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Iran

Répit sur le nucléaire, négociations avec l’OMC

L'ambassadeur de la République islamique d'Iran auprès des Nations unies à Genève, Mohammad Reza Alborzi. Après neuf ans de demandes, l’Iran a obtenu ce jeudi l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).(Photo : AFP)
L'ambassadeur de la République islamique d'Iran auprès des Nations unies à Genève, Mohammad Reza Alborzi. Après neuf ans de demandes, l’Iran a obtenu ce jeudi l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
(Photo : AFP)
L’Iran vient d’obtenir l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les Etats-Unis n’ont pas opposé leur veto à cette décision en raison de l’accord sur le dossier nucléaire conclu, la veille, entre l’Union européenne et l’Iran. Téhéran s’est engagé à ne pas relancer son programme d’enrichissement de l’uranium à des fins militaires en échange d’une promesse des Européens de faire, d’ici deux mois, des «propositions détaillées» concernant une coopération sur le programme nucléaire civil.

La vingt-deuxième fois aura été la bonne. Téhéran vient d’obtenir l’ouverture de négociations sur son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce après 21 échecs consécutifs depuis 1996, date à laquelle ce pays a fait connaître sa candidature. L’ambassadeur d’Iran auprès des Nations unies à Genève, Mohammad Reza Alborzi, a été invité à participer à une réunion à huis clos du conseil général de l’OMC, pour être informé de cette décision prise à l’unanimité par les 148 membres. Cela ne signifie pas pour autant que l’Iran entrera très rapidement dans l’organisation puisque la procédure d’adhésion peut prendre de cinq à quinze ans suivant les cas. C’est le revirement de la position des Etats-Unis, qui ont accepté de ne pas mettre leur veto, qui a permis d’aboutir à cette conclusion favorable pour l’Iran. Mohammad Reza Alborzi a pris acte de la position américaine qu’il a commentée en déclarant : «Les Etats-Unis ont bloqué notre adhésion pour des raisons politiques. Ils la débloquent pour des raisons politiques».

En renonçant à fermer la porte de l’OMC à l’Iran, les Etats-Unis marquent en effet leur volonté de soutenir l’accord conclu avec ce pays par l’Union européenne sur le dossier stratégique du nucléaire. Les ministres des Affaires étrangères français, Michel Barnier, britannique, Jack Straw et allemand, Joschka Fischer se sont entendus, le 25 mai, avec le négociateur iranien, Hassan Rohani, pour ne pas remettre en cause l’accord de Paris, conclu en novembre 2004, par lequel l’Iran s’était engagé à suspendre ses activités nucléaires sensibles, c’est-à-dire les programmes qui pourraient permettre à terme le développement de l’arme nucléaire et son utilisation à des fins militaires. En échange, l’Union européenne a répondu favorablement à la demande iranienne de coopération sur les aspects civils (énergie notamment) et s’est engagée à faire «des propositions détaillées» à Téhéran d’ici le mois d’août 2005. Avec en prime un petit coup de pouce pour engager le processus d’adhésion à l’OMC.

Eviter la rupture

Ce compromis permet de désamorcer une crise. L’Iran menaçait, en effet, avant la reprise des pourparlers avec les représentants de l’Union européenne de relancer ses recherches en vue de réaliser la conversion de l’uranium si aucune avancée n’était réalisée pour lui permettre de développer un programme nucléaire civil. Face à cette menace, les Etats-Unis qui ont placé l’Iran dans «l’axe du mal» aux côtés de la Corée du Nord et de l’Irak, envisageaient d’en référer au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies pour demander des sanctions contre la République islamique. Une position que les Européens, eux aussi inquiets des velléités de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, envisageaient sérieusement de soutenir.

L’accord conclu mercredi ne règle pas définitivement la situation. Mais il offre un répit puisqu’il permet la reprise du dialogue et empêche une nouvelle dégradation de la situation qui n’est souhaitée par aucune des parties concernées. L’Iran veut éviter un recours devant le Conseil de sécurité de l’ONU susceptible de fragiliser le pays qui se trouve actuellement en pleine campagne pour l’élection présidentielle du 17 juin. Alors que les Européens redoutent qu’une rupture des négociations avec Téhéran ne crée une nouvelle zone de tensions dans une région déjà en proie à de nombreux troubles. Reste à savoir quelles concessions chacun des interlocuteurs en présence est prêt à faire pour trouver une solution. Une partie de la réponse réside dans le résultat de l’élection présidentielle iranienne. Car la personnalité du prochain chef de l’Etat influera vraisemblablement sur la détermination du gouvernement iranien à trouver un terrain d’entente avec les Occidentaux sur un dossier aussi sensible et stratégique que celui du nucléaire.


par Valérie  Gas

Article publié le 26/05/2005 Dernière mise à jour le 26/05/2005 à 16:57 TU