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Nucléaire

L’Egyptien el-Baradeï reconduit à la tête de l’AIEA

Le directeur général sortant Mohamed el-Baradeï obtient un 3e mandat à la tête de l'AIEA.(Photo: AFP)
Le directeur général sortant Mohamed el-Baradeï obtient un 3e mandat à la tête de l'AIEA.
(Photo: AFP)
Bien que retardée de quelques heures pour des raisons de procédures, la réélection de Mohamed el-Baradeï à la tête de l’AIEA n’a été qu’une simple formalité. Les trente-cinq gouverneurs du Conseil de l’Agence ont en effet, à l’unanimité, décidé de reconduire à son poste et pour un troisième mandat le chef de cette organisation onusienne, devenu la bête noire de Washington en raison de son attitude hostile au déclenchement de la guerre contre le régime de Saddam Hussein.

Bien qu’accusé par l’administration Bush d’être trop conciliant avec Téhéran dans le dossier du nucléaire iranien, l’Egyptien Mohamed el-Baradeï a finalement été réélu à la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avec la voix de Washington. Les Etats-Unis ont en effet donné leur accord, en fin de semaine dernière, à la reconduction pour quatre années de l’homme avec qui ils avaient pourtant un lourd contentieux sur notamment l’Irak et l’Iran. Le diplomate onusien avait en effet à plusieurs reprises apporté des démentis vigoureux aux allégations américaines selon lesquelles Saddam Hussein avait réactivé son programme nucléaire à des fins militaires. L’histoire lui donnera d’ailleurs raison puisque l’armée américaine s’est résignée à abandonner ses recherches sur l’arsenal présumé des armes de destruction massive irakiennes qui avait pourtant justifié son entrée en guerre. Plus récemment Mohamed el-Baradeï s’était opposé au renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies où Washington entendait peser de tout son poids pour obtenir des sanctions contre le régime de Téhéran.

La reconduction à la tête de l’AIEA du diplomate égyptien, qui bénéficiait d’un large soutien des Européens et des pays en voie de développement, a été retardée de plusieurs heures en raison essentiellement d’objections de procédures soulevées par le Japon. La délégation nippone a en effet refusé dans un premier temps que l’élection du chef de l’agence onusienne figure en tête de l’ordre du jour comme le souhaitaient les autres pays membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Et ce n’est qu’après plusieurs heures de tractations que les représentants du Japon ont finalement accepté de se soumettre à ce qui n’était qu’une simple formalité. «M. el-Baradeï a été élu par consensus», à l'unanimité des 35 pays membres du Conseil des gouverneurs, a en effet déclaré en fin de journée la porte-parole de l’AIEA, Melissa Fleming. «Son élection a pris quelques secondes. C’est la chose la plus rapide qui se soit passée aujourd’hui», a-t-elle ajouté en référence aux longues heures qu’il a fallu pour convaincre la délégation japonaise. L’attitude de Tokyo ne s’explique pas autrement que par son désir de protester contre la position égyptienne lors de la conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire qui s’est tenue au mois de mai à New York. Le Caire avait en effet contribué pendant plusieurs jours à bloquer l’adoption de l’ordre du jour de cette conférence qui de l’avis de tous les observateurs a été un échec.

Coup de pouce à la voie diplomatique avec Téhéran

Le fait que Mohamed el-Baradeï ait été reconduit dans ses fonctions n’est pas pour déplaire aux Européens qui sont engagés dans des négociations épineuses avec le régime de Téhéran visant à le convaincre de renoncer à l’enrichissement de l’uranium. L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne doivent en effet, au nom de l’Union européenne, faire, d’ici la fin du mois de juillet, des propositions concrètes et détaillées de coopération pour convaincre l’Iran de maintenir la suspension de l’enrichissement pour laquelle il s’était engagé en novembre dernier à Paris avant de se rétracter. L’élection d’un autre expert à la tête de l’AIEA aurait enterré le long travail de persuasion entrepris depuis plusieurs mois auprès des responsables iraniens par le diplomate égyptien et contribué à crisper un peu plus la situation. La République islamique, une fois n’est pas coutume, avait d’ailleurs apporté un soutien appuyé à la réélection de Mohamed el-Baradeï à la tête de l’AIEA. «Nous espérons qu’il sera réélu parce qu’un consensus s’est formé autour de lui et que les Etats-Unis ont été isolés», a déclaré le week-end dernier le ministère iranien des Affaires étrangères alors que Téhéran s’était jusqu’à présent refusé de prendre ouvertement position sur cette question.

L’AIEA doit présenter cette semaine un rapport oral très attendu sur les activités nucléaires iraniennes. Alors que certains observateurs s’attendaient à un durcissement de l’agence onusienne vis-à-vis de Téhéran, Mohamed el-Baradeï a affirmé, peu après avoir été reconduit dans ses fonctions, que la République islamique «honorait ses promesses de suspension d’enrichissement de l'uranium». Visiblement ému du soutien des 35 Etats membres, le chef de l’AIEA a précisé que des progrès étaient en cours. «Nous allons indiquer au Conseil des gouverneurs que l'Iran a respecté ses engagements auprès des Européens», a-t-il précisé. Les inspecteurs de l’agence, qui enquêtent sur l’Iran depuis plus de deux ans, se sont rendus une nouvelle fois la semaine dernière sur les sites sensibles de Natanz et d’Ispahan où ils ont pu vérifier que les autorités de Téhéran avaient bien suspendu l’ensemble de leurs activités «sensibles».


par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/06/2005 Dernière mise à jour le 13/06/2005 à 22:26 TU