Iran
Téhéran fait des concessions mais ne renonce pas
La visite des trois ministres des Affaires étrangères allemand, britannique et français à Téhéran –la première du genre– peut d’ores et déjà être interprétée comme une victoire de la diplomatie européenne. A l’issue de leur rencontre avec les responsables iraniens, le chef du Conseil suprême pour la sécurité nationale, Hassan Rohani, a en effet annoncé que son pays acceptait de signer le protocole additionnel du Traité de non-prolifération (TNP) qui lui impose notamment un contrôle strict de ses activités nucléaires. Mais si de part et d’autre on se félicite de cette décision, Téhéran insiste toutefois sur le fait qu’il se réserve le droit de reprendre l’enrichissement de l’uranium en fonction de ses intérêts.
En annonçant son intention de signer le protocole additionnel du TNP, Téhéran lève l’épée de Damoclès que représentait l’ultimatum fixé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour que l’Iran lui fournisse toutes les informations sur ses activités nucléaires passées et présentes. En cas de refus de coopérer, la république islamique s’exposait en effet, et ce dès le 1er novembre, à une saisine du Conseil de sécurité des Nations unies assortie d’une menace de sanctions internationales. Aujourd’hui et à l’issue de la visite des trois chefs de la diplomatie européenne, l’ambiance semble ne plus être à la suspicion. Téhéran s'est en effet engagé par écrit à accepter un contrôle renforcé de ses activités nucléaires, à suspendre tout enrichissement d'uranium –ce qu’il avait jusqu’à présent catégoriquement nié faire– et à montrer «une coopération et une transparence totales» vis-à-vis de l’AIEA.
Les trois ministres européens se sont d’ailleurs empressés de saluer la décision de Téhéran et tous ont parlé d’«un jour important» pour la lutte contre la prolifération, pour la stabilité dans la région et pour les relations entre l’Iran et l’Union européenne. «Nous pouvons désormais aller de l’avant et progresser dans un dialogue sérieux», s’est ainsi félicité le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, pour qui la nouvelle attitude des autorités iraniennes ne pourra que «stabiliser la région». Un point de vue partagé par le Français Dominique de Villepin qui a tenu à préciser que l’initiative européenne s’est faite «en étroite concertation avec l’AIEA, avec nos partenaires européens et avec Colin Powell et Igor Ivanov», les chefs de la diplomatie américaine et russe. «Nous avons effectué cette visite pour marquer notre plein respect pour la souveraineté de l'Iran», a pour sa part déclaré le Britannique Jack Straw. «La signature du protocole additionnel ne sape pas la souveraineté de l'Iran», a-t-il également insisté en soulignant qu’une étape avait certes été franchie mais que l’important désormais était l’application des accords décidés.
Victoire pour Khatami ?
Car si les ministres européens semblent aujourd’hui satisfaits des engagements pris par Téhéran, ils ont bien conscience que leur application ne sera pas si aisée, tant certaines résistances sont importantes au sein du pouvoir iranien. Et si Hassan Rohani, l’homme en charge du dossier nucléaire iranien, a une nouvelle fois affirmé que «les armes nucléaires n’avaient pas leur place dans la doctrine de défense de l’Iran», il s’est tout de même empressé d’affirmer que la décision de Téhéran de suspendre l’enrichissement de l’uranium n’était que temporaire. «Nous suspendons nos activités aussi longtemps que nous le jugerons nécessaire et nous reprendrons ces activités si nous le jugeons nécessaire», a-t-il insisté. Et de préciser : «cela peut être dans un jour, un an ou plus. La décision nous appartient et dépend de nos intérêts».
Ce bémol à une «coopération et à une transparence totales» n’est peut-être destiné qu’à rassurer les durs du régime iranien qui depuis des mois militent pour que Téhéran ne se soumette pas aux demandes pressantes de l’AIEA. Toujours est-il que la signature du protocole additionnel du TNP risque de prendre plus de temps que prévu. Certes Téhéran s’est engagé à informer par écrit l’agence onusienne de sa décision avant le 20 novembre, date à laquelle les commissaires à l’énergie atomique doivent se réunir à Vienne, mais Hassan Rohani a prévenu que la signature du protocole ne se ferait pas avant sa ratification par le parlement iranien.
