif de ses activités nucléaires sensibles. La France a « pour but d'obtenir des garanties objectives que l'Iran renonce à toute activité dans le domaine de la fabrication de matières fissiles, sous le contrôle de l'AIEA » (Agence internationale de l'énergie atomique), a dit le président français selon le porte-parole de l’Élysée. « Si ce n'est pas le cas, la question devra être portée devant le Conseil de sécurité » de l'Onu, a-t-il ajouté.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 28/07/2005 Dernière mise à jour le 28/07/2005 à 16:01 TU