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Proche-Orient

Attentat suicide à Beersheva

La police israélienne collecte des indices après l'attentat suicide d'un Palestinien dans la ville de Beersheva.(Photo: AFP)
La police israélienne collecte des indices après l'attentat suicide d'un Palestinien dans la ville de Beersheva.
(Photo: AFP)
Pour la première fois depuis l’évacuation des colons juifs de la bande de Gaza, un attentat suicide a frappé Israël. Un kamikaze s’est fait exploser dimanche 28 août à l’entrée de la gare routière de Beersheva. Cinq personnes ont été blessées dont deux grièvement. Cet acte terroriste a été immédiatement condamné par les autorités palestiniennes. Après une période d’accalmie durant l’évacuation de Gaza, la tension remonte entre Israéliens et Palestiniens.

Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd. Si l’explosion provoquée par le kamikaze n’a pas fait plus de victimes, c’est vraisemblablement parce qu’il a été repéré par le chauffeur d’un bus dans lequel il avait l’intention de monter, avant de déclencher son engin. Poursuivi, il s’est fait sauter lorsqu’il allait être interpellé.

Cette attaque terroriste, revendiquée par les Brigades des martyrs d'al-Aqsa liées au Fatah et les Brigades al-Qods du Jihad islamique, fait suite à une intervention de l’armée israélienne, le 24 août, au cours de laquelle cinq activistes palestiniens, dont un cadre du Jihad islamique, ont été tués à Tulkarem en Cisjordanie. Le dernier attentat suicide en Israël avait eu lieu le 12 juillet à Netanya et avait fait cinq victimes. Il avait été revendiqué par le Jihad islamique. Tout comme le précédent, perpétré le 25 février dans une discothèque de Tel-Aviv, qui avait provoqué la mort de cinq autres personnes. L’attaque de Beersheva porte donc à trois le nombre d’attentats suicides menés depuis le Sommet de Charm el-Cheikh, en février, où Israéliens et Palestiniens avaient décrété l’arrêt des violences.

«L’Autorité palestinienne a le devoir de démanteler les groupes terroristes»

Les Israéliens ont immédiatement pointé la responsabilité de l’Autorité palestinienne dans la persistance du terrorisme contre leur pays. Le ministre de la Sécurité intérieure, Gideon Ezra, qui s’est rendu sur les lieux de l’attentat, a insisté sur le fait que «l’Autorité palestinienne a le devoir de démanteler les groupes terroristes». Il a aussi fait part de sa préoccupation en déclarant : «Je pense et j’espère que cet attentat ne marque pas le début d’une vague terroriste». Le porte-parole du gouvernement, Avi Pazner, a quant à lui insisté sur les conséquences potentielles d’une résurgence de la violence aveugle en estimant que sans «mesures fermes» de l’Autorité palestinienne pour contraindre les groupes radicaux à cesser leurs activités meurtrières «tout le processus de paix serait en danger».

Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a dès l’annonce de l’attentat condamné fermement cet «acte de terrorisme». Mais son engagement contre la violence n’a pas convaincu les extrémistes palestiniens de privilégier la négociation politique et de renoncer aux armes. La veille de l’attentat de Beersheva, un homme se présentant comme Mohammed Deif, un des chefs des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, a d’ailleurs coupé court aux espoirs dans ce domaine. Dans un message vidéo mis en ligne sur internet, il appelle les Palestiniens à poursuivre la lutte et promet «l’enfer» aux Israéliens. Et en réponse à une demande formulée par Mahmoud Abbas, il rejette tout net un éventuel désarmement du Hamas.

Le problème de la Cisjordanie

C’est dans ce contexte tendu qu’a eu lieu, pour la première fois, une réunion du cabinet palestinien à Abou Diss. Cette localité se trouve dans une zone de Cisjordanie administrée par les Palestiniens très proche de Jérusalem-est. La décision d’y tenir une réunion gouvernementale vise à marquer l’opposition des Palestiniens à la politique poursuivie par Israël dans cette zone. Le gouvernement de Tel-Aviv a, en effet, relancé son programme de construction autour de la colonie de Maalé Adoumim d’un mur de séparation qui, pour le Premier ministre Ahmed Qoreï, aboutirait à enfermer les 220 000 Palestiniens qui vivent à Jérusalem dans des «ghettos». Une situation jugée inadmissible.

Si les positions se tendent de plus en plus à propos de la Cisjordanie, le processus lié à l’évacuation des colons juifs de Gaza se poursuit tant bien que mal. Le gouvernement israélien a annoncé à l’issue de sa réunion hebdomadaire que l’accord conclu avec l’Egypte concernant le déploiement de garde-frontières égyptiens dans cette zone avait été approuvé et doit être maintenant présenté au Parlement. Il prévoit que 750 Egyptiens équipés d’armes légères prennent position le long de la frontière entre leur pays et la bande de Gaza, de manière à ce que l’armée israélienne puisse se retirer de cette zone. Reste à régler le problème des points de passage entre l’Egypte et la bande de Gaza sur lequel aucune entente n’a été possible pour le moment.


par Valérie  Gas

Article publié le 28/08/2005 Dernière mise à jour le 28/08/2005 à 19:32 TU