Sur le plan intérieur, l’annonce par Téhéran de sa décision de coopérer avec l’AIEA apparaît sans aucun doute comme une victoire du réformiste Mohamed Khatami. Depuis plusieurs semaines, le président iranien et ses alliés ont tenté de persuader la branche dure du régime iranien des dangers d'une saisine du Conseil de sécurité. Ils peuvent désormais se targuer d’avoir sauver la république islamique de sanctions internationales ou encore d’une action militaire des Américains, présents en force dans la région. Mais la pilule risque tout de même d’être difficile à avaler pour les radicaux iraniens. Le guide suprême de la révolution, l'Ayatollah Ali Khamenei, s’est d’ailleurs muré dans un profond silence depuis l’ultimatum fixé il y a quatre semaines par l’AIEA. De nombreux observateurs relèvent toutefois que l’engagement conclu aujourd’hui à Téhéran n’aurait pas pu être possible sans son consentement. Dans ce contexte, rien ne l’empêche, puisqu’il n’a pas directement participé aux pourparlers avec les ministres européens, de faire porter la responsabilité d’un accord humiliant à ces adversaires réformistes.
Les trois ministres européens se sont d’ailleurs empressés de saluer la décision de Téhéran et tous ont parlé d’«un jour important» pour la lutte contre la prolifération, pour la stabilité dans la région et pour les relations entre l’Iran et l’Union européenne. «Nous pouvons désormais aller de l’avant et progresser dans un dialogue sérieux», s’est ainsi félicité le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, pour qui la nouvelle attitude des autorités iraniennes ne pourra que «stabiliser la région». Un point de vue partagé par le Français Dominique de Villepin qui a tenu à préciser que l’initiative européenne s’est faite «en étroite concertation avec l’AIEA, avec nos partenaires européens et avec Colin Powell et Igor Ivanov», les chefs de la diplomatie américaine et russe. «Nous avons effectué cette visite pour marquer notre plein respect pour la souveraineté de l'Iran», a pour sa part déclaré le Britannique Jack Straw. «La signature du protocole additionnel ne sape pas la souveraineté de l'Iran», a-t-il également insisté en soulignant qu’une étape avait certes été franchie mais que l’important désormais était l’application des accords décidés.
Victoire pour Khatami ?
Car si les ministres européens semblent aujourd’hui satisfaits des engagements pris par Téhéran, ils ont bien conscience que leur application ne sera pas si aisée, tant certaines résistances sont importantes au sein du pouvoir iranien. Et si Hassan Rohani, l’homme en charge du dossier nucléaire iranien, a une nouvelle fois affirmé que «les armes nucléaires n’avaient pas leur place dans la doctrine de défense de l’Iran», il s’est tout de même empressé d’affirmer que la décision de Téhéran de suspendre l’enrichissement de l’uranium n’était que temporaire. «Nous suspendons nos activités aussi longtemps que nous le jugerons nécessaire et nous reprendrons ces activités si nous le jugeons nécessaire», a-t-il insisté. Et de préciser : «cela peut être dans un jour, un an ou plus. La décision nous appartient et dépend de nos intérêts».
Ce bémol à une «coopération et à une transparence totales» n’est peut-être destiné qu’à rassurer les durs du régime iranien qui depuis des mois militent pour que Téhéran ne se soumette pas aux demandes pressantes de l’AIEA. Toujours est-il que la signature du protocole additionnel du TNP risque de prendre plus de temps que prévu. Certes Téhéran s’est engagé à informer par écrit l’agence onusienne de sa décision avant le 20 novembre, date à laquelle les commissaires à l’énergie atomique doivent se réunir à Vienne, mais Hassan Rohani a prévenu que la signature du protocole ne se ferait pas avant sa ratification par le parlement iranien.
Sur le plan intérieur, l’annonce par Téhéran de sa décision de coopérer avec l’AIEA apparaît sans aucun doute comme une victoire du réformiste Mohamed Khatami. Depuis plusieurs semaines, le président iranien et ses alliés ont tenté de persuader la branche dure du régime iranien des dangers d'une saisine du Conseil de sécurité. Ils peuvent désormais se targuer d’avoir sauver la république islamique de sanctions internationales ou encore d’une action militaire des Américains, présents en force dans la région. Mais la pilule risque tout de même d’être difficile à avaler pour les radicaux iraniens. Le guide suprême de la révolution, l'Ayatollah Ali Khamenei, s’est d’ailleurs muré dans un profond silence depuis l’ultimatum fixé il y a quatre semaines par l’AIEA. De nombreux observateurs relèvent toutefois que l’engagement conclu aujourd’hui à Téhéran n’aurait pas pu être possible sans son consentement. Dans ce contexte, rien ne l’empêche, puisqu’il n’a pas directement participé aux pourparlers avec les ministres européens, de faire porter la responsabilité d’un accord humiliant à ces adversaires réformistes.
par Mounia Daoudi
Article publié le 21/10/2003