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Irak

Bousculade mortelle à Bagdad

La très grande majorité des victimes ont péri noyées, piétinées ou étouffées. Parmi elles, de nombreux femmes et enfants.(Photo: AFP)
La très grande majorité des victimes ont péri noyées, piétinées ou étouffées. Parmi elles, de nombreux femmes et enfants.
(Photo: AFP)
Un pèlerinage a tourné au drame en Irak. La rumeur sur la présence de kamikazes dans une foule de fidèles chiites qui se rendait vers le nord de Bagdad a provoqué, mercredi 31 août, une gigantesque bousculade sur un pont au-dessus du Tigre. Un dernier bilan encore provisoire fait état de 816 morts et 323 blessés, la plupart par noyade. Trois jours de deuil national ont été décrétés par le Premier ministre Ibrahim Jaafari.

Ils étaient des milliers de pèlerins chiites à se rendre à la mosquée de Kazimia, située dans un vieux quartier nord de Bagdad, pour commémorer la mort de l’un de leurs martyrs, l’imam Moussa al-Kazim. Tous traversaient le pont al Aïmah en route vers le mausolée de l’imam quand une rumeur a commencé à circuler parmi la foule. Deux kamikazes seraient sur le pont, prêts à se faire exploser. La rumeur déclenche alors un immense mouvement de panique. La barrière de sécurité du pont cède alors sous la poussée de la foule en proie à la peur. Plusieurs centaines de personnes ont plongé dans le Tigre et se sont noyées. Plusieurs autres ont péri étouffées ou piétinées.

Le dernier bilan avancé par les forces de sécurité fait état de 816 morts et 323 blessés la plupart par noyade. Les victimes ont été acheminées vers les cinq grands hôpitaux de la capitale (la Cité médicale du Centre, Noomane, Adnane, Kindi et Khark). Avec parfois des difficultés, des témoins ont rapporté, en effet, que les rues étroites conduisant à la mosquée ont compliqué l’accès des services de secours.

Polémique sur les responsabilités

Le Premier ministre Ibrahim Jaafari qui a présenté ses condoléances aux familles des victimes, a immédiatement décrété trois jours de deuil national dans le pays. Il s’agit en effet de la journée la plus sanglante en Irak depuis l’entrée des troupes étrangères dans le pays en mars 2003. Un peu plus tôt dans la journée, différents tirs de mortier ont été tirés près du mausolée de l’imam al-Kazim où de nombreuses processions de fidèles chiites se déroulaient. Ces attaques au mortier ont tué 7 personnes et blessé 35 autres. Peu après les faits, l'armée américaine a annoncé avoir arrêté une douzaine de suspects. Cette commémoration religieuse avait été pourtant entourée d’importantes mesures de sécurité de craintes d’une attaque contre les fidèles.

Alors que des imams sunnites invoquaient le «destin» et la «fatalité», des responsables chiites ont affirmé que la rumeur avait été lancé délibérément pour provoquer la panique. Choqué et en colère, le ministre de la Santé, proche de la mouvance du chef radical chiite Moqtada Sadr, a publiquement appelé mercredi à la démission de ses homologues de l'Intérieur et de la Défense, les rendant responsables de la bousculade mortelle de Bagdad. «Je rends mes homologues de l'Intérieur et de la Défense responsables de ce qui s'est passé aujourd'hui. Je leur demande donc soit d'assumer leur entière responsabilité, soit de démissionner», a déclaré Abdel Mouttaleb Mohammed Ali. La réponse du ministre de la Défense ne s’est pas fait attendre. Dans une intervention à la télévision irakienne, le sunnite Saadoun al-Doulaimi a indiqué que «le mouvement de panique n'avait pas pour origine les tensions religieuses, seules les 7 personnes tuées lors des attaques armées l’avaient été par des terroristes».


par Myriam  Berber

Article publié le 31/08/2005 Dernière mise à jour le 31/08/2005 à 17:47 TU

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Kamal Taha

Journaliste irakien

«Les gens voulaient se sauver, voulaient courir mais ils ne pouvaient pas.»

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