Iran
Nucléaire: Téhéran s'incline
Dans un rapport d’une trentaine de pages, l’Agence internationale de l’énergie atomique estime qu’il n’y a pas de preuve de l’existence d’un programme nucléaire militaire iranien, mais que Téhéran a longuement dissimulé l’évolution de ses activités dans ce domaine. L’AIEA se félicite de la nouvelle politique de coopération active et d’ouverture de l’Iran qui annonce accepter de signer le protocole additionnel du traité de non-prolifération nucléaire et suspendre temporairement l’enrichissement de son uranium.
C’est apparemment la fin du bras de fer. Il semble en tout cas qu’aujourd’hui c’est bien la même logique qui prévaut tant à Téhéran qu’au sein des instances internationales. Les autorités iraniennes ont reconnu que leurs affaires nucléaires posaient un problème, sont convenues d’y remédier, annoncent des mesures concrètes et offrent des garanties. Lundi, en visite à Moscou, le chef du conseil suprême de sécurité nationale iranien a officiellement annoncé deux informations capitales sur ce dossier : la suspension temporaire de l’enrichissement de l’uranium et l’acceptation du protocole additionnel du Traité de non-prolifération, dont son pays est signataire depuis 1970. En acceptant ce protocole, Téhéran se soumet à la volonté de la communauté internationale, notamment incarnée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et ouvre ses installations atomiques à des inspections sans préavis.
Parallèlement, lundi a été remis aux 35 pays-membres du conseil des gouverneurs, organe exécutif de l’AIEA, le rapport de l’agence sur les activités nucléaires de l’Iran. Ce document, qui doit servir de base de discussions lors de la prochaine réunion de l’AIEA le 20 novembre, pointe les manquements «à plusieurs occasions et sur une longue période» et rappelle que «la politique iranienne de dissimulation s’est poursuivie jusqu’au mois dernier, avec une coopération limitée (…) et des informations lentes à remonter, changeantes et contradictoires». Il souligne un certain nombre de révélations faites par les autorités iraniennes elles-mêmes concernant ses programmes, et notamment que ce pays a reconnu avoir produit une petite quantité de plutonium et mis en place une usine d’enrichissement d’uranium, autant de matériaux susceptible de servir à la fabrication de bombes atomiques. Mais pas seulement car la technologie nucléaire est ambivalente et autorise facilement les transferts de compétence et de technologie du civil au militaire (et vice et versa).
En conséquence l’AIEA ne tranche pas et estime qu’«actuellement, il n’existe pas de preuve que des matériaux nucléaires non déclarés aient un rapport avec un programme nucléaire militaire». «Toutefois, compte-tenu des dissimulations faites dans le passé par l’Iran, il faudra du temps avant que l’agence ne soit en mesure de conclure que le programme nucléaire iranien est voué à des fins exclusivement pacifiques», ajoute le rapport. Au bénéfice du doute, Téhéran obtient donc un certificat de bonne conduite, probablement décerné en raison de la récente et très nette évolution de son attitude dans cette affaire. En effet, le document souligne que, depuis l’ultimatum fixé par l’AIEA le 12 septembre, «l’Iran avait désormais adopté une politique de divulgation totale» et, depuis la visite à Téhéran de la troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne) le 21 octobre, permis un «accès illimité» des experts de l’ONU à ses installations.
L’Iran maîtrise l’ensemble de la filière atomique
C’est donc un développement décisif qui vient d’intervenir dans cette affaire de prolifération qui figure parmi les grands dossiers dont la communauté internationale a eu à se saisir au cours de ces derniers mois. S’agit-il d’un tournant ? la réponse interviendra bientôt lorsque, les 20 et 21 novembre, se réuniront à nouveau les gouverneurs de l’AIEA pour déterminer s’il y a lieu de déclarer que l’Iran a violé ses obligations. Une réponse positive entraînerait alors une saisine du Conseil de sécurité de l’ONU et un risque d’éventuelles prises de sanctions contre l’Iran. C’est sur cette voie que Washington souhaiterait engager l’agence. Mais, compte tenu de ces récents développements et de la volonté manifeste et inédite de transparence de Téhéran, l’administration américaine a peu de chance d’être suivie sur ce terrain-là.
