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Nucléaire iranien

L'Iran refuse de céder

Hassan Rohani en charge du dossier nucléaire iranien accepte un report de «<EM>quelques jours</EM>» pour la reprise des activités nucléaires.(Photo : AFP)
Hassan Rohani en charge du dossier nucléaire iranien accepte un report de «quelques jours» pour la reprise des activités nucléaires.
(Photo : AFP)
L'Iran a accepté de reporter la reprise annoncée de certaines activités nucléaires sensibles, le temps d'avoir dans les prochains jours des discussions de haut niveau et de la dernière chance avec l'Europe.
Sous la pression des Européens, l’Iran a accepté un report de «quelques jours» de la reprise de ses activités nucléaires sensibles suspendues en novembre 2004. «Que la reprise de nos activités soit retardée de quelques jours n'est pas un problème», a déclaré à la télévision d’Etat Hassan Rohani, en charge du dossier nucléaire. «Les Européens ont proposé une rencontre au niveau ministériel, nous ne sommes pas hostiles au principe d’une telle rencontre (…) Mais nous ne pouvons pas continuer les négociations avec les Européens sans qu'une partie de nos activités n'ait repris», a-t-il ajouté. «Nous préférons que nos activités reprennent avec un accord (avec les Européens) mais, faute d'accord, nous nous en tiendrons à notre décision et nous recommencerons sans le moindre doute une partie de nos activités», a insisté M. Rohani.

Depuis l’échec des négociations entre l’Iran et les trois grands pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne) le 29 avril dernier, l’Iran menace de reprendre une partie de ses activités nucléaires sensibles, c’est-à-dire les activités de conversion à l’usine UFC d’Ispahan, qui est l’étape qui précède l’enregistrement lui-même. Les installations de conversion d'Ispahan (centre de l'Iran) transforment du minerai d'uranium en tétrafluorure d'uranium (UF4) et en hexafluorure d'uranium (UF6), gaz ensuite introduits dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium enrichi. L'enrichissement d'uranium est destiné à fabriquer du combustible pour les centrales nucléaires civiles mais il peut également servir à la construction de la bombe atomique. L'Iran  affirme vouloir seulement enrichir de l'uranium à 3,5%, destiné à la fabrication du combustible.

Une nouvelle série de négociations

«La décision de l'Iran concernant la reprise des activités de l'usine (de conversion) d'Ispahan est définitive», avait déclaré un peu plus tôt Sirous Nasseri, le négociateur nucléaire iranien, qui a «conseillé aux Européens de ne pas utiliser le langage de la menace car c'est contraire à leurs intérêts». M. Nasseri, qui dirige les négociations nucléaires avec les trois pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne), s'était rendu à Vienne pour remettre une lettre à l'AIEA annonçant la reprise d'une partie des activités nucléaires iraniennes. «Nous devions annoncer officiellement par lettre (la reprise d'une partie de nos activités nucléaires) à l'AIEA mais comme la partie européenne a demandé une nouvelle rencontre de haut niveau (...), nous avons retardé de quelques jours l'annonce de la reprise», a-t-il déclaré.

Il a également critiqué les menaces proférées par «les Européens et plus particulièrement (Tony) Blair» qui doivent savoir que «toute menace qui aboutira à une confrontation avec l'Iran sera une erreur stratégique pour les Européens». Le Premier ministre britannique Tony Blair a explicitement évoqué jeudi la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, si Téhéran violait «ses obligations» dans le domaine nucléaire. «Nous allons certainement en appeler au Conseil de sécurité des Nations unies si l'Iran viole ses obligations et ses engagements», a affirmé M. Blair. Les Européens ont prévenu les Iraniens qu'ils considèreraient le redémarrage de l'enrichissement comme une rupture de leur accord et qu'ils n'auraient alors d'autre choix que de soutenir une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, préconisée depuis des mois par Washington.

L'Iran a accepté en novembre 2004 de suspendre ses activités liées à l'enrichissement, notamment la conversion, contre l'ouverture de négociations en vue d'un accord de coopération technologique, commerciale et politique avec l'Union européenne. Mais il refuse de renoncer totalement à ces activités. Pour montrer sa détermination, l’Iran a fait monter les enchères. En effet, le Parlement iranien, contrôlé par les conservateurs, a lancé un véritable défi aux Européens par une large majorité de 188 députés sur 205 présents, forçant le gouvernement à garantir la production de combustible nucléaire, donc l'enrichissement d'uranium.

La loi, intitulée «acquisition de la technologie nucléaire à des fins pacifiques», stipule que «le gouvernement de la République islamique d'Iran est obligé (...) de fournir à la nation la technologie nucléaire à des fins pacifiques et de garantir le cycle de production de combustible, pour produire 20 000 mégawatts d'électricité».Or, les Européens, soutenus par les Etats-Unis mais aussi la Russie, demandent à l’Iran de renoncer à l’enrichissement d’uranium. Dans ces conditions, la nouvelle série de négociations entre les trois chefs de la diplomatie européenne et Hassan Rohani risque d’être particulièrement difficile.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 15/05/2005 Dernière mise à jour le 15/05/2005 à 17:33 TU