Proche-Orient
Paris accompagne le mouvement
(Photo: AFP)
Avec le départ des Israéliens, la bande de Gaza est aujourd’hui un territoire à conquérir pour l’Autorité palestinienne. Bientôt face à ses responsabilités politiques, avec le retrait attendu des derniers soldats israéliens à la mi-septembre, et le rétablissement de son contrôle sur l’ensemble du territoire, celle-ci va devoir résoudre l’équation de «la souveraineté par la sécurité grâce au développement». Or il est généralement admis que le premier terme de l’équation (la souveraineté) est étroitement lié à l’instauration du deuxième (la sécurité), lui-même déterminé par le troisième (le développement). En résumé, pour ce territoire de 378 km2, où s’entassent 1,4 million d’habitants, personne n’a mieux à proposer, après 38 ans d’occupation militaire et à défaut d’un règlement politique, que la construction d’une infrastructure digne de ce nom et l’accès pour tous à des services minimums.
En dépit des appels pressants à la reprise de négociations politiques, sur la base de la Feuille de route, la proclamation de l’Etat palestinien demeure une perspective fragile et incertaine et ne doit pas constituer un préalable pour entamer les travaux. C’est le discours en circulation ces dernières semaines, au cours desquelles de nombreuses voix se sont fait entendre pour hâter le début du chantier. C’est exactement ce dont les autorités françaises se font l’écho, au diapason du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Onu) : l’urgence est à la mise en œuvre des projets identifiés pour donner une perspective économique à Gaza suite au désengagement israélien. C’est la thèse plaidée par le représentant du Quartet, James Wolfensohn qui, début septembre, préconisait la mise en œuvre d’un plan, principalement axé sur la circulation des biens et des personnes, destiné à garantir la reconstruction et le développement économique de la bande de Gaza.
La bonne réputation de la France
La mission du ministre français des Affaires étrangères s’inscrit dans cette perspective. Philippe Douste-Blazy est allé à la rencontre de la direction palestinienne, porteur du message de la disponibilité de la France à contribuer à l’élaboration de projets vitaux tels que l’épuration des eaux usées ou la construction du port de Gaza. Arrivé au moment où l’Autorité palestinienne déplore l’assassinat de Moussa Arafat, le conseiller militaire du président palestinien, M. Douste-Blazy a souligné la nécessité de mettre en place un Etat de droit respecté, condition sine qua non, selon lui, à la poursuite du désengagement israélien. Il a donc également rappelé la volonté de Paris d’aider, dans le cadre de l’Union européenne, à la formation de cadres de police et de Justice.
En raison de son souci de maintenir une politique équilibrée dans la région, et d’un certain nombre d’engagements pris en faveur de la direction palestinienne au cours de ces dernières années, la France jouit en Palestine d’une assez bonne réputation. Paris ne néglige évidemment pas le versant politique du dossier, indissociable d’un règlement durable du conflit. M. Douste-Blazy a d’ailleurs réaffirmé lors de sa visite à Gaza que «les territoires de la bande de Gaza et de Cisjordanie, dont Jerusalem-Est, sont pour la France indissociables». «C’est l’assise du territoire palestinien», a-t-il ajouté.
Tir groupé
L’offensive diplomatique française n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un contexte aussi propice que global. La visite du chef de la diplomatie française à Gaza survient notamment au lendemain de celle de son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos qui, dans le même registre, a assuré ses hôtes de la volonté de Madrid, comme l’avait fait fin août le Haut représentant pour la politique extérieure de l’Union européenne, Javier Solana, d’aider l’Autorité palestinienne «à bâtir une économie et une société civique».
«Le président de l’Autorité palestinienne a accepté une invitation qui lui a été transmise par le ministre des Affaires étrangères pour visiter la France, le président Chirac, le plus rapidement possible», a déclaré le vice-Premier ministre Nabil Chaath à l’issue de la visite. Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères est attendu en Israël où il s’entretiendra avec les autorités de la perspective de reprise des négociations pour un règlement politique du conflit, alors que les relations entre la France et Israël connaissent, depuis quelques mois (et notamment depuis la visite du Premier ministre Ariel Sharon à Paris au mois de juillet) une très nette embellie après avoir traversé une longue et forte zone de turbulences.
par Georges Abou
Article publié le 07/09/2005 Dernière mise à jour le 07/09/2005 à 17:33 TU