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Arabie Saoudite

Hommages au roi Fahd

Le roi Fahd d'Arabie Saoudite est décédé ce lundi 1er août des suites d’une longue maladie.(Photo : AFP)
Le roi Fahd d'Arabie Saoudite est décédé ce lundi 1er août des suites d’une longue maladie.
(Photo : AFP)
Quelques heures après l’annonce de la mort du roi Fahd d’Arabie Saoudite, chefs d’Etat et amis du monarque se sont empressés de faire part de leur émotion et de décréter tour à tour des deuils nationaux. Si sa mort, annoncée à plusieurs reprises ces dernières années, n’est une surprise pour personne, elle endeuille particulièrement les dirigeants du monde arabe qui voyaient en lui un leader du monde islamique, dans le royaume wahhabite qui compte deux des trois lieux saints de l’Islam. D’ores et déjà, la Ligue arabe a reporté sine die le sommet extraordinaire qui devait se tenir mercredi à Charm-el-Cheikh, pour permettre aux chefs d’Etat de se rendre aux obsèques du monarque, mardi 2 août, à Ryad.

On s’attendait à ce que la première réaction vienne du monde arabe, mais il n’en fut rien. C’est Paris qui a ouvert le bal mondial des condoléances diplomatiques. « Dans son règne, le roi Fahd fut avant tout soucieux de la sécurité de son peuple. A l'heure des périls, il fut le garant de l'intégrité de son pays et le défenseur de la stabilité régionale», a exprimé Jacques Chirac dans un communiqué. Le président français, qui se rendra mardi aux obsèques royales, a salué les « relations fortes et confiantes qui unissent la France et l'Arabie saoudite » depuis le Général de Gaulle. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a quant à lui mis en exergue l’entremise du monarque dans « le dialogue du monde arabe avec l'Occident », quand au début des années quatre-vingt, il avait initié un plan de paix éponyme, prônant la reconnaissance d'Israël. « Sa politique équilibrée et médiatrice au Proche-Orient a valu à lui-même et au royaume d'Arabie saoudite du respect et de la reconnaissance dans le monde entier ».  

Le Premier ministre britannique Tony Blair a salué la sagesse de ce « bon ami du Royaume-Uni », et rappelé les liens politiques, commerciaux et de défense ténus, tissés au fil des ans entre les deux monarchies. En Espagne, ce sont les chefs d’entreprise de la station balnéaire andalouse de Marbella qui ont présenté leurs condoléances. Le roi « Midas », comme ils le surnommaient, était devenu l’un des principaux bailleurs de fonds de l’économie locale, au gré de ses séjours et de ceux des quelque 400 personnes de son entourage.

Les Etats-Unis sont pour leur part restés peu diserts face à cette disparition. « Le décès du roi n’aura pas d’impact négatif sur nos relations avec le royaume », dans la mesure où le prince héritier Abdallah avait l’habitude de travailler avec Washington depuis une dizaine d’années. Partenaire privilégié de l’administration Bush, en matière de pétrole et de lutte contre le terrorisme, l’Arabie saoudite entretient des rapports très passionnels avec elle. Washington peine à assumer cette amitié gênante entre la famille Bush et la famille royale saoudienne, montrée du doigt par le film de Micheal Moore, «Fahrenheit 9/11». Des tensions existent toujours entre les deux pays, particulièrement depuis les attentats du 11 septembre 2001, dont les principaux auteurs étaient saoudiens. Le président Bush a néanmoins appelé le nouveau roi Abdallah pour lui présenter ses condoléances et le féliciter pour son accession au trône.  

Surenchère de deuils nationaux 

Les réactions ont été les plus vives dans le monde arabe, où le richissime Fahd a longtemps joué la carte financière pour s’imposer sur l’échiquier politique et religieux. Le sommet arabe extraordinaire initialement prévu mercredi à Charm el-Cheikh a été aussitôt reporté sine die, afin que tous les chefs d’Etat puissent se rendre aux obsèques. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa a loué « un rôle important pour la défense des intérêts et des causes du monde arabe, ainsi que pour la défense de l'islam ». Tous les dirigeants des pays musulmans ont tenu à saluer les qualités religieuses du roi. Au cours de ses 23 années de règne, le roi Fahd s’est forgé une réputation du leader du monde islamique en se proclamant notamment « Gardien des deux saintes mosquées » de La Mecque et de Médine, en 1986. Un titre que conserve son successeur et demi-frère de 82 ans, le prince héritier Abdallah Ben Abdel Aziz.  

De nombreux dirigeants arabes, dont les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG ), ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils se déplaceront à Ryad, mardi, pour assister en personne aux obsèques du roi, comme les présidents algérien, égyptien et palestinien. Le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a notamment salué en Fahd un « ami du peuple palestinien ». «Sa mort est une perte pour des millions d'Arabes et de musulmans dans le monde », a quant à lui déclaré le Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï. Au Caire, Hosni Moubarak a estimé que « l'Histoire se rappellera des grandioses et multiples réalisations qu'il a faites pour le service des lieux saints, de son peuple et de sa patrie, ainsi que pour la défense des causes de la nation». Le parti chiite Hezbollah a rappelé son rôle dans la fin du conflit libanais, en 1989. « Tous les Libanais se souviendront de sa contribution et de ses efforts pour aboutir à l'accord de Taef ». Outre les condoléances, les chefs d’Etat se sont lancé dans une surenchère de deuils nationaux, allant de trois jours en Algérie et en Irak, à quarante jours en Jordanie, en passant par une semaine pour le Pakistan, allié financier du royaume wahhabite. 

Le président afghan Hamid Karzaï a salué son «soutien indéfectible (…) durant les années de jihad contre les Soviétiques », quand l'Arabie saoudite était l’un des principaux bailleurs de fonds de la résistance à l'occupation soviétique. Dans ce concert de réactions, une seule manquera néanmoins à l’appel : celle des ennemis jurés du défunt, les membres du réseau terroriste al-Qaïda. Depuis le rapprochement militaire, économique et diplomatique avec les Etats-Unis, à l’occasion de la première guerre d’Irak, l’Arabie saoudite de Fahd s’est attiré la colère des fondamentalistes les plus durs, au rang desquels figure toujours Oussama ben Laden.

 

par Julie  Connan

Article publié le 01/08/2005 Dernière mise à jour le 01/08/2005 à 18:02 TU

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Olivier Da Lage

Journaliste à RFI, spécialiste de l'Arabie Saoudite

«L’Arabie Saoudite est une monarchie absolue mais le roi n’est pas un monarque absolu, c’est à dire qu’il doit régner par consensus…»

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