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Cuba/Etats-Unis

Cinq espions vont être rejugés

Un poster représentant les 5 espions, est accroché sur la Tribune anti-impérialiste de La Havane, aménagée lors des mobilisations pour le retour du petit Elian Gonzalez.(Photo: José Goitia)
Un poster représentant les 5 espions, est accroché sur la Tribune anti-impérialiste de La Havane, aménagée lors des mobilisations pour le retour du petit Elian Gonzalez.
(Photo: José Goitia)
Cinq Cubains condamnés à de lourdes peines aux Etats-Unis pour espionnage vont être rejugés. C’est la cour d’appel d’Atlanta qui vient d’invalider leur procès, tenu à Miami en 2001, pour cause de contexte peu propice à l’impartialité et à la justice. Dès l’annonce de la possible révision du jugement, La Havane a exprimé sa satisfaction : depuis quatre ans, le sort de ces cinq Cubains était au centre d’une grande campagne nationale et internationale.

De notre correspondante à La Havane

«¡ Volverán !» (Ils reviendront !). Depuis l’été 2001, cette exhortation est devenue l’un des slogans de la révolution castriste, repris lors de la plupart des discours officiels au même titre que le fameux «Patria o Muerte», ou «Venceremos». A côté de la levée de l’embargo américain contre Cuba, la bataille pour «les Cinq», comme les appellent familièrement les Cubains, est devenue l’une des revendications principales du gouvernement de Fidel Castro. Dans l’île, la terminologie officielle les désigne comme les «Cinq héros prisonniers de l’empire». Dans toutes les villes cubaines, on peut les voir sur des affiches, ou sur de grandes peintures murales représentant une étoile à cinq branches - celle du drapeau cubain - avec leurs portraits au bout de chacune des branches. Les hôtels et les musées ont également leur documentation sur le sujet, en plusieurs langues, à destination des touristes. Quant à leurs familles, qui font l’objet de reportages fréquents à la télévision ou dans les journaux, elles sont invitées au premier rang lors des meetings politiques ou des grandes manifestations, aux côtés de Fidel Castro. 

Face à cette mobilisation omniprésente, la réaction des autorités cubaines à l’annonce, mardi, de la possible révision de leur procès a été immédiate : la télévision a diffusé des images des mères et des épouses des cinq Cubains, célébrant en pleurs cette «bonne nouvelle» depuis le Festival de la jeunesse au Vénézuela, où elles étaient allées parler d’eux. Le président de l’Assemblée Nationale cubaine, Ricardo Alarcón, particulièrement lié à la campagne pour la libération des Cinq, a aussitôt salué une «victoire contre les hypocrites qui réalisent une soi-disant guerre contre le terrorisme, tout en protégeant les terroristes».

Infiltrer les groupes anti-castristes de Miami

Cette contre-attaque de Ricardo Alarcón vise directement le gouvernement américain. Pour Cuba, Washington ne fait rien contre les groupes anti-castristes de Floride, qui prônent le recours à la  violence pour renverser Fidel Castro. Or la mission des cinq condamnés, selon le gouvernement cubain, était justement d’infiltrer ces groupes d’exilés afin de frustrer leurs projets terroristes, et non d’espionner le gouvernement américain. Ils étaient dix lors de leur arrestation en Floride, en septembre 1998. Rapidement, cinq d’entre eux ont choisi de collaborer avec la justice américaine, en échange d’une réduction de leur peine. Les cinq autres ont été condamnés en juin 2001 pour espionnage et conspiration.

Des condamnations très lourdes : la perpétuité pour Gerardo Hernández, Ramón Labañino, et Antonio Guerrero, et 15 et 19 ans de prison pour René González et Fernando González. Depuis, leurs avocats et le gouvernement cubain réclamaient une révision du procès. Une demande que vient d’avaliser la cour d’appel d’Atlanta. Sa décision fait suite à un rapport des Nations unies, le mois dernier, qui estimait aussi que les cinq Cubains n’avaient pas eu droit à un procès équitable. Le fait d’être jugés à Miami, au cœur de la communauté cubano-américaine très anti-castriste et très mobilisée - quelques mois avant leur procès, Elián Gonzalez, un enfant «balsero» dont la mère était morte pendant la traversée en radeau vers le Floride, avait été rendu à son père, à Cuba, malgré l’opposition générale en Floride-, rendait les pressions trop fortes sur les jurés pour garantir l’impartialité de leur verdict. C’est donc vraisemblablement dans une autre localité de Floride qu’aura lieu le prochain jugement des cinq Cubains, espions pour les uns, héros pour les autres.

par Sara  Roumette

Article publié le 11/08/2005 Dernière mise à jour le 11/08/2005 à 12:10 TU