Sri Lanka
Election présidentielle avant la fin de l'année
(Photo: AFP)
En 1999, la présidente vient d'être réélue, une année avant que son mandat n'arrive à terme. Victime d'un attentat commis par la guérilla séparatiste tamoule, elle souhaite montrer au peuple sri lankais sa détermination à gouverner. Elle organise des élections anticipées et entame ainsi son deuxième mandat. Or, la présidente fait valoir que la première année de son second mandat devrait compter pour le premier. Argumentation ubuesque pour les membres de l'opposition. L'affaire est alors portée devant les juridictions compétentes. La décision de vendredi ne laisse plus aucune alternative à l'actuelle présidente. Elle doit se plier à la décision et provoquer des élections entre le 22 octobre et le 22 novembre 2005, comme l'exige la constitution.
Secret de polichinelle
Le pays semble avoir largement anticipé cette décision. Depuis plusieurs semaines, l'ambiance a toutes les caractéristiques d'une campagne présidentielle. En juillet, le principal parti d'opposition, L'UNP rassemble près d'un million de personnes dans les rues de Colombo. Objectif: mettre la pression sur l'actuel gouvernement et provoquer des élections en 2005. Début août, l'actuel Premier ministre du gouvernement, Mahinda Rajapaksa déclare officiellement sa candidature. Les affiches politiques envahissent les villes et même les villages les plus reculés sont recouverts de souriants politiciens.
Quant aux médias, les radios publient des sondages et les télévisions consacrent de plus de plus de programmes aux émissions politiques. En coulisses, les partis discutent alliances et ententes. Le parti bouddhiste ne souhaite pas diviser la majorité cinghalaise. Il hésite encore à présenter un candidat. Le JVP, parti marxiste-léniniste, négocie ses voix avec le parti de l'actuelle présidente. Harshaka, étudiant, prévoit que «la course va être très serrée, personne ne peut prévoir qui va gagner les élections.»
Climat difficile
Diplomates et analystes s'accordent à dire que la dernière chose dont le Sri Lanka ait besoin en ce moment, ce sont bien des élections ! Les relations entre le gouvernement et le LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) sont les pires depuis la signature des accords de cessez-le-feu en 2002. Régulièrement de nombreux incidents émaillent le processus de paix, déjà dans l'impasse depuis avril 2003. Dernièrement, l'assassinat du ministre des Affaires étrangères a accentué la tension entre les autorités et les Tigres tamouls. De plus, le pays est toujours en état d'urgence et les deux formations viennent à peine de se mettre d'accord pour réexaminer les accords de cessez-le-feu sous l'égide des intermédiaires norvégiens.
Quant aux victimes du tsunami, elles sont toujours dépendantes de la bureaucratie gouvernementale. Mi-juillet la cour de justice avait bloqué l'accord signé entre les deux formations concernant le partage de l'aide internationale. Elle doit toujours confirmer ou infirmer sa décision. Depuis la catastrophe de Noël dernier, trois milliards de dollars ont été promis par la communauté internationale. Huit mois après le raz-de-marée, les rescapés vivent encore sous des tentes ou des abris précaires. «Déjà que les victimes sont de moins en moins au centre des préoccupations, les élections ne vont rien arranger! On ne change pas un capitaine pendant que le bateau dérive», dit un responsable d'une association d'aide humanitaire sous couvert de l'anonymat.
A l'heure où le spectre de la guerre civile hante les esprits, où le pays est en pleine reconstruction post-tsunami, la plupart des Sri-lankais craint un gel des décisions jusqu'en novembre. C'est à cette date que devrait avoir lieu le futur scrutin présidentiel.
par Mouhssine Ennaimi
Article publié le 26/08/2005 Dernière mise à jour le 26/08/2005 à 16:54 TU