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Iran

Interrogations persistantes sur le programme nucléaire

Hassan Rohani, le responsable du nucléaire iranien, nie développer un programme nucléaire secret. 

		(Photo: AFP)
Hassan Rohani, le responsable du nucléaire iranien, nie développer un programme nucléaire secret.
(Photo: AFP)
Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) met en cause les objectifs du programme nucléaire iranien, à quelques jours d’une réunion consacrée à ce dossier au siège de l’agence à Vienne. Les experts qui ont rédigé ce document affirment avoir trouvé des traces de contamination à l’uranium hautement enrichi dans une usine. Cela pourrait signifier que le pays développe un programme militaire, malgré les dénégations de Téhéran.
L’Iran ne dissimule «aucune activité nucléaire secrète». C’est en tout cas ce que le responsable du nucléaire iranien, Hassan Rohani, a affirmé haut et fort lors d’une conférence de presse destinée à répondre aux récentes accusations dont son pays a fait l’objet. Selon lui, au contraire, le «dossier nucléaire iranien est en voie de règlement». Et pourtant, les informations contenues dans le dernier rapport des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique ( AIEA) semblent indiquer que de nombreuses interrogations persistent sur les objectifs des Iraniens en matière de nucléaire et sur leur réelle volonté de collaborer avec les inspecteurs chargés de vérifier les sites sensibles dans le pays, dans le cadre de l’accord passé, en 2003, après la signature par Téhéran du protocole additionnel au Traité de non-prolifération.

Les experts de l’AIEA ont annoncé la découverte dans une usine à Farayand, de traces d’uranium hautement enrichi, un matériau pouvant être destiné à la fabrication d’une bombe nucléaire. Des particules similaires avaient d’ailleurs déjà été trouvées, il y a un an, sur deux autres sites à Natanz et Kalaye. Le rapport rendu le 1er juin aux gouverneurs de l’agence, indique, d’autre part, que l’Iran continue de fabriquer des pièces de centrifugeuses, qui servent à enrichir l’uranium, alors qu’il a affirmé avoir stoppé cette production depuis le mois d’avril. L’AIEA affirme encore que Téhéran a aussi reconnu avoir importé «quelques aimants », éléments de centrifugeuses, mais aurait, en fait, cherché «en vain» à s’en procurer des quantités plus importantes à l’étranger.

Téhéran doit s’expliquer

Malgré ces éléments troublants, le directeur général de l’agence, Mohamed ElBaradeï, a déclaré que «rien ne prouve concrètement qu’un programme militaire est lancé» et qu’il est donc «prématuré» de s’avancer sur ce point. Il a néanmoins prévenu les autorités iraniennes que si les soupçons concernant l’existence d’un lien entre le programme nucléaire civil et militaire se confirmaient, il n’hésiterait pas à transmettre le dossier au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Pour le moment, les explications avancées par Téhéran sont, en effet, jugées «changeantes et contradictoires». En tout cas, peu convaincantes. Hassan Rohani affirme que «les contaminations [à l’uranium hautement enrichi] proviennent de pièces importées de l’étranger». Il reprend ainsi les arguments utilisés il y a un an pour expliquer la découverte d’autres traces de ce matériau. Concernant les centrifugeuses, il affirme que la production a continué dans trois ateliers privés, hors du contrôle de l’Etat, en raison des compensations financières demandées qui n’ont pu être accordées. Mais il a déclaré qu’en aucun cas, il ne s’agissait d’éléments de centrifugeuses de technologie avancée destinés à enrichir l’uranium à des fins militaires.

Téhéran a aussi fait mine de menacer d’arrêter sa collaboration avec l’AIEA si sa bonne foi n’était pas reconnue lors de la réunion de Vienne, consacrée à ce dossier, le 14 juin prochain. Le ministre des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a ainsi déclaré : «Nous attendons que, dans la ligne de notre coopération avec l’agence, elle examine cette affaire sans la politiser et prépare le terrain pour que le dossier de l’Iran soit refermé le plus vite possible». Le président Mohammad Khatami a même précisé que si ce n’était pas le cas, l’Iran pouvait toujours «revenir sur les décisions volontaires» qu’elle avait prise dans le domaine nucléaire.

Cette tentative d’intimidation a été jugée malvenue par les Etats-Unis qui accusent sans ambiguïté Téhéran de développer en secret un programme nucléaire militaire. Richard Boucher, le porte-parole du département d’Etat, a expliqué que du point de vue américain l’Iran n’a pas «coopéré avec l’AIEA pour résoudre des sujets en suspens concernant son programme nucléaire» et a «clairement fait savoir… qu’il ne se sent pas lié par sa promesse de suspendre toutes les activités liées à l’enrichissement d’uranium».



par Valérie  Gas

Article publié le 02/06/2004 Dernière mise à jour le 02/06/2004 à 15:27 TU