Le rapport de l’AIEA montre en tout cas la permanence du souci iranien de maîtriser la totalité de la filière atomique, de l’extraction du minerai à la construction des réacteurs, conformément à un principe de souveraineté et une volonté d’indépendance très anciens. Téhéran n’en restera d’ailleurs pas là. Lors de sa visite à Moscou, le chef du conseil suprême de sécurité nationale iranien a annoncé la poursuite de la coopération nucléaire entre l’Iran et la Russie. Rappelant le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire de son pays, Hassan Rohani a indiqué que la Russie s’engageait à «terminer dans un avenir proche la construction de la centrale de Bouchehr». Et «nous commencerons bientôt les négociations sur la construction d’un deuxième réacteur», a ajouté M. Rohani. «Les dirigeants russes nous disent que l’atmosphère est meilleure que jamais pour accélérer nos relations dans le domaine nucléaire», a-t-il enfin déclaré après un entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères.
Parallèlement, lundi a été remis aux 35 pays-membres du conseil des gouverneurs, organe exécutif de l’AIEA, le rapport de l’agence sur les activités nucléaires de l’Iran. Ce document, qui doit servir de base de discussions lors de la prochaine réunion de l’AIEA le 20 novembre, pointe les manquements «à plusieurs occasions et sur une longue période» et rappelle que «la politique iranienne de dissimulation s’est poursuivie jusqu’au mois dernier, avec une coopération limitée (…) et des informations lentes à remonter, changeantes et contradictoires». Il souligne un certain nombre de révélations faites par les autorités iraniennes elles-mêmes concernant ses programmes, et notamment que ce pays a reconnu avoir produit une petite quantité de plutonium et mis en place une usine d’enrichissement d’uranium, autant de matériaux susceptible de servir à la fabrication de bombes atomiques. Mais pas seulement car la technologie nucléaire est ambivalente et autorise facilement les transferts de compétence et de technologie du civil au militaire (et vice et versa).
En conséquence l’AIEA ne tranche pas et estime qu’«actuellement, il n’existe pas de preuve que des matériaux nucléaires non déclarés aient un rapport avec un programme nucléaire militaire». «Toutefois, compte-tenu des dissimulations faites dans le passé par l’Iran, il faudra du temps avant que l’agence ne soit en mesure de conclure que le programme nucléaire iranien est voué à des fins exclusivement pacifiques», ajoute le rapport. Au bénéfice du doute, Téhéran obtient donc un certificat de bonne conduite, probablement décerné en raison de la récente et très nette évolution de son attitude dans cette affaire. En effet, le document souligne que, depuis l’ultimatum fixé par l’AIEA le 12 septembre, «l’Iran avait désormais adopté une politique de divulgation totale» et, depuis la visite à Téhéran de la troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne) le 21 octobre, permis un «accès illimité» des experts de l’ONU à ses installations.
L’Iran maîtrise l’ensemble de la filière atomique
C’est donc un développement décisif qui vient d’intervenir dans cette affaire de prolifération qui figure parmi les grands dossiers dont la communauté internationale a eu à se saisir au cours de ces derniers mois. S’agit-il d’un tournant ? la réponse interviendra bientôt lorsque, les 20 et 21 novembre, se réuniront à nouveau les gouverneurs de l’AIEA pour déterminer s’il y a lieu de déclarer que l’Iran a violé ses obligations. Une réponse positive entraînerait alors une saisine du Conseil de sécurité de l’ONU et un risque d’éventuelles prises de sanctions contre l’Iran. C’est sur cette voie que Washington souhaiterait engager l’agence. Mais, compte tenu de ces récents développements et de la volonté manifeste et inédite de transparence de Téhéran, l’administration américaine a peu de chance d’être suivie sur ce terrain-là.
Le rapport de l’AIEA montre en tout cas la permanence du souci iranien de maîtriser la totalité de la filière atomique, de l’extraction du minerai à la construction des réacteurs, conformément à un principe de souveraineté et une volonté d’indépendance très anciens. Téhéran n’en restera d’ailleurs pas là. Lors de sa visite à Moscou, le chef du conseil suprême de sécurité nationale iranien a annoncé la poursuite de la coopération nucléaire entre l’Iran et la Russie. Rappelant le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire de son pays, Hassan Rohani a indiqué que la Russie s’engageait à «terminer dans un avenir proche la construction de la centrale de Bouchehr». Et «nous commencerons bientôt les négociations sur la construction d’un deuxième réacteur», a ajouté M. Rohani. «Les dirigeants russes nous disent que l’atmosphère est meilleure que jamais pour accélérer nos relations dans le domaine nucléaire», a-t-il enfin déclaré après un entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères.
par Georges Abou
Article publié le 11/11/2003