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Sri-Lanka

Présidentielle: ententes et alliances

Le leader du Parti communiste, conscient de son poids, soutient la candidature du Premier ministre mais à certaines conditions.(Photo: AFP)
Le leader du Parti communiste, conscient de son poids, soutient la candidature du Premier ministre mais à certaines conditions.
(Photo: AFP)
Moins de trois mois après avoir claqué la porte du gouvernement, le JVP, Parti communiste annonce qu'il soutient la candidature du Premier ministre candidat Mahinda Rajapakse. Cette alliance marque un moment décisif dans la course aux élections présidentielles prévue entre le 22 octobre et le 21 novembre prochains.

De notre correspondant à Colombo

«Nous sommes d'accord pour soutenir la candidature du Premier ministre candidat Mahinda Rajapakse pour la course aux élections présidentielles» annonce Somawansa Amarasinghe, leader du parti marxiste-léniniste. «Nous allons signer un accord sur douze points dans cinq ou six jours.» Le Parti communiste, conscient de son influence, tient à négocier ses voix. Soit le candidat pour l'élection présidentielle accepte les douze conditions du JVP soit le Parti communiste présente son propre candidat. Or, parmi les douze points de l'accord, trois risquent incontestablement de peser lourd sur l'avenir du pays.

Premier point, l'accord de gestion de partage de l'aide internationale (P-TOMS). Peu après le tsunami du 26 décembre dernier, la communauté internationale a promis une aide aux victimes de plus de 3 milliards de dollars. Or cette aide est soumise à conditions. Le nord-est de l'île, contrôlé par la guérilla séparatiste, est fortement touchée par le raz-de-marée. La communauté internationale exige que l'aide soit partagée entre le gouvernement et les Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE). Apres six mois de négociations quasi secrètes, le gouvernement et les rebelles s'entendent sur le partage de la manne internationale. Pour le JVP, cet accord menace la souveraineté et l'unité du pays. Il signe également la victoire politique du LTTE. Si l'actuel chef du gouvernement gagne les élections, il s'engage à supprimer cet accord et à créer un nouveau programme. C'est une mauvaise nouvelle pour les rescapés du tsunami. Beaucoup vivent encore sous des tentes ou dans des abris temporaires. Ils n'auront d'autre choix que de patienter avant de pouvoir bénéficier de l'élan de générosité sans précédent des donateurs compatissants.

Second point, l'accord de cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et la guérilla séparatiste tamoule. Signé en février 2002 et dans l'impasse depuis avril 2003, le Parti communiste propose de revoir l'accord en profondeur après les élections présidentielles. Or, ni le Parti nationaliste radical ni le LTTE ne semblent être en mesure de faire des concessions. Les deux parties entretiennent une guerre intestine.

Troisième point, le rôle des intermédiaires de paix norvégiens. Taxés de complaisance et de partialité avec la rébellion tamoule, les Norvégiens sont de plus en plus poussés vers la porte de sortie. Aucun nouvel arbitre n'est prévu dans l'accord signé entre le JVP et Mahinda Rajapakse.

Alliance clé

Aucun institut de sondage n'a livré de pronostics pour le moment. Cependant, le chef du gouvernement est conscient que sa victoire dépend du soutien du parti marxiste-léniniste et des voix nationalistes du JHU, le parti des moines bouddhistes. Les moines bouddhistes ne souhaitant pas diviser l'électorat cinghalais risquent probablement de soutenir la candidature du Premier ministre. Grâce à cette coalition plurielle, Mahinda Rajapakse espère remporter les élections face à son rival Ranil Wicremesinghe. De son côté le leader du parti de l'opposition (UNP), affiche la carte libérale et promet de faire prospérer le pays miné par près de 30 ans de guerre ethnique. En cas de victoire, le leader de l'UNP propose un gouvernement d'union national ainsi qu'un plan sur 15 ans. Selon lui, il est impératif que le pays ait une stabilité gouvernementale pour se redresser. Conscient du rôle que la présidente peut jouer dans la résolution du conflit ethnique, il l'invite également à occuper une position de choix dans son futur gouvernement.


par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 06/09/2005 Dernière mise à jour le 06/09/2005 à 12:39 TU