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Suez s’offre l’électricien belge Electrabel

Gérard Mestrallet, lors de sa conférence de presse le 9 août.Photo : AFP
Gérard Mestrallet, lors de sa conférence de presse le 9 août.
Photo : AFP
Le groupe français d'énergie Suez a lancé, mardi 9 août, une offre d’achat de 11,2 milliards d’euros sur Electrabel, premier producteur d'électricité en Belgique. Cette opération permettra, selon Suez, de favoriser la création d'un pôle européen fort dans l'énergie basé à Bruxelles. Bien accueillie par les marchés boursiers, l’annonce a suscité une vive inquiétude du côté des pouvoirs publics belges où les réticences sont nombreuses.

Le groupe français d’énergie Suez a lancé, mardi, une offre publique d’achat (OPA) sur les 49,9% du capital de sa filiale énergétique belge Electrabel qu’il ne détient pas encore. En chiffres, le montant de l’opération s’établit à 11,2 milliards d’euros. Pour chaque action Electrabel, Suez proposera 322 euros en numéraire et 4 actions Suez, soit l’équivalent de 410 euros par titre.

L’offre est maintenant sur les rails. Quid du calendrier de l’opération ? Un premier conseil d’administration d’Electrabel aura lieu jeudi. Un second devrait être prévu dans la foulée pour émettre un avis sur l’offre et recommander ou non aux actionnaires minoritaires d’apporter leurs titres à l’offrant. Suez espère que l’opération sera bouclée d’ici octobre prochain. L’annonce a été bien accueillie, mardi, sur les marchés boursiers. Suez qui a d’ores et déjà annoncé le principe d’une augmentation de capital d’environ 2,5 milliards d’euros dans un délai de douze mois, affichait plus 7% à la clôture à Paris et Electrabel plus 6, 7% à Bruxelles.

Le statut de société européenne

En attendant, les pouvoirs publics manifestent une vive inquiétude devant cette annonce d’OPA. A commencer par le ministre wallon de l’Energie, André Antoine qui a indiqué que «le gouvernement belge se montrerait attentif au maintient de l’activité industrielle dans la région, qu’il s’agisse de la production comme de l’entretien du réseau». De manière virulente, le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, est également monté au créneau. «Pour la Belgique, la production et la distribution d’électricité sont bien plus stratégiques que fabriquer des yaourts», a-t-il déclaré en référence à la mobilisation des pouvoirs publics français face aux rumeurs de reprise de Danone par l’Américain Pepsico.

L’ensemble de la classe politique belge partage la même inquiétude. Le Parti socialiste demande «des assurances que les intérêts nationaux soient préservés» et les Verts de «véritables garanties pour le consommateur». La presse belge s’en est largement fait l’écho . «Electrabel ou l’énergie belge sous pavillon français», titre La Libre Belgique. Même tonalité pour Le Soir qui écrit «Electrabel, une prise française». Car une nouvelle fois, le royaume de Belgique perd une entreprise à succès. En 1998, Suez prend le contrôle de la Société Générale de Belgique. Quelques années plus tard, le groupe français met la main sur Tractebel, maison mère d’Electrabel. Toujours dans le domaine de l’énergie, l’électricien SPE a été repris par le Français GDF.

Par avance, Suez a fait savoir aux pouvoirs publics que la nouvelle entité resterait franco-belge. Gérard Mestrallet, le patron du groupe, a rappelé son engagement auprès du gouvernement de faire de Suez-Electrabel «un grand groupe franco-belge leader en Europe dans les secteurs porteurs de l’énergie (à hauteur de 75%) et de l’environnement (25%)». Il a affirmé également sa volonté de renforcer «le dialogue avec les autorités belges sur des sujets importants tels que l’approvisionnement énergétique et la politique nucléaire». A terme, la nouvelle entité devrait adopter le statut juridique de société européenne. La direction du pôle Energie devrait être basée à Bruxelles.

L’acquisition d’Electrabel devrait permettre au groupe Suez de conforter sa position dans l’énergie en prévision de l’ouverture totale du marché le 1er juillet 2007, et de se classer au quatrième rang des énergéticiens en Europe derrière les Allemands E.ON et RWE et le Français EDF. Le nouvel ensemble devrait investir dans de nouvelles capacités de productions, et notamment dans le nucléaire. Le groupe Suez envisage notamment de participer au programme EPR (réacteur nucléaire de troisième génération) d’ici à 2015.


par Myriam  Berber

Article publié le 10/08/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 17:09 TU

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Christian de Boissieu

Président du Conseil d'analyse économique.

«La question de concurrence et de compétitivité est une question mondiale. Le problème pour nous en Europe est d’avoir des entreprises européennes capables de rivaliser avec les plus grosses américaines, japonaises, etc.»